
Publié le 22 octobre 2025
Pays de Ploërmel. Révision du SAGE Vilaine : pourquoi les associations mobilisent les citoyens
Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) de la Vilaine, adopté pour la première fois en 2003, entre dans une nouvelle phase de révision. Ce document stratégique, piloté par la Commission Locale de l’Eau (CLE), encadre la gestion de la ressource en eau sur tout le bassin de la Vilaine et de ses affluents, dont l’Oust.
Son objectif : assurer une gestion équilibrée et durable de l’eau, en conciliant les besoins humains, agricoles, économiques et la protection des milieux aquatiques. Depuis quelques jours et jusqu’au 15 novembre, les citoyens sont invités à donner leur avis à l’occasion d’une enquête publique. C’est un dossier complexe et technique et qui suscite bien des polémiques. Le monde agricole notamment est vent debout contre des mesures qu’ils jugent mortifères pour leur activité. Plusieurs manifestations ont été organisées ces derniers mois pour dénoncer ces orientations. Les associations de protection de l’environnement sont, elles plutôt favorables, estimant qu’il y a urgence à protéger la ressource en eau tant sur le plan qualitatif que quantitatif.
Les associations du bassin de l’Oust se mobilisent

C’est le cas dans le bassin de l’Oust où ce mardi matin plusieurs associations (Bretagne Vivante, le Groupement des agriculteurs biologiques du Morbihan (Gab 56), la Confédération paysanne du Morbihan) ont tenu une conférence de presse pour faire valoir leurs arguments et inciter les citoyens à participer à l’enquête publique en cours. Elles estiment que les contraintes restent finalement « supportables » pour les agriculteurs notamment en raison d’aides financières -qui pourraient provenir d’une taxe de 10 centimes payée par les consommateurs- et techniques destinées à les aider à adopter des pratiques culturales moins impactantes sur l’environnement. Elles soulignent que seules les parcelles à risque d’érosion fort seraient concernées par les restrictions d’herbicides.
Ces associations estiment que les avancées du SAGE constituent une étape nécessaire pour protéger la ressource en eau et la biodiversité, sans remettre en cause le modèle agricole.
Elles plaident pour une transition agricole forte et protectrice, conciliant production, santé publique et environnement.
Deux mesures significatives du projet au coeur du débat
Parmi les mesures significatives de ce projet de révision deux cristallisent l’attention des associations locales :
-L’interdiction d’utiliser des herbicides « maïs », insistent les associations, seulement dans les parties les plus fragiles des 5 aires de captage d’eau destinées à l’alimentation humaine. Ce sont des captages qualifiés de « prioritaires » qui couvrent 1,5% de l’ensemble du bassin versant de la Vilaine.
-L’interdiction de créer des réserves d’eau pour l’irrigation dans des zones humides qui seraient « sanctuarisées ». Elles jouent un rôle essentiel -un peu comme des éponges géantes- pour stocker l’eau.
« La présence en quantité dans les cours d’eau et les nappes de molécules dangereuses pour la santé, les coûts croissants de la potabilisation, la disparition de plus de 90% des zones humides en Bretagne justifient pleinement d’introduire ces nouvelles dispositions », analysent les associations. Elles prennent pour exemple le captage d’eau de Guillac-La Herbinaye, l’un des captages prioritaires du SAGE qui selon elles, joue un rôle essentiel pour préserver l’alimentation en eau du territoire (voir notre vidéo). Ils pointent du doigt l’état préoccupant de l’eau que révèle le rapport annuel (2023-2024) du SMGBO (grand bassin de l’Oust).
Pas une remise en cause de l’agriculture
Elles insistent sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une remise en cause de l’agriculture « mais une étape indispensable à sa transition pour garantir à toutes et tous une eau de qualité et préserver la santé des habitants, des professionnels et du milieu naturel ». En réponse aux agriculteurs conventionnels qui brandissent le slogan « pas d’interdictions sans solutions », les représentants du GAB et de la Confédération paysanne arguent « que les solutions existent ». « On a les technologies, mais il faut apprendre à les utiliser, être pointu sur le suivi des cultures », expliquent-ils, invitant les agriculteurs « à faire un petit pas », comme les collectivités et les particuliers ont été amenées à le faire avec l’entrée en vigueur de la loi Labbé.
Comment participer à l’enquête publique
Les associations du Bassin de l’Oust ont décidé de se mettre en ordre de marche pour convaincre les habitants du territoire de participer à l’enquête publique dont les résultats seront déterminants pour la mise en oeuvre de la révision.
-Ils vont aller à leurs devant en installant des ateliers d’information, des « tables citoyennes » sur les marchés, le vendredi 31 octobre prochain à Ploërmel et le 8 novembre à Josselin.
-La consultation publique sur le projet de révision du SAGE Vilaine est en cours jusqu’au 15 novembre (voir ci-dessous). Habitants, associations, élus ou acteurs économiques peuvent donner leur avis et consulter les documents sur :
C’est quoi le SAGE?
Le SAGE Vilaine s’inscrit dans le cadre du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) Loire-Bretagne, et constitue un outil réglementaire fort. Il a le pouvoir de fixer des règles contraignantes — voire d’interdire certaines pratiques — lorsqu’elles nuisent à la qualité de l’eau ou à la biodiversité.
Son périmètre couvre plus de 11 000 km², sur 6 départements et 500 communes ce qui en fait le plus vaste SAGE de France. Il s’articule autour de 14 chapitres thématiques : des zones humides aux cours d’eau, de la prévention des inondations à la lutte contre les pollutions (nitrates, phosphore, pesticides, assainissement, espèces invasives…). Pour en savoir plus, voir le document du SMGBO ci-dessous.
Une révision lancée en 2022 pour intégrer les nouveaux enjeux
En février 2022, la CLE a décidé de lancer une seconde révision du SAGE Vilaine. Objectifs :
- Actualiser les données d’état des lieux et dresser un bilan des actions menées ;
- S’adapter au changement climatique ;
- Mettre à jour les orientations pour les rendre compatibles avec le SDAGE Loire-Bretagne 2022-2027 ;
- Et renforcer la concertation publique, grâce à un site internet dédié ouvert à tous. Cet espace numérique, voulu comme un lieu d’échange, permet aux habitants, associations, agriculteurs et élus de participer à la réflexion et de proposer leurs contributions pour enrichir le futur SAGE.

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