Saint-Congard. Inauguration : une stèle pour la généreuse donatrice
Dans quelques mois, une stèle se dressera à Saint-Congard en mémoire de Simonne Ferry-Guiho. C’est en effet en grande partie grâce aux 800 000 euros qu’elle a légués à la commune que Saint-Congard a pu entreprendre une série de travaux qui ont beaucoup changé la ville. Le projet phare de ce vaste chantier est sans conteste la construction d’une boulangerie-pâtisserie-épicerie. Projet phare pour le service qu’il apporte aux habitants mais aussi par sa valeur symbolique puisqu’il prend à contrepieds la tendance à la disparition des petits commerces en zone rurale.
L’inauguration, samedi matin, de la boulangerie de Saint-Congard était donc un véritable évènement dans tous les sens du terme. Le préfet, Raymond Le Deun en personne a tenu à faire le déplacement. « J’ai 34 ans de mandat et 28 ans en tant que maire et c’est la première fois que je reçois un préfet… », soulignait Daniel Brûlé, le maire dans son discours qu’il a commencé par un hommage appuyé à la généreuse donatrice. Sur son testament, celle-ci avait précisé que l’actif de sa succession devait être « affecté à un investissement durable, sociale, scolaire ou économique ».
« Avant de prendre sa décision, le conseil municipal a lancé un questionnaire demandant aux congardais de se prononcer sur le choix de l’investissement qu’ils souhaitaient pour notre commune », relate le maire. Deux choix s’imposaient largement : une boulangerie à 95% et l’amélioration de la sécurité, notamment la vitesse, dans le centre bourg. La municipalité a donc suivi ce choix en décidant à l’unanimité la construction d’une boulangerie-pâtisserie-épicerie, l’aménagement des espaces publics avec notamment un plateau pour réduire la vitesse et la mise aux normes accessibilité de la mairie. La première tranche a été réalisée en 2016, le reste le sera cette année et c’est dans le cadre de cette 2è tranche que sera édifiée une stèle à la mémoire de la donatrice. Les travaux réalisés ont trouvé une application très concrète dès samedi puisque Jean Paulic, le meunier qui a permis d’installer un couple de boulanger et qui se déplace en fauteuil roulant a pu accéder à la tribune grâce à la rampe qui a été réalisée.
« Un grand merci à Simonne, à son mari Maurice, à ses parents Mathurin et Louise Guiha, à ses beaux-parents Bernard et Hélène Ferry grâce à qui nous avons pu réaliser tous ces investissements », insiste le maire. Mais outre la donation, la municipalité a pu bénéficier de plusieurs subventions venant de l’Etat ou du Département. Le nouveau président de l’ « Oust à Brocéliande communauté », Jean-Luc Bléher a souligné l’importance de la survie du petit commerce en zone rurale âme des bourgs ». Mais la dévitalisation des centres villes est un phénomène qui ne touche pas seulement les petits communes. « A Guer aussi nous avons ce problème et on y réfléchi. Il faudra d’ailleurs qu’on mène une réflexion sur l’animation commerciale des centres villes », a indiqué Jean-Luc Bléher. Représentant François Goulard, Marie-Hélène Herry, conseillère départementale de Guer a souligné le rôle majeur que joue le département dans le développement économique en accompagnant les communes dans leurs projets comme ce fut le cas à Saint-Congard. « Le Département du Morbihan est l’un des plus redistributeurs d’argent de France », a-t-elle rappelé. « L’action publique reste une action collective », a insisté Paul Molac le député soulignant l’intervention financière de l’Etat via divers mécanismes. « Il n’y a jamais eu autant d’argent mis à la disposition du développement des communes », a confirmé le Préfet, indiquant que la nouvelle enveloppe dont il dispose pour 2017 est en augmentation de 20 % par rapport à 2016. Il a explique qu’un appel à projets allait être prochainement lancé au profit des centres bourgs qui vont bénéficier d’un soutien de 28 millions d’euros financés à parts égales entre l’Etat et la Région. Et il a adressé un clin d’oeil au maire promettant de ne pas oublier Saint-Congard dans l’attribution des subventions 2017. Mais l’argent est une chose et le vrai défi est peut-être ailleurs pour le projet de Saint-Congard et le préfet a exhorté les habitants à aller faire leurs courses dans cette boulangerie pour la faire vivre. « C’est un acte citoyen », a-t-il lancé.
Un meunier très impliqué
Avoir une boulangerie, c’est bien, mais encore fallait-il trouver le couple de boulanger pour l’exploiter. La rencontre entre Yann et Angelina, les boulangers et la municipalité de Saint Congard s’est faite par l’intermédiaire du directeur commercial de la minoterie Paulic installée à Saint-Gérand. Ils ont ouvert début décembre et jusqu’à présent sont plutôt satisfait de la fréquentation de leur commerce. Le minotier assure une assistance technique pour garantir la fabrication de pains de qualité. « Nous continuerons à les accompagner », s’est engagé Jean Paulic en souhaitant que les habitants soient « fidèles à leur boulanger ».
La donatrice « aimait Saint-Congard »
La généreuse donatrice et son mari
Simonne Ferry-Guiho, la donatrice est née à Saint-Dié des Vosges a toujours vécu dans cette commune où elle est décédée le 26 novembre 2013. il faut remonter à la génération précédente pour retrouver le lien entre Saint-Congard et saint-Dié des Vosges. Car c’est à saint-Conard qu’est né Mathurin, le père de Simonne en 1890. Mobilisé en 1917, il est chauffeur pour les officiers et se rend régulièrement dans un hôtel de Saint-Dié. Pour combler l’attente, ildonne un coup de main en cuisine et c’est là qu’il rencontra Louise avec qui il se maria à la fin de la guerre. Simonne fut leur fille unique. Bien que celle-ci était née dans les Vosges, elle venait souvent à Saint-Congard avec ses parents puis son mari voir ses oncles et tantes, cousins, cousines. Elle répétait souvent qu’elle « aimait Saint-Congard » et a démontré la profondeur de son attachement en faisant de cette commune son héritière.
