Histoires naturelles

Publié le 1 août 2022

Sérent. Découverte: avec les explorateurs de la Tourbière de Kerfontaine

Au cours des vendredis après-midi des mois de juillet et août, un guide accueille le public à la Tourbière de Kerfontaine, pour partir avec lui dans ce massif épineux et lui offrir une visite commentée…

Ce vendredi 29 juillet, c’est Jean, animateur nature et salarié de l’association Bretagne Vivante qui accompagne un groupe intergénérationnel de visiteurs. Il leur fait découvrir cette végétation atypique, en parcourant un sentier d’interprétation de 2 km, pendant environ 2 heures de balade.

Parmi les personnes présentes, il y a des vacanciers: Armand qui vient de Nîmes (30) et le couple Christine et Jean-Yves de Sainte-Pazanne (44), mais aussi des Morbihannais : Magali, Goulven et leurs filles Gladys et Abigaëlle arrivent de Saint-Jean-de Brévelay. Tata Lydie et Mamie Maryvonne avec les 4 cousins et cousine (Nathan, Augustin, Louis et Adèle) viennent de Baden et de Sérent. Catherine est aussi domiciliée à Sérent et elle trouve aujourd’hui le temps de visiter cet endroit…

 Le guide a retracé d’abord l’histoire de cette terre fertile, qui s’étire sur une superficie de 25 hectares, de cette clairière au milieu des bois, entourée de fougères, d’ajoncs et de bruyères, donc de landes. Il a ensuite présenté à son public, les oiseaux, les insectes et la flore…

La nature y  est préservée, mais elle est fragile. La tourbière de Kerfontaine révèle un écosystème sensible et remarquable. Formée il y a 5000 ans, cette terre gorgée d’eau est le lieu d’habitation de 1000  espèces animales, comme le lézard vivipare, la vipère péliade, la fauvette pitchou  (qu’on ne voit quasiment jamais, mais qu’on entend chanter), le pipit des arbres (petit oiseau au plumage brun rayé), le bruant jaune, ou encore le tarier pâtre (cet oiseau était appelé auparavant traquet pâtre). 

Aujourd’hui, les visiteurs ont entendu le verdier, la tourterelle des bois et la cisticole des joncs. “Ce petit oiseau est un bel exemple qui nous informe que le réchauffement climatique est bien réel. Après avoir fui le Pays Basque pour se réfugier sur les côtes bretonnes, il a élu domicile ici depuis 2 ou 3 ans seulement”, explique Jean.

Très fleurie au printemps et en été, la tourbière abrite des tas d’insectes, des papillons, des libellules, des grenouilles, des lézards, etc… Les visiteurs ont pu aussi prendre connaissance du charançon, de la famille des coléoptères… 

Habituellement, le côté humide et marécageux et les températures très basses au niveau du sous-sol, parfois zéro degré en été, expliquent la présence d’une flore rare dans le Morbihan, comme la droséra, la linaigrette, la sphaigne, la dolomède, cette araignée semi-aquatique qui chasse sur les eaux des mares, les plantes carnivores. Certaines plantes sont des reliques de l’ère post-glaciaire ! 

“Mais cette année est exceptionnellement sèche ! La sécheresse de cet été fait en sorte que c’est la première fois que nous visitons ce site, sans bottes en caoutchouc !” s’étonne le guide…

La Tourbière est alimentée par les eaux de pluie et les sources présentes sur les reliefs alentour. C’est une tourbière de pente. Sa profondeur de tourbe varie de quelques centimètres à 1,5 m. Bien qu’elle ne fut jamais exploitée, contrairement à d’autres sites de Bretagne, Kerfontaine  reste un élément du patrimoine naturel. Outre les points qui confèrent son originalité, Kerfontaine joue un rôle dans la régulation de l’eau , en se gorgeant d’eau l’hiver pour la restituer en période estivale. 

Cette réserve est classée Espace Naturel Sensible. Elle est gérée par l’association Bretagne Vivante. Elle demeure un des derniers sites importants de ce type dans le Morbihan…