Oust à Brocéliande

Publié le 7 janvier 2025

Sérent. Une plante de la tourbière dans la nouvelle bière de La Barque

Si vous avez l’habitude de vous promener dans la tourbière de Sérent au printemps, vous avez peut-être été attiré par son parfum envoutant. Dans cette réserve qui appartient à la commune de Sérent, la Myrica gale aussi connue sous le nom de piment royal ou myrte des marais prospère. Le parfum qu’elle dégage témoigne de sa richesse en principes actifs qui en font une plante très utilisée pour ses vertus médicinales. La myrte des marais est une des plantes emblématique des tourbières qui se raréfient en France. L’assèchement de ces zones humides s’accélère avec le réchauffement climatique et l’habitat de la myrte des marais fond à vue d’oeil. Elle est même menacée de disparition dans certaines régions française comme en Loire-Atlantique. Pas dans la tourbière de Sérent où elle profite du travail de conservation et de restauration mené depuis plus de 40 ans par l’association Bretagne Vivante…

Un partenariat « gagnant-gagnant »

C’est justement Bretagne Vivante qui a eu l’idée de mettre en avant cette plante dans une de ses utilisations ancestrales. Il y a des centaines d’années, bien avant l’apparition du houblon, la Myrica gale entrait dans la composition de la bière. Bretagne Vivante veille sur la nature et sa biodiversité mais aussi sur le patrimoine environnemental historique et cherche à le faire connaître -et donc respecter- du grand public. L’association a donc eu l’idée de proposer à la brasserie La Barque de Malestroit d’incorporer la myrica gale dans une de ses nouvelles bières. Le projet a mis deux ans à murir. Car Myrica gale a du caractère et la puissance de ses arômes a nécessité de nombreux essais pour trouver le juste équilibre. Ainsi est née Ovùm Myrica, la petite dernière de la microbrasserie malestroyenne par le biais d’un partenariat innovant « gagnant/gagnant » avec l’association de protection de la nature, puisque 10% du prix de vente est reversée à Bretagne Vivante qui utilisera cet argent pour poursuivre ses actions de protection de la tourbière.

Déjà 1100 litres vendus

Il ne s’agit pas bien sur de mettre en péril l’existence de la plante dans la tourbière de Kerfontaine, bien au contraire. La dose utilisée pour fabriquer la bière est très faible : de l’ordre de 200 grammes pour 800 litres! Une pointe de houblon en retrait pour laisser s’exprimer les arômes de Myrica gale, des saveurs de clémentine/orange, une note de balsamique et de muscade, de la fraicheur, une amertume relative. « Somme toute une bière assez légère à 4,5 degrés d’alcool »… La description de la recette faite par Erwan Audo, l’un des dirigeants de la microbrasserie a de quoi mettre l’eau à la bouche (avec modération bien entendu). Commercialisée depuis quelques semaines cette nouvelle bière à la saveur inédite séduit d’ailleurs les amateurs : sur les 1600 litres produits, 1100 ont déjà été vendus!

« La démarche est quand même assez exemplaire. On a un site protégé, une réserve associative, il se trouve dedans une plante qu’on a réussi à préserver grâce à l’action menée par la municipalité et l’association Bretagne Vivante et qui, aujourd’hui se révèle intéressante d’un point de vue économique mais qui se révélera peut-être aussi intéressante par ses principes actifs pour d’autres usages », résume Jean-Charles Michel, un des membres de Bretagne Vivante.

La maire de Sérent, Rozenn Guégan se réjouit de cette démarche qui associe préservation du patrimoine, développement économique et qui valorise l’image de la commune. « On est ravi parce que ça met en valeur notre tourbière », s’enthousiasme-t-elle.

Si vous voulez découvrir cette saveur venue du fin fond de notre histoire, vous pouvez encore trouver l’Ovùm Myrica chez les revendeurs de la microbrasserie La Barque ou directement dans les locaux de l’entreprise, à Malestroit. Elle est unique au moins en Bretagne et peut-être au-delà.

Pratique:

Microbrasserie La barque

4, chemin des Tanneurs à Malestroit

 06 41 43 42 89
contact@microbrasseriebarque.bzh