Oust à Brocéliande

Publié le 4 mars 2023

OBC. Les enjeux de la centrale photovoltaïque de Sérent

La communauté de communes de l’OBC accélère sa transition énergétique. Elle vient de mettre en service une centrale photovoltaïque qui alimente à la fois trois de ses équipements (pépinière d’entreprise, décheterie, cuve d’eaux usées) du parc d’activité du Gros Chêne à Sérent mais aussi trois particuliers et trois entreprises. Il faut cependant être clair: les 40 700 kWh produit par le tracker ne couvriront pas la totalité des besoins de ces clients, devenus des consom’acteurs. Mais la mise en service de cet équipement est symboliquement important puisqu’il marque la volonté de contribuer à l’utilisation d’une énergie de plus en plus décarbonée. C’est surtout une phase expérimentale qui va être suivie par des projets beaucoup plus importants.

Autoconsommation collective

C’est en tous cas la volonté affirmée par Morbihan Energies, le syndicat intercommunal présidé par Jo Brohan qui multiplie les initiatives innovantes en matière d’énergies nouvelles. C’est grâce à son aide technique et financières que le projet de Sérent a pu voir le jour. C’est l’un des 14 projets du programme Partag’élec de Morbihan Énergies, Autorité Organisatrice de Distribution de l’Electricité dans le département, dont l’objectif est de produire et distribuer de l’électricité en circuit court. Au total, ces 14 projets représentent un investissement de 1,4 million d’euros financés à 50% par des fonds européens via la région Bretagne, le reste étant pris en charge par Morbihan Energies. L’installation de Sérent a coûté 53 638 euros financés par Morbihan Energies avec une participation de 40% de l’Europe. Il s’agit d’un tracker, un panneau solaire géant qui suit la trajectoire du soleil ce qui optimise son rendement. Il s’agit d’un équipement que l’on voit de plus en plus fréquemment dans les exploitations agricoles.

Morbihan Energies a été l’un des pionniers de l’autoconsommation collective, un dispositif législatif qui autorise la vente directe, sur le réseau basse tension, dans un rayon de 2 km, après désignation d’une personne morale organisatrice (PMO), d’électricité verte.
Ce système flexible de distribution énergétique permet d’associer fournisseur extérieur et fournisseur local. La puissance cumulée de telles unités de production ne pouvant couvrir la totalité des besoins des participants, ceux-ci conservent leur vendeur attitré et il n’y a aucune modification à prévoir sur leur installation.

La principal avantage de ce procédé, c’est qu’il permet à ses utilisateurs de maitriser le coût de leurs dépenses énergétiques puisque seul l’investissement de départ est à amortir. Dans le cas de Sérent, les consom’acteurs bénéficient d’un prix du kWh à 0,064 euros HT sur 20 ans.

Une course contre la montre énergétique

« Peu utilisée jusqu’à présent, l’autoconsommation collective peut devenir dans le contexte actuel de crise énergétique un modèle économique intéressant dans la mesure où une partie de la facture d’électricité se trouve ainsi sécurisée », souligne Jo Brohan. Mais pour le président de Morbihan Energies venu inaugurer jeudi la centrale solaire de Sérent, en compagnie de Yves Hutter, maire de Sérent mais surtout vice-président de l’OBC en charge du climat, ces 14 projets ne sont que le début d’un projet beaucoup plus ambitieux. « Grâce à cette 1ère phase, nous avons acquis une certaine expertise. maintenant on sait faire », analyse Jo Brohan dont les services se préparent à répondre à un nouvel appel d’offre de la Région dont l’objectif est de densifier ce réseau d’installations. Cette fois, il s’agira de réaliser des centrales beaucoup plus importantes « cela va devenir rentable. Il faut que la France retrouve son indépendance énergétique », insiste le président du syndicat.

Ce futur programme intégrera différentes solutions dont les ombrières ou des centrales de plus grande capacité. L’enjeu est majeur pour les collectivités locales du Morbihan adhérentes à Morbihan Energies qui, grâce à l’achat groupé d’électricité mené par ce ce syndicat échappent cette année à la flambée des prix (lire notre dossier en cliquant ici). Mais le contrat arrive à son terme à la fin de l’année. Les nouvelles négociations qui vont s’engager devraient, quoi qu’il arrive, se traduire par une forte hausse des prix.

Pour Jo Brohan, la seule solution pour faire face à cette évolution inexorable et d’arriver à stabiliser les prix est de réduire la consommation et d’augmenter au maximum la production locale d’électricité. D’ores et déjà, Morbihan Energies a mis en place un programme permettant aux communes de changer leurs anciennes ampoules gourmandes contre de très sobres LED, ou bien encore de gérer la durée de leur éclairage public.

C’est un peu une course contre la montre qui est engagée dont l’issue aura des conséquences sur les futurs budgets de nos collectivités et donc… nos impôts!