Morbihan

Publié le 6 décembre 2021

Morbihan. Difficultés de recrutement: l’EPSM de Saint-Avé dans la tourmente

Ce lundi après-midi une manifestation à Saint-Avé a rassemblé environ 200 participants à l’appel de l’intersyndicale de l’EPSM de Saint-Avé qui devait être reçue par la direction.

L’inquiétude est forte parmi le personnel de l’EPSM (établissement public de santé mentale) de Saint-Avé, confronté à une menace de fermeture de services. Selon l’intersyndicale, d’ici la fin d’année, le service d’hospitalisation d’addictologie, devrait fermer ainsi que la moitié de l’unité d’accueil de crise, une unité de géronto-psychiatrie auquel s’ajoute la menace « d’une éventuelle neutralisation de lits dans une clinique d’admission. » Ces fermetures représentent 20% de la capacité d’accueil en psychiatrie générale adulte de l’établissement.

L’intersyndicale regroupant la CGT et la CFDT dénonce la brutalité de l’annonce de ces décisions qui leur a été faite le jeudi 25 novembre. Cette nouvelle organisation aurait des répercussions sur le secteur de Ploërmel qui pourrait recevoir une partie des patients du service d’addictologie.

Ce qui interpelle dans cette affaire, ce sont les raisons qui justifient les fermetures. Car, l’EPSM n’arrive pas à recruter les médecins dont il aurait besoin pour remplir ses missions. Un phénomène qui concerne beaucoup de services hospitaliers. Les métiers de la santé n’attirent pas ou plus. Pire, selon les représentants syndicaux, beaucoup de professionnels de santé quittent la profession comme le montre la multiplication des ruptures conventionnelles. Selon eux, il devrait manquer entre 10 et 15 médecins à l’EPSM début 2022 et une trentaine de personnel paramédical (infirmier(e)s, aides-soignants, aide médico-psycholiques…). Une conséquence de la crise du COVID, mais pas seulement, estiment les syndicalistes.

« Cela fait des années qu’on tire le signal d’alarme… », affirment les syndicalistes qui dénoncent la déshumanisation des décisions « trop verticales ». Pour eux, il y a des signes qui ne trompent pas: « on a des étudiants qui viennent en stages chez nous et qui se disent très satisfaits de ce qu’ils ont appris. Pourquoi ces étudiants ne reviennent-ils pas travailler ici? ». Ils conviennent que la solution à ce problème n’est pas simple, et réclament la mise en place d’un grand plan d’attractivité des métiers de soignants, mais surtout que soit « redonné la main aux soignants, revenir à l’humain, inverser le sens de l’échelle des décisions pour qu’elle soit montante plutôt que descendante ». Ils dénoncent des décisions trop technocratiques qui ne tiennent pas compte de la réalité du terrain et surtout une absence de concertation avec les représentants du personnel. « C’est un problème qui ne demande pas seulement des réponses nationales. Il faut qu’un dialogue social s’instaure au niveau local », clament en choeur les représentants syndicaux.

Selon eux, les décisions annoncées pour l’EPSM concerne l’ensemble du secteur hospitalier du Morbihan. Car les patients qui ne pourront plus être admis à l’EPSM se retrouveront dans le système hospitalier classique, alourdissant ainsi sa charge de travail. Sans compter sur les services annexes (pharmacie, entretien…) qui risquent d’être impactés par les réductions d’activiés. « Nous sommes dans une chaine du soin et nous sommes interdépendants les uns des autres », soulignent les syndicalistes.

Et ces annonces font peser un climat d’inquiétudes. « Nous sommes inquiets pour nos patients car nous ne savons pas dans quelles conditions ils seront accueillis et nous sommes dans l’incertitude de savoir ce que deviendront nos postes, dans quelles conditions et où nous allons travailler », expliquent les délégués syndicaux.