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Oust à Brocéliande

Publié le 29 novembre 2020

St Malo des 3 Fontaines-Missiriac. 14 h 11: et soudain, le soleil entre en éruption

Un « éclat solaire majeur ». C’est l’événement exceptionnel et inattendu auquel nous avons assisté en direct ce dimanche en compagnie de Didier Hue. Didier Hue exulte. « Cela fait une année maintenant, que le soleil est calme, quasiment sans aucune activité, c’est la plus grande éruption solaire depuis 3 ans qui s’est produite ce dimanche 29 novembre à 13 h 11 (ndlr: temps universel, soit 14 h 11, heure française). Elle est légèrement moins puissante que celle du 10 septembre 2017, mais elle a provoqué une panne de radio à ondes courtes et a projeté un CME (Coronal Mass Ejection) dans l’espace », commente-t-il, les yeux rivés sur ses écrans à son domicile de Saint-Malo-des-Trois-Fontaines. « Rendez vous compte, depuis pratiquement 3 ans, le disque solaire avait été sans particularités, totalement vierge, sans la moindre tache. Et aujourd’hui, les taches sont visibles… »

Didier Hue n’oubliera pas ce moment exceptionnel qui alimentera sans doute les prochaines soirées astronomie qu’il animera avec son association le club d’astronomie de Missiriac (*), commune où l’association a construit un des plus importants observatoires du département.
Didier Hue est un astronome amateur averti -on peut même dans son cas parler d’expert-, une passion dont l’origine remonte à sa plus tendre enfance. Il avait alors déjà la tête dans les étoiles sans pouvoir vraiment dire pourquoi. Peut-être parce qu’à l’école il avait appris l’existence des planètes, imagine-t-il. Pourtant cette passion, il ne pourra vraiment l’assouvir qu’à l’âge de la retraite, car sa vie professionnelle l’a amené dans un tout autre domaine. Dès l’âge de 14 ans, il étudie la mécanique automobile, puis il suit la filière à l’âge adulte et devient préparateur spécialisé en voitures de courses, sur des modèles mythiques tels que : Renault 8 Gordini, R12 Gordini, Simca 1000 Rallye  2, etc…Il exerce cette profession dans des garages en région parisienne, dans le nord de la France puis en Belgique. C’est principalement en Belgique, qu’il va goûter aux courses automobiles. Il court sur Renault Alpine et gagne des compétitions… Tout en gardant un œil sur la voûte céleste…

Une station solaire à domicile

Il y a une dizaine d’années, Didier Hue a installé une station de réception d’ondes solaires et de Jupiter à son domicile à Saint-Malo-des-Trois-Fontaines. Deux grandes antennes de 14 m de long, de 3 m de haut, séparées par un intervalle de 7 m… Depuis son domicile, il surveille et étudie les 2 planètes. Cette station est entièrement “faite maison”. “Plusieurs mois m’ont été nécessaires pour la construire moi même. Une telle station ne se trouve pas dans le commerce en France, uniquement aux Etats-Unis. Le receveur je l’ai fait venir d’Angleterre”. La passion et le savoir poussés à l’extrême.
La station de Didier fait partie d’une banque de données, Radio Job, qui dépend de la NASA (l’agence gouvernementale du programme spatial civil des Etats-Unis). “Je reçois sur mes antennes, des ondes électromagnétiques, qui ensuite sont dirigées vers un receveur, lequel les décode et les rentre sur un logiciel. Un graphique apparaît alors sur l’écran de mon ordinateur.” Didier est ainsi informé de l’activité solaire. Il observe les pics, qui le renseignent sur les éruptions du soleil, qu’elles soient petites ou grandes, comme celle exceptionnelle de ce dimanche. Didier compare les éruptions du soleil à une cocotte minute qui libère la vapeur ! “Je branche ma station au lever du jour et la coupe à l’arrivée de la nuit”.

jupiter aussi…

Mais au fait, à quoi ça sert de surveiller l’activité solaire? Didier Hue répond : “Si le soleil se dirigeait dans un angle précis par rapport à la Terre, en face de notre planète, il y aurait éruption et tout ce qui est électronique autour de nous se mettrait à fondre : les transformateurs, les téléphones, les ordinateurs, l’électronique des voitures, des avions, etc… absolument tous les appareils électroniques…”
Didier se rappelle d’un accident ferroviaire en Belgique, il n’y a que quelques années, au cours duquel tous les signaux avaient brûlé. Les recherches, avaient permis d’établir qu’une éruption solaire était à l’origine de cet accident. Didier est en relation avec une quinzaine d’autres stations de surveillance dans le monde entier, pour la plupart situées en Amérique (à 80 %), mais aussi en Inde, Australie… : “Nous sommes en contact tous les jours, cela permet de recueillir et d’échanger des informations entre nous, comme par exemple apprendre qu’un quartier entier à Los Angeles est concerné par une éruption solaire, qu’il est totalement plongé dans l’obscurité, car les transformateurs ont été touchés par une éruption solaire.”
Un phénomène imprévisible. “Avec le soleil rien ne l’indique avant. Il n’y a pas de secousses avant-coureuses comme lors d’un tremblement de terre, ou du réveil d’un volcan. Seuls les satellites américains perçoivent quelques prémices en cas de grosses éruptions solaires.”
Ce travail de surveillance, Didier l’effectue aussi pour Jupiter. “Je me cale sur les mêmes fréquences. Par contre, les courbes sont différentes. Pour Jupiter, c’est l’écoute de sons, de bruits. Les graphiques indiquent que les manifestations de Jupiter se caractérisent par des tempêtes, des orages violents, et des vents puissants. La force du Soleil est plus importante que celle de Jupiter…”

(*) club astronomie de Missiriac, site internet

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