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Oust à Brocéliande

Publié le 7 novembre 2021

11 novembre. Campénéac L’hommage d’une famille à Jean Perrichot, poilu de 14/18 (1)

Dossier Martine Gatti

Jean Perrichot

Depuis le 28 février 2012, le pays rend hommage à tous les morts pour la France de toutes les guerres, chaque 11 novembre…

Mais le 11 novembre demeure toujours l’anniversaire de l’armistice de la première guerre mondiale, en 1918!

Pour ne pas oublier les combattants de la Grande Guerre et pour rendre hommage à leur grand-père Jean Perrichot, né à Campénéac dans le village de Brambelay, le 3 février 1894, trois de ses petits-fils ont tenu à raconter ses 4 années de guerre en 14/18 !

Jean-Jacques Perrichot, Didier Perrichot et Jean-Pierre Delourme nous ont prêté le livret, dans lequel Jean Perrichot avait rédigé ses mémoires pour ses enfants et petits-enfants…

Afin d’apporter notre contribution au devoir de mémoire, Nous allons décliner en 3 épisodes cette histoire qui nous permet de revivre le quotidien de ces soldats de la « Grande guerre »…

« Chers parents, je vous envoie cette carte que notre maréchal des logis m’a donné, mais on est un peu trop blanc là-dessus car on avait été tiré au soleil, il y a déjà un moment que l’on est tiré car maintenant on ne voit pas le soleil souvent. L’on a été pris sous l’abri de la pièce et on voit très bien les rondins qui font le devant de l’abri. Vous voyez que c’est pas mal solide, mais ce n’est jamais de trop, car les marmites boches arrivent encore bien à nous défoncer çà. Vous voyez aussi que l’on est tous en casque. On les a depuis l’attaque de Champagne mais ils ne sont pas aussi jolis que ceux des boches. Votre fils et votre frère. Jean Perrichot ».

Le message de Jean Perrichot écrit au dos de la photographie (ci-dessus) sur laquelle il se trouve à droite du canon

1914 : La mobilisation

Jean Perrichot est né à Campénéac, dans le village de Brambelay, le 3 février 1894.  

La guerre éclate le 2 août 1914. Jean a 20 ans. Il a toujours vécu chez ses parents, jusqu’à sa mobilisation le 6 septembre. Il est incorporé au 7 ème Régiment d’Artillerie à Rennes. Les classes sont courtes. Les soldats ne dorment qu’une nuit sur deux sur des paillasses piteuses déposées à même le sol, car les lits sont réquisitionnés pour les blessés des hôpitaux.

Ensuite, c’est la montée au front à Souain dans la Marne. Jean rejoint la 60 ème Division de réserve du 10 ème Corps d’Armée de Rennes, à la 21 ème batterie du 207 ème d’Artillerie. « Nous avions des canons de 75, la terreur des Allemands. » Les soldats travaillent, toute la journée, à la confection de nouveaux emplacements de batterie, à consolider les abris, appelés par les soldats : les cagnas. Le travail évitait d’avoir le fameux « cafard ». Cependant Jean Perrichot a tenu à relater la solidarité entre camarades : « Nous étions une vraie famille. C’est de là, que naquit cette belle devise : unis comme au front ! Quand l’un de nous touchait un colis, on se le partageait. » 

Puis, c’est la construction des tranchées de 1,80 m à 2 m de profondeur sur plusieurs km, permettant de rejoindre les lignes, sans se faire voir par l’ennemi. Les tranchées étaient parallèles à celles des Allemands, à quelques centaines de mètres seulement et séparées par des barbelés. « Les hivers étaient terribles dans les tranchées. La boue était collante et glaciale et nous montait jusqu’à hauteur des bandes molletières. Il y eut beaucoup de pieds gelés. On couchait directement sur la terre. Les rats grouillaient de partout et parce qu’ils nous passaient sans cesse sur la figure, nous recouvrions nos têtes de couvertures. »

 1915 : Le début des gaz :

Quelques jours avant l’attaque de Champagne le 25 septembre, la section prend position à gauche de Tahure. L’attaque est dirigée par le général Jean-Baptiste Marchand. Il avait accompli un travail formidable avec des boyaux très larges pour permettre à la cavalerie de passer et de la lancer à la poursuite de l’ennemi. Hélas, elle resta sur place !

La cavalerie fut dissoute et les hommes furent transféré dans l’infanterie. Pourtant les pièces avaient tiré pendant 3 jours et 3 nuits, pour couper les réseaux de fil de fer et démolir les 1 ères et 2 èmes lignes allemandes. Hélas, tous les nids de mitrailleuses n’ont pu être démolis. Le général Marchand fut blessé en montant sur le parapet. « L’attaque fut loupée. Sans responsable, il a fallu se défendre comme des lions pour conserver les positions acquises. »

1915 marque le début d’une nouvelle arme redoutable, affligée par « les casques à pointes ». Les gaz asphyxiants et lacrymogènes prennent principalement aux yeux. Plus tard, les Allemands envoient le gaz ypérite qui s’avère mortel au bout de quelques minutes sans le port du masque…

Fin 1915, c’est aussi le moment où la tenue des soldats français, avec le pantalon rouge de 1870 bien trop voyant, est enfin remplacé par la tenue bleue horizon accompagné du casque Adrian…

1916 : L’Enfer de Verdun :

La bataille la plus infâme de la 1 ère guerre mondiale. (Depuis, Verdun est devenue pour l’Europe entière : La ville Matyre)…

Il est 23 h sous une pluie battante, quand Jean Perrichot et ses frères d’armes arrivent le 23 juin 1916 à Verdun. Les Allemands viennent de bombarder le faubourg et continuent d’attaquer. La route est encombrée de chevaux tués, de caissons éventrés : « L’on ne voyait que flammes sortir de l’artillerie. Nous entrions dans l’enfer de Verdun ! » écrit Jean Perrichot…

Fleury et Thiaumont  furent repris et perdus 3 fois le même jour. Le 1 er juillet, les Français reprennent définitivement Thiaumont : « Pendant 23 jours, nous ne dormions pour ainsi dire jamais ! » Toutes les nuits ce sont, soit des déchargements d’obus, soit des tirs de barrage. Le pire fut la perte et la reprise du fort de Souville, le 11 et 12 juillet. 

L’ennemi attaquait encore avec les gaz. Jean Perrichot explique : « On tirait à 700 ou 800 mètres seulement et ma pièce tirait 1 100 coups dans les 24 heures. » Jean Perrichot reçoit une citation le 14 juillet à Verdun. Ensuite, les 15 et 16 juillet, quelques points stratégiques sont repris par les Français et c’est à ce moment là, que Jean Perrichot est blessé, enfoui par un obus, heureusement pas grièvement. Les hôpitaux sont archi-combles et attendent de nouveaux gazés…

Jean Perrichot, pas entièrement guéri, doit rejoindre son régiment. Il monte vers Fleury pour ordre de mission : réglages de tirs, en compagnie de son capitaine. Là, il voit qu’il n’y a même plus de tranchées. Les pauvres fantassins sont couchés dans les trous d’obus sous les bombardements, sans rien à manger ni à boire. Le ravitaillement, quand il arrive, se fait à dos d’ânes, 5 ou 6 avec un poilu qui marche devant eux, pour les guider, leur montrer le chemin. Au retour, les ânes marchent seuls sous la mitraille. Ce moyen de transport épargne bien des vies humaines.

En août 1916, du côté de la Côte du Poivre (à 13 km de Verdun), ce sont des échanges incessants de gaz des 2 armées. : « Cà commence vers 20 h le soir. La nappe de gaz ne se dissimule pas avant le lever du jour : « Un vrai martyr! Le retrait du masque était la mort certaine. Il faisait une chaleur insupportable là-dessous. On avait tout le temps envie de cracher. Des hommes restaient assis sur la plaine à découvert pour attendre qu’un obus les prenne, tellement ils étaient à bout, sans espoir, sans courage. »

La moitié de l’effectif est gazé et Jean Perrichot l’est aussi, à son tour, le 4 septembre. Évacué avec les autres blessés dans de grandes baraques Adrian (des structure démontables), à côté de Verdun, il dit : « Je fus 3 jours et 3 nuits entre la vie et la mort. Je râlais comme un mourant m’a t-on dit. On n’a pas voulu de moi là-haut ! 

 

Suite demain : 1917 – 1918

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