Sensations fortes inattendues pour les personnalités qui participaient samedi matin à l’inauguration de la toute nouvelle passerelle de La Née dont le préfet du Morbihan, Michaël Galy et pas moins de trois sénateurs. La coupure du ruban inaugural était prévue au beau milieu de la passerelle qui traverse l’Oust d’un seul tenant. Les officiels, accompagnés de dizaines de badauds se sont donc engagés sur l’ouvrage depuis Saint-Abraham et Saint-Marcel. La passerelle s’est alors mise à tanguer, voire à onduler, sans doute sous l’effet conjugué du poids de la foule et du déplacement des témoins des témoins de l’inauguration (voire notre vidéo). Un incident qui a provoqué une certaine émotion, mais qui s’est bien terminé puisque la passerelle est bien restée ancrée sur ses culées…
Un symbole retrouvé
« Notre joie et notre fierté de voir nos deux communes à nouveau reliées par cette passerelle n’en sont pas moins vives », a déclaré la maire de Saint-Marcel, Armelle Robert, en ouvrant la cérémonie. La structure flambant neuve, de 45 mètres de long et de 11 tonnes posée sur l’Oust entre Saint-Marcel et Saint-Abraham, redonne vie à un lien historique et humain, coupé depuis près de vingt ans.
Pensé dès 2020, le projet a demandé cinq années de concertation, d’études et de persévérance. « Ce fut un chantier technique mais aussi stimulant », a souligné Armelle Robert, saluant la mémoire d’Armel Rousselot, ancien maire de Saint-Marcel, disparu pendant son mandat, à l’origine du projet commun avec sa collègue de Saint-Abraham, Gaëlle Stricot. Les deux maires ont d’ailleurs à deux voix, retracé l’historique de cette passerelle et les diverses étapes d’une longue bataille pour obtenir la construction de cet ouvrage fermé en 2006. Un combat à l’origine duquel se trouve Paul Sourget et poursuivi par son fils Mikaël auxquels ont rendu hommage tous les intervenants (écoutez notre vidéo). Cette passerelle a joué un rôle important dans la vie quotidienne des habitants et a notamment permis aux résistants du maquis de Saint-Marcel de contourner la vigilance des allemands. Les deux communes riveraines de Saint-Marcel et Saint-Abraham ont unis leurs efforts pour faire aboutir le projet, réussissant l’exploit de réunir 80% de subventions.
Un chantier collectif et exemplaire
L’idée de reconstruire la passerelle a pris forme grâce à l’appui de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et du CEREMA, qui ont accompagné les communes dans la définition et la faisabilité du projet. En 2023, la maîtrise d’œuvre a été confiée au bureau BMD Engineering de Ploërmel, associé à l’Atelier Ar’Topia pour les aménagements paysagers et aux cabinets Inizi et Links pour les études environnementales.
Les travaux, démarrés en avril 2025, ont mobilisé l’entreprise Roussel TP pour le génie civil et Atlantic Marine pour la fabrication de la passerelle. Le chantier a subi quelques aléas – inondations et canicule – mais a pu être livré dans les temps : la passerelle a été posée le 23 septembre 2025 et ouverte au public deux jours plus tard, sous les yeux admiratifs des riverains.
Un nouvel élan pour la mobilité douce
Aujourd’hui, la passerelle est déjà empruntée quotidiennement par marcheurs, cyclistes, coureurs, vététistes et cavaliers. Elle s’inscrit pleinement dans le schéma des mobilités de Brocéliande Communauté, favorisant les trajets doux entre les deux communes et leurs hameaux. Le projet, d’un coût total de 417 000 €, a été subventionné à 80 %, grâce à l’aide combinée de l’ADEME, du Département, de la Région et de l’État. Les aménagements paysagers et la signalétique seront finalisés dans les prochaines semaines.
Une inauguration sous le signe de la gratitude
Armelle Robert et Gaëlle Stricot ont multiplié les remerciements :
à l’association Passerelle de la Née, présidée par Mikaël Sourget, pour son engagement constant,
à l’ensemble des élus municipaux des deux communes,
aux propriétaires riverains et agriculteurs ayant facilité l’accès au chantier,
aux entreprises et maîtres d’œuvre pour leur professionnalisme,
et aux bénévoles, techniciens et musiciens venus animer la cérémonie.
Une chorale, spécialement réunie pour l’occasion, a interprété une chanson inédite retraçant l’histoire de la passerelle, composée par Hubert Gabard, Edwige Derieux, Étienne et Marie-Hélène Levavasseur (à écouter dans notre vidéo).
« Grâce à vous tous, la passerelle de la Née est à nouveau un symbole de lien, de solidarité et de vitalité locale. Qu’elle reste longtemps un passage entre deux rives, mais aussi entre mémoire et avenir », a conclu la maire, avant de laisser place à la musique et au verre de l’amitié.
La passerelle de la Née, un siècle d’histoire
1756 : Un bac traverse l’Oust, transportant les marchandises entre Malestroit, Ploërmel et Josselin.
1872 : Construction du moulin de la Née, qui battait au rythme des paysans et de la terre.
1921-1924 : Sous l’impulsion de M. de Montfort, conseiller général, le projet d’une passerelle se concrétise. Elle est inaugurée le 28 septembre 1924, devant 700 personnes.
Seconde Guerre mondiale : La passerelle sert de passage pour les résistants et maquisards du pays de Saint-Marcel.
2006 : Fermeture du passage après un accident tragique.
2016 : Naissance de l’association Passerelle de la Née, qui ravive la mémoire du lieu.
2025 : Inauguration de la nouvelle passerelle, fruit d’une collaboration exemplaire entre les deux communes.