Pays de Malestroit

Publié le 16 avril 2024

Saint-Abraham. Les toilettes publiques dans le collimateur d’un mystérieux « corbeau »

C’est l’affaire qui sème le trouble dans la commune et qui plombe le moral des élu(e)s. Le Canard enchainé a épinglé la municipalité de Saint-Abraham pour avoir lancé un projet de construction de toilettes publiques jugé dispendieux. « 73 302 € : c’est la somme déboursée par la mairie de Saint-Abraham, une commune bretonne de 529 habitants, pour rénover ses toilettes publiques de 5,27 m2 », écrivent nos confrères du Canard. Ils ont probablement reçu, comme nous, une lettre anonyme dénonçant cette gabegie des deniers publics. Dans le courrier qui nous a été adressé, le mystérieux « corbeau » enfonce le clou en calculant que cela « revient à 13 700 euros du m2 pour un plancher de 5,27 m2″…

20 000 euros à charge pour la commune

Interrogée, Gaëlle Stricot-Berthevas se dit atterrée par cette affaire. Elle assume cependant un projet qui a été validé « en toute connaissance de cause » par le conseil municipal et qui fait l’objet de réflexions depuis plusieurs années. Elle relativise aussi le coût de l’opération précisant que ces toilettes publiques font 11 m2 de superficie ce qui divise par deux le coût au m2 calculé par le « corbeau ». « Cette somme de 72 000 euros correspond à une estimation faite par le maitre d’ouvrage au début des travaux, à l’époque où les coûts de construction étaient au plus haut. Nous avons eu une bonne surprise au moment de l’appel d’offres et le montant des travaux s’élève en fait à environ 51 000 euros », détaille-t-elle. Nous voila donc rendu à un prix du m2 inférieur à 5000 euros. En plus ce projet bénéficie de subventions à hauteur de 70%, soit un reste à charge d’environ 20 000 euros pour la commune…. « On peut toujours estimer que cela reste cher, mais nous n’avions pas vraiment le choix… », ajoute-t-elle. Le mauvais état de ces toilettes était dénoncé par les usagers depuis des années. Le dossier a été maintes fois évoqué sous différentes formes. Construction de toilettes neuves, installation de modules préfabriqués… « Toutes les solutions techniques s’avéraient presque aussi couteuses et nous n’avions pas d’endroit aussi stratégiques pour les implanter. Après bien des réflexions, la solution la plus adaptée s’est avérée être celle de la réfection des toilettes actuelles », relate Gaëlle Stricot Berthevas.

Ce chantier représente des travaux d’une certaine ampleur puisque ces toilettes sont encastrées dans le mur d’enceinte de l’église. Il faut décaisser pour extraire les toilettes actuelles et creuser en profondeur pour les agrandir et les rendre vraiment accessibles aux personnes à mobilité réduite. Le gros oeuvre représente à lui seul 37 000 euros! Et puis dernière péripétie en date, la présence d’une conduite en amiante a été décelée, entrainant un surcoût de 2500 euros…

Pour constituer le dossier, la commune s’est d’ailleurs inspirée des recommandations de Yann Jondot, l’ambassadeur de l’accessibilité. C’est ainsi que la porte d’accès s’avérait, compte tenu de la pente du terrain, difficile à ouvrir pour une personne en fauteuil roulant. Elle a donc été remplacée par une porte à galandage. De même une table à langer a été prévue afin de faciliter la vie des personnes portant une poche…

Les élu(e)s profondément affecté(e)s

Mais aujourd’hui, c’est au mystérieux « corbeau » qu’en veut la maire. « Tous les élu(e)s sont vraiment accessibles. La personne qui a envoyé ce courrier avait la possibilité de venir chercher des explications à la mairie. il y a vraiment moyen d’avoir toutes les informations. Et puis j’admets tout à fait qu’on puisse formuler des critiques mais encore fait-il le faire à visage découvert et pas au travers d’une lettre anonyme », dénonce-t-elle. Elle explique que tous les élus sont affectés par cette affaire mais aussi les artisans qui se sentent montrés du doigt. « Les élus ont le sentiment d’avoir bien fait leur travail sur ce projet. Il faut savoir qu’on a eu du mal à trouver les artisans pour le faire. On a vraiment du aller les chercher… Pour en arriver là, c’est lamentable. Et après on va s’étonner que la mission d’élu n’intéresse plus personne! », s’indigne-t-elle.