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Réminiac

Publié le 18 juin 2021

Pays de Ploërmel. 18 juin: toute la famille de Nicole était dans la Résistance

Nicole Pondard

On commémore ce vendredi, le 81ème anniversaire de l’appel De Gaulle du 18 juin 1940. Un appel considéré comme le texte fondateur de la Résistance Française dont il constitue le symbole. Cette période héroïque et tragique de l’histoire contemporaine a fortement marquée la Bretagne et notamment le Pays de Ploërmel.

Nicole Pondard épouse Pedrau, aujourd’hui âgée de 78 ans, demeurant à Saint-Jean-Brévelay, nous raconte l’histoire de sa famille pendant l’occupation ! “Ma grand-mère, mes oncles et tantes étaient dans la résistance ! Je vivais au milieu d’eux, dès le jour de ma naissance le 14 octobre 1943 ! Les Allemands ont perquisitionné chez nous, jusque dans mon landau, alors que je n’avais que 7 mois !” nous dit Nicole !

Pour ne pas oublier ces événements, Nicole a conservé les pages écrites par sa tante Thérèse, rédigées 45 ans après la guerre. Ses grands-parents paternels habitaient la ferme La Noé à La Chapelle-Caro. Les autres Pondard, ceux de la ferme de La Nouette à Saint-Marcel, étaient leurs cousins. Les 2 pères de famille étaient des frères.

François Pondard, le grand-père de Nicole, meurt en 1930. Les gaz de la première guerre mondiale avaient blessé ses poumons au cours de la bataille des Dardanelles. Il laisse son épouse Elise, élever seule leurs 8 enfants (4 filles et 4 garçons). “A la déclaration de guerre en 1939, mon père Léon et François mon oncle (les 2 fils aînés) sont mobilisés, puis faits prisonniers par l’ennemi en Allemagne. Tous les 2 ont déjà leur propre famille, mais je ne suis pas encore là !”

Le papa de Nicole est incorporé dans l’Infanterie le 2 septembre 1939. Il est ensuite prisonnier au Stalag XB à Sandbostel, à 60 km de Hambourg. Il sera démobilisé le 24 novembre 1942.

C’est début 1943, que le reste de la fratrie entre en résistance : “Mon oncle André, 23 ans, était ouvrier à la ferme . Cette année-là, il est bon pour le STO (Service du Travail Obligatoire) et doit partir pour l’Allemagne. Comme beaucoup d’autres jeunes hommes, il se cache et décide d’entrer en résistance ! Il rejoint le groupe de Ploërmel, auprès des gendarmes du Commandant Guillaudot.”

Dès le mois de mars, Thérèse sa tante, qui a 18 ans et Rémy son plus jeune oncle qui n’a que 15 ans, décident d’aider leur frère André. A l’aide d’une charrette tirée par leur jument Nénette, ils récupèrent dans le bois de Crévy les munitions abandonnées en 1940 par l’armée française. Ensuite, arrive le temps des parachutages. Nicole explique : “Le premier parachutage auquel assiste Rémy, mon oncle, a lieu à Saint-Méen, entre la Chapelle-Caro et Monterrein. Il récupère et transporte avec sa sœur les caisses parachutées avec chevaux et carrioles ! Pour ses premières actions, ce sont les résistants de Ploërmel qui viennent les aider. Il y a mon oncle André et ses camarades, Louis Chérel, Henri Calindre, Marcel Bergamasco…”

Le réseau s’agrandit vite avec d’autres résistants de Montertelot, de Quily et du Roc-Saint-André. Ils sont tous sous les ordres du commandant Emile Guimard. Alors que les missions se poursuivent : parachutages, cache-d’armes de munitions et d’émetteurs, transmissions de courriers, sabotages de ligne de chemins de fer, la ferme familiale se tourne vers l’accueil. ”Ma grand-mère et ses filles savaient tout ce qui se tramait de jour comme de nuit ! Ma tante Thérèse était agent de liaison. Elle circulait à vélo à travers les bourgs et la campagne et portait des plis destinés aux nouveaux réfractaires. Elle leur trouvait aussi des refuges. Au besoin, ma grand-mère offrait l’hospitalité dans sa ferme, car elle était isolée ! 3 soldats russes, enrôlés de force dans l’armée, y ont même été hébergés. Le travail à la ferme continuait et les Russes y participaient et aidaient aux champs ! C’est dans cette ambiance, que je suis née le 14 octobre 1943 !”

La ferme servait aussi de lieu de rassemblements et de réunions pour les résistants. Elise la mère de famille préparait les repas dans son four de campagne, qui avait été remis en état par Marcel Bergamasco.

Le 8 mai 1944, une trentaine d’hommes y sont réunis pour apprendre le maniement des armes et des explosifs, encadrés par les chefs Pierre Nauzack et Joseph Thétiot. Après le repas, cinq résistants sont désignés pour aller chercher des armes dans une ferme voisine. Hélas, sur le retour à l’endroit du carrefour de St-Méen, le groupe tombe dans une embuscade tendue par les Allemands. Sur les 5 résistants, 3 réussissent à s’échapper. Parmi eux, il y a Alexis Bédard, surnommé “Titi”, qui tente de passer en force. Il essuie une rafale et tombe dans le fossé avec son vélo. Il attendra pour fuir et sauver sa peau ! Plusieurs balles ont traversé ses vêtements, et il est blessé à l’épaule, sans grande gravité. Quant à Alexandre Caillot 26 ans et  Alphonse Jolivet 23 ans, ils sont arrêtés, puis torturés au fort de Penthièvre…

”Après la guerre, Alexis épousera ma tante Thérèse”, ajoute Nicole, pour une courte parenthèse… Les jours qui suivent, les Allemands perquisitionnent dans les familles des résistants et les arrestations s’accumulent. Au total, 5 autres camarades sont torturés puis seront fusillés. La ferme de La Noé est perquisitionnée à 2 reprises, dès le 10 mai. ”Ma grand-mère est giflée ! Ma tante Thérèse est bousculée et tenue en joue par un soldat allemand qui la maltraite. La maison est retournée de fond en comble. Les armoires, les tiroirs sont vidés et les matelas éventrés. L’ennemi a même l’audace de fouiller jusque dans mon landau, où je me repose, alors que je ne suis âgée que de 7 mois !  Au grenier, le foin est éparpillé et le tas de paille devant la ferme est retourné. Les Allemands ne trouvent rien, ni les parachutes, ni les couvertures, qui avaient été soigneusement enterrés par ma grand-mère, sous le tas de paille !”, raconte Nicole…

André Pondard est l’un des premiers au camp de Saint-Marcel, car il est hébergé chez son oncle Alphonse à la ferme de la Nouette, devenue le PC des maquisards. Le 18 juin 44, Alors que St-Marcel est incendié et que la bataille est livrée, Thérèse Pondard place 2 parachutistes dans une maison désaffectée près de Montertelot, sous les ordres du colonel Bourgoin et par l’intermédiaire de son oncle de la Nouette : “Il y avait là un débarras avec un lit, où les maquisards passaient du temps pour se reposer. Ils laissaient des messages sous le matelas pour communiquer entre eux. Ma tante Thérèse avait aussi cédé son lit à 2 femmes réfugiées, quelques jours plus tôt, victimes des bombardements de Ploërmel !”

André Pondard se cache, après la bataille du 18 juin, dans la remise de foin de la ferme de Crévy, chez Jeanne Dréano à la Chapelle Caro. Le 13 juillet au matin, alors que la fermière est partie traire ses vaches, une patrouille d’Allemands rôdent autour de sa ferme. André les aperçoit et sort de sa cachette. Mais d’autres soldats sont là et tire une rafale de mitraillette. Blessé à la cuisse, André tente de se sauver, mais une seconde rafale met fin à sa course. ”Ma grand-mère a entendu les tirs de chez elle. Il y avait seulement une distance de 500 m. Thérèse enfourcha son vélo pour aller voir sur place. Elle retrouva une religieuse qui avait tout vu et qui lui raconta ce qui venait d’arriver : Mon oncle André était mort ! Il était recouvert de feuilles avec une grosse pierre sur la tête. Ma grand-mère fut inconsolable. Elle venait de perdre un fils de 24 ans…”

Epilogue :

L’acte de décès d’André Pondard indique “trouvé fusillé” le 13 juillet 1944 à 6 h 45, au lieu-dit Le Crévy. André a été déclaré “Mort pour la France” et homologué FFI. Thérèse Pondard, à qui on doit ces souvenirs, deviendra après la guerre Madame Bédard, en épousant le camarade résistant Alexis dit :Titi. Elle s’éteint en 2006 à l’âge de 81 ans. Alexis Bédard, le blessé du 8 mai 44, le mari de Thérèse, est décédé le 7 décembre 2019. Il avait 98 ans. Rémy Pondard, le dernier résistant de la famille, s’en est allé le 26 juin 2020 dans sa 92ème année… Nicole Pondard, le bébé du landau, à qui on doit ce récit poignant, est devenue Mme Pedrau. Elle vit aujourd’hui à Saint-Jean-Brévelay…

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