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Enquête

Publié le 5 octobre 2021

OBC. Fibre en aérien: pourquoi le maire de Bohal monte au créneau

Voila une polémique inattendue qui est en train de s’installer autour du déploiement de la fibre optique. Disons le tout de suite, la question soulevée ne concerne pas seulement l’OBC, ni le Morbihan, mais c’est le maire de Bohal, Alain de Chabannes, qui se montre particulièrement actif sur le sujet et alerte qui bon voudra l’entendre. Ce qu’il a fait jeudi dernier lors de la réunion du conseil communautaire de l’OBC.

Posons d’abord le cadre du problème. Le passage de la fibre optique peut se faire de deux façons. Soit enterrée dans des fourreaux, soit « en aérien », c’est à dire qu’elle est installée sur des poteaux téléphoniques jusqu’au domicile de l’usager. La première méthode est longue et coûteuse et la seconde beaucoup plus économique et rapide à mettre en oeuvre. C’est celle qui a été retenue par le syndicat mixte Mégalis, qui gère le déploiement de la fibre en Bretagne.

Une coûteuse réparation pour le riverain

Seulement voilà, selon le maire de Bohal, cette technique de l’aérien cacherait un gros problème. Car qui dit passage en aérien dit risque de rupture, occasionnée par la chute d’une branche ou d’un arbre. Or, selon le maire de Bohal, la réparation serait très onéreuse. Il évoque la somme de 1500 euros par brin, sachant qu’un câble renferme plusieurs brins. Mais surtout, souligne-t-il, ces frais seront à la charge du riverain dont l’arbre aurait causé la rupture (voir vidéo ci-dessus) et il anticipe un afflux de citoyens mécontents dans les mairies. C’est un sujet que Alain de Chabannes connait bien. Il est lui-même propriétaire d’un vaste massif forestier sur les communes de Bohal et Pleucadeuc et a présidé le syndicat des propriétaires forestiers du Finistère puis du Morbihan pendant plusieurs années, avant de se porter candidat à la mairie de Bohal. Il avait d’ailleurs profité de la visite à Kerfourn, du secrétaire d’Etat aux collectivités territoriales chargé de la ruralité, Joël Giraud pour tirer le signal d’alarme. Jeudi soir devant l’OBC il a laissé entendre qu’un mouvement plus large se dessinait au niveau régional et national. Son intervention n’a pas laissé ses collègues indifférents…

Deux fois plus rapide

Attention à ne pas se tromper de combat…, fait valoir en substance de son côté Alain Launay, maire de Pleucadeuc et vice-président de l’OBC chargé de l’économie et du numérique. Il rappelle les raisons pour lesquelles l’option du passage en aérien a été retenue par Mégalis. « Si on devait tout faire en enterré, cela coûterait deux fois plus cher et retarderait considérablement le déploiement de la fibre. On ne pourrait pas dans ce cas tenir les délais de 2026… », souligne l’élu.

Un élagage désormais obligatoire

Mais celui-ci pointe du doigt un autre problème annexe, mais loin d’être secondaire, qui est celui de l’obligation d’élagage, rappelant que si des branches tombent sur les lignes, c’est parce que les arbres mitoyens ne sont pas entretenus. « En tant que maire, je constate qu’il y a des endroits où les cars scolaires doivent emprunter le milieu de la chaussée à cause des branches d’arbres qui ne sont pas taillées. A Pleucadeuc, on a recensé 85 riverains dont les arbres dépassaient sur la voie publique. On leur a demandé de faire le nécessaire et la plupart l’ont fait. Mais il en reste quelques uns qui laissent les choses en l’état. On a prolongé le délai amiable jusqu’à la fin de cette année. Mais il arrive un moment où on ne pourra plus laisser passer ça… », insiste Alain Launay.

Le député Paul Molac rebondit en évoquant une évolution législative. Car si jusqu’alors l’obligation d’élaguer ne s’appliquait qu’aux lignes électriques, elle vient d’être étendue aux lignes supportant la fibre optique. « On ne demande pas aux gens d’abattre leurs arbres mais de les élaguer. Cela doit être fait régulièrement, sinon la commune peut mandater une entreprise pour le faire et envoyer ensuite la facture aux propriétaires concernés… », rappelle le député.

« Nous avons signé des marchés qui prévoient des pénalités en cas de retard. Si on se heurte à des zones qui ne sont pas élaguées, alors on les abandonne pour continuer d’avancer et elles ne seront traitées qu’en fin de période. Nous avons des cas où parfois la réticence d’un propriétaire pénalise 40 à 50 foyers qui ont pourtant besoin de la fibre », explique de son côté le représentant de la société Axians, chargée des travaux de pose de la fibre par Mégalis.

Les câbles sont-ils trop fragiles?

Dans son argumentaire le maire de Bohal met aussi en avant la fragilité des câbles supportant la fibre qui serait selon lui beaucoup plus cassant que des câbles classiques. « Faux… », rétorquent les techniciens. « A Pleucadeuc nous avons deux lignes de fibre optique qui alimentent un centre téléphonique en aérien depuis une quinzaine d’années et nous n’avons jamais eu de rupture… », souligne Jean-Charles Cadoret, chargé d’affaires du projet Bretagne Très Haut Débit.

Récemment des arbres sont tombés sur une de ces lignes et les techniciens nous ont conduit sur les lieux de l’impact, pour nous montrer que les câbles de fibre ont parfaitement résisté. « Sur chaque poteau, il y a des ressorts qui amortissent le choc et à chaque extrémité du câble il y a un dispositif qui permet en cas de choc de donner de la souplesse au câble qui s’affaisse mais ne casse pas », explique le technicien d’Axians qui nous offre une démonstration manuelle de la résistance du câble en question (photo ci-dessus)…

Jeudi soir devant l’OBC Alain de Chabannes a laissé entendre qu’un mouvement plus large se dessinait au niveau régional et national. Son intervention n’a pas laissé ses collègues indifférents et Jean-Luc Bléher, président de l’OBC a indiqué avoir adressé un courrier à Mégalis pour avoir des précisions.

Affaire à suivre…

Cette ligne comportant un câble de fibre (dans le fourreau vert) a résisté à la chute d’une énorme branche que l’on peut voir au sol, à droite

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