Oust à Brocéliande

Publié le 8 janvier 2023

Malestroit. Fin de vie: des parlementaires s’inspirent de la clinique des Augustines

Le président de la République, Emmanuel Macron a lancé une réflexion sur la délicate question de la fin de vie. Début décembre une convention citoyenne sur ce thème réunissant des citoyens tirés au sort a été mise en place. Parallèlement, des consultations ont été lancées auprès des professionnels de santé, des Français et des parlementaires. Le président de la République espère que ce vaste débat aboutisse à une loi d’ici la fin de l’année 2023.

« Quand on doit voter en conscience sur un tel sujet, c’est tellement complexe qu’il faut avoir réfléchi à la question auparavant. En tant que parlementaire, je n’ai jamais eu l’occasion d’être confrontée à ces situations (ndlr: la fin de vie). Et moi je veux savoir sur quoi je vais voter… « , explique Anne Le Hénanff, députée de la 1ère circonscription du Morbihan. A l’occasion d’un débat, elle a rencontré des médecins de l’unité de soins palliatifs de la clinique des Augustines de Malestroit qui l’ont invitée à venir visiter ce service, réputé pour la qualité de l’accompagnement qu’il offre aux patients. « J’ai invité tous les parlementaires du Morbihan a participer à cette visite », explique Anne le Hénanff. Elle était reçue ce jeudi à la clinique des Augustines avec une petite délégation composée de la sénatrice Muriel Jourda et du collaborateur du député de la 2è circonscription, Jimmy Pahun. « Depuis 9 ans, c’est la première fois que je vois des élu(e)s venir sur le terrain prendre des informations et je trouve ça bien… », insiste Catherine Mongin, la directrice de la clinique.

Des soignants « heureux de venir travailler »

Après une présentation en salle de l’organisation de la prise en charge des soins palliatifs sur le territoire, la visite s’est déroulée dans le service, en compagnie du Dr Alain Hirschauer, représentant de l’équipe mobile de soins palliatifs (EMSP) du CHBA de Vannes -c’est lui qui a créé l’unité de la clinique des Augustines- du Dr Marine Mignot et Dr Guillaume Degenne, médecins au sein de l’Unité de Soins Palliatifs et Marie Le Rohellec, responsable de l’Unité de Marina Thétiot, infirmière et Nathalie Guégan, aide-soignante. L’unité de soins palliatifs de la clinique des Augustines est en fait au sommet d’une organisation multi-niveaux qui, sur le territoire de santé N°4 (Vannes-Ploërmel) mobilise également l’équipe mobile, l’hospitalisation à domicile et d’autres structures qui ont développé une compétence en matière de soins palliatifs, proposant quelques et parfois un seul lit. Une chaîne qui permet d’assurer une médecine de proximité et d’adapter les soins à l’état de santé des patients, qui est placé au coeur du dispositif. La clinique de Malestroit accueille les cas les plus graves dans son service hyper-spécialisé « mais dont 40% des patients repartent chez eux », soulignent les médecins. Cette unité peut accueillir 10 malades, soignés en plus des médecins, par 2 infirmières et 3 aides-soignantes qui se relayent en permanence. Des conditions de soins et de travail très « confortables ». « Les soignants sont heureux de venir travailler ici. C’est indispensable pour faire du bon travail et c’est important de trouver du sens à un métier. D’autant que la fin de vie prend une dimension existentielle très importante », affirme le docteur Degenne. Une analyse confirmée par les soignants présents. Le médecin souligne que la présence de la clinique à Malestroit « à la campagne » constitue un autre atout non négligeable. « Cela nous permet d’être dans un écrin de verdure. C’est beau et cela aide à l’apaisement ».

Des visiteurs conquis

La clinique des Augustines cumule les superlatifs. « Je suis éblouie par l’engagement des soignants et l’accompagnement global impressionnant qui est apporté aux patients. Cela m’a permis de voir de mes propres yeux la réalité de ce service sous tous ses aspects, y compris financier… Je suis vraiment contente d’avoir fait le déplacement depuis Vannes », commente Anne Le Hénanff. Même son de cloches pour Muriel Jourda qui a déjà une expertise dans ce domaine de la fin de vie. Elle a été rapporteur.e de la loi bio-éthique, travaillé sur le cas de Vincent Lambert et sur la loi Léonetti. « Il est probable que nous aurons à nous prononcer dans les prochains mois. Le mot qui me vient après cette visite, c’est celui « d’humanité ». Ici on est traité comme un être humain jusqu’au bout. J’observe qu’à aucun moment au cours de la visite le mot d’euthanasie n’a été utilisé. On est bien dans le soin palliatif, l’accompagnement… », résume-t-elle.

Pour autant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car derrière le cas exemplaire de la clinique des Augustines de Malestroit, il y a une réalité nationale beaucoup moins réjouissante. Ainsi, en France, 26 départements ne sont pas équipés d’unités de soins palliatifs et, selon un rapport de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales), 450 000 personnes qui devraient bénéficier de soins palliatifs n’y ont pas accès. Cela représente 2/3 des personnes malades.

Autant d’éléments qui devraient permettre de « nourrir » la réflexion des parlementaires en attendant qu’ils aient à accomplir leur devoir législatif.

Pour aller plus loin:

Vous pouvez relire le reportage que nous avions fait lors d’une visite de l’unité de soins palliatifs de la clinique des Augustines par la Ligue contre le cancer en février 2019 en cliquant ici