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Oust à Brocéliande

Publié le 26 décembre 2022

Carentoir. Leur projet d’éco-construction est plombé par la crise économique

La crise économique et financière qui secoue la planète depuis des mois a des conséquences inattendues. Deux jeunes couples de Carentoir en font l’amère expérience. Ils sont venus de la région lyonnaise pour s’installer à Carentoir en réalisant un vrai projet de vie éco-responsable. L’idée du jeune couple est de construire une maison en paille et en bois

« Notre projet dure depuis 2020, date à laquelle nous sommes arrivés sur Carentoir. J’ai acheté avec ma conjointe le terrain sur lequel construire, à l’origine pour notre famille. Puis j’ai écouté les podcast du réseau « Oasis/Colibris », sur les ecolieux et habitats groupés. J’ai tout de suite compris que c’était la chose à faire pour notre avenir en tant qu’humain de cette planète : mutualiser et être le plus autonome en énergie et en nourriture », raconte Axel. Du coup, le projet individuel devient collectif. « J’ai donc fait venir nos amis afin de bâtir ce lieu, bien sur avec l’accord et le soutien du maire de Carentoir, qui est très à l’écoute de notre projet, et très facilitateur », poursuit Axel.

A l’époque tous les feux sont au vert pour que ce projet aboutisse. La municipalité voit d’un bon oeil la perspective d’accueillir la première maison de ce style dans le cadre d’un projet qui coche toutes les cases de l’exemplarité et des incitations à économiser les sols. Le grand terrain a pour but de réaliser un habitat groupé écologique et au maximum solaire passif. Ancien compagnon ébéniste, coordonateur dans la construction écologique et l’agencement, Axel envisage de construire cette maison commune en autoconstruction.

En attendant de finaliser leur projet les deux couples s’installent dans un mobil-home -avec un permis de construire en bonne et due forme. La constitution du dossier demande du temps, mais il bénéficie d’un accord de principe. Les 4 porteurs de projets ont tous un travail près de Carentoir et leurs enfants sont scolarisés à Carentoir. Contrats de travail, revenus fixes, apport personnel, pas d’endettement… ce dossier ne devait être qu’une formalité. mais les banques rechignent à financer un projet qui est à 90% en auto-construction, même si les demandeurs présentent des devis de fournisseurs locaux des matériaux. Et arrive l’explosion de l’inflation et la mis en place des mesures d’encadrement et de renchérissement des taux d’intérêt. Aujourd’hui, le projet n’entre plus dans les cases et il est bloqué. « Nous envisageons de nous tourner vers le prêt participatif si les banques ne souhaitent plus aider les acteurs locaux, voir abandonner le projet de notre vie si nous n’avons pas d’aide… », soupire Axel qui ne cache pas son amertume face à l’attitude du monde bancaire. Il ne comprend pas que les banques refusent « de s’impliquer sur un projet qui est visible auprès du public, auprès de la municipalité, qui se développe de plus en plus avec le changement climatique », se désespère-t-il.

Les deux couples et leurs enfants vont donc passer un 2è hiver dans leur mobil-home dans des conditions de confort sommaires. Leur désillusion est grande face à une société qui montre une fois de plus qu’il y a un fossé entre les déclarations d’intention et la réalité parfois brutale du monde de la finance. Il faudrait qu’ils augmentent leur apport pour compenser la flambée des taux d’intérêt, ce qui remettrait en cause leur modèle économique. Ils espèrent sans trop y croire un assouplissement des règles bancaires. Ils se prennent à rêver aussi que l’absurdité de leur histoire provoque un sursaut et qu’une banque se décide enfin à s’intéresser à leur projet.

En attendant, ils ont procédé à la plantation d’une haie bocagère avec l’aide du syndicat mixte du grand bassin de l’Oust. Par la fenêtre de leur mobil-home ils peuvent voir l’emplacement de leur future maison. Mais il y a urgence. « Le terrain sur lequel le projet est pressenti est bien constructible aujourd’hui mais cela ne sera peut-être pas le cas d’ici quelques années, en raison du zéro artificialisation nette (ZAN), imposé par la loi Climat et Résilience. Beaucoup de terrains constructibles dans les hameaux ne le seront bientôt plus en raison de cette loi qui touche toutes les communes », prévient Claude Jouen, le maire de Carentoir qui se dit favorable à la construction de cette maison passive, qui plus est avec des matériaux bio-sourcés.

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