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Oust à Brocéliande

Publié le 18 octobre 2024

La Gacilly. Un adepte du « crudivorisme » maintenu en prison après la mort de sa fille

RENNES, 18 octobre 2024 (PressPepper) – La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a rejeté ce vendredi 18 octobre 2024 la demande de remise en liberté d’un « kinésiologue » de La Gacilly accusé d’avoir provoqué la mort de sa petite fille de 17 mois. 

Incarcéré depuis avril 2022, Guillaume XXX avait en effet demandé ce jeudi 17 octobre 2024 à sortir de prison pour s’installer chez ses parents à Rouen (Seine-Maritime) : l’homme de 53 ans est en détention provisoire pour avoir privé ses enfants de « soins et d’aliments » et pour avoir mortellement secoué sa petite fille de 17 mois.

Le quinquagénaire de La Gacilly avait lui-même appelé les pompiers, le 11 avril 2022, parce que sa fille était « inconsciente » : elle était en réalité « en arrêt cardio-respiratoire » et était décédée dans la soirée alors qu’elle présentait « des ecchymoses sur le corps », « les lèvres gercées », « un visage blême » a-t-il été dit lors de l’audience.

Des « tiques » avaient aussi été découvertes « sur sa main » et « dans son cuir chevelu ». L’enfant se trouvait par ailleurs « dans un état de déshydratation et de dénutrition » important puisqu’elle pesait seulement « 8 kg à 17 mois ». L’homme n’est pas inconnu de la justice : en juin 2022, deux mois après la mort de son enfant, il avait été condamné pour « privation d’aliment » sur ses deux filles « entre juin 2015 et novembre 2020 », dont l’enfant décédée. 

« DES COMPOTES MIXEES AVEC DU LAIT VEGETAL »

Guillaume XXX avait cette fois expliqué qu’il avait décidé d’aller « pique-niquer en forêt » avec ses deux filles, mais sa cadette n’avait « pas mangé depuis la veille » et elle « manquait d’énergie ». Elle avait par la suite « chuté de sa hauteur », selon ses explications, et il l’avait donc « portée » mais l’enfant s’était endormie « pour ne jamais se réveiller »…

Le centre hospitalier universitaire (CHU) de Rennes avait toutefois fait un signalement aux autorités judiciaires, au vu l’état de l’enfant : les médecins considéraient que « des négligences » avaient pu être commises et que des « traumatismes » lui être infligés.

Guillaume XXX avait donc fini par expliquer le mode de vie de sa famille : il était lui-même issu d’une « famille privilégiée » et avait découvert avec ses propres parents « la médecine alternative ». Cet ancien cordonnier avait donc décidé d’entrer en école de kinésiologie et exerçait à La Gacilly au moment des faits. Lui et sa femme avaient fini par dire qu’il suivait « des règles strictes » en matière alimentaire : le foyer consommait « uniquement des végétaux » et suivait donc un régime crudivore, infligé aussi à leurs enfants en bas âge.

Concrètement, cet adepte de « théories sectaires » nourrissait son bébé de « compotes de fruits mixés avec du lait végétal » et les horaires des repas n’étaient pas fixes, a-t-il été dit à l’audience : le couple se fiait à ce « régime alimentaire physiologique et intuitif ». La petite de 17 mois manifestait sa faim par « des cris » ou « des miams », expliquera sa mère, dont les enfants n’étaient « jamais malades »…

LA PETITE « BOUGEAIT COMME UNE SIRENE »

La petite décédée portait toutefois « des traces de morsure »,  des piqûres « d’insectes » et des « griffures » sur le corps que le père n’avait pas pu expliquer. Guillaume XXX se souvenait seulement avoir « chassé des cafards » du corps de son enfant lors du pique-nique en forêt.

Mais son aînée, présente lors du pique-nique, avait expliqué que leur papa avait « tendance à les gronder ». Il mettait « des fessées et des gifles » à sa sœur quand « elle ne voulait pas manger du cru » et l’avait, ce jour-là, « agrippée par le T-shirt pour la secouer ». « Elle bougeait comme une sirène et criait », décrira l’enfant à propos de sa sœur qui « ronflait comme un gorille » et « respirait avec sa bouche ». Guillaume XXX avait de son côté expliqué que son épouse était « une manipulatrice narcissique vampirisant les enfants ». Un temps placés par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), les enfants avaient été remis au couple avant les faits.

En détention provisoire depuis « trente mois », Guillaume XXX avait expliqué ce jeudi 17 octobre 2024 avoir eu « du temps pour travailler » sur lui-même et ressentir de la culpabilité par rapport à « la vie » que ses enfants ont eue. Il pense qu’il aurait dû « acter la séparation [avec sa femme, ndlr] depuis longtemps ». 

En détention, il suit des soins psychiatriques et pratique aussi « la sophrologie », « l’art-thérapie » et du « sport ». Il participe aussi à « des ateliers sur la nutrition et la santé » et pratique « la grande respiration ». « Plus jamais ça », a-t-il certifié à la cour, alors que son avocate n’était pas présente pour soutenir sa demande de mise en liberté. Il n’a désormais « plus aucun droit sur des enfants ». Mais dans la mesure où il a « toujours nié » les « secouements », l’avocate générale craignait une « réitération des faits » de la part de cet homme « dénué d’empathie et de culpabilité », qui ne montre « aucune émotion », même quand « le décès de sa fille est évoqué ». La chambre de l’instruction s’est rangée à son avis et l’a maintenu en détention./CB (PressPepper)

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