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Oust à Brocéliande

Publié le 14 novembre 2016

Pays de Ploërmel. Une Maison de santé peut en cacher une autre

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Si on vous demande s’il y a une maison de santé à Malestroit, vous répondrez sans doute non, qu’elle est en cours de construction. Si on vous demande s’il y a une maison de santé à La Chapelle-Caro vous répondrez sans doute oui et qu’elle fonctionne depuis longtemps.

Et bien ces deux réponses sont fausses. Deux exemples qui illustrent la grande pagaille qui règne dans le milieu de la santé et semble-t-il dans le Morbihan plus qu’ailleurs. C’est en tous cas ce que montre un article paru il y a quelques jours dans le très sérieux « Quotidien du médecin », journal de référence des professionnels de santé. Cet article pointe du doigt le développement anarchique des Maisons de santé pluri-disciplinaires dans le Morbihan en prenant pour exemple le cas de la région de Pontivy.

Nous avons voulu savoir qu’elle était la situation dans le Pays de Ploërmel. Et nos recherches nous ont plongé dans une situation très confuse. Car derrière cette appellation, se cachent des versions très différentes et même les élus les plus en pointe sur le sujet ont du mal à s’y retrouver.

C’est un tel bazar que nous avons choisi prendre les choses par le début et de revenir à la définition officielle d’une maison de santé plurisdisciplinaire. « Une maison de santé, c’est d’abord et avant tout, comme le précise le code de la santé publique (*), un projet de santé élaboré entre des professionnels de santé libéraux. Il doit associer deux médecins généralistes et plusieurs professions para-médicales », rappelle Marine Chauvet, directrice adjointe de l’agence régionale de santé chargée de l’offre de soins ambulatoires.

Un projet de santé partagé, pas un bâtiment

C’est là qu’il faut bien faire le distinguo entre ce projet de santé et les bâtiments. Car les deux ne sont pas obligatoirement liés. « C’est un projet entre des professionnels qui décident de s’organiser pour prendre en charge la patientelle d’un territoire. C’est un document écrit qui est ensuite validé par l’ARS », poursuit Marine Chauvet. Peu importe que ces professionnels soient hébergés dans un lieu unique ou pas. « Les professionnels engagés dans ce projet peuvent très bien exercer leur profession dans leur cabinet ou se regrouper dans un lieu unique. Ca n’est pas ça qui détermine la notion de maison de santé, c’est le projet et nous sommes là pour aider les professionnels à le construire, en collaboration avec l’URPS (union régionale des professionnels de santé)… Ce qui ne veut pas dire que d’autres équipes de professionnels de santé ne travaillent pas ensemble, de manière coordonnée et collective mais elles n’ont pas élaboré de projet de santé formalisé », insiste notre interlocutrice. C’est un travail qui demande la plupart du temps plusieurs années d’échanges. « A Malestroit, les premiers contacts avec les professionnels de santé remontent à 2011 et nous avons validé le projet en juin 2014… », détaille Marine Chauvet. Voila l’explication à notre petit quizz de départ. A Malestroit, la maison de santé existe donc sur le plan juridique depuis plus de deux ans. Le bâtiment qui est en cours de construction, constitue un « plus » pour les médecins, mais pas une obligation. La stratégie de la ville de Sérent qui privilégie l’achat de cabinets séparés pour accueillir les médecins est tout aussi valable. Par contre à La Chapelle-Caro le bâtiment qui héberge trois médecins n’est pas pour l’ARS une maison de santé. Parce qu’aucun projet n’a été élaboré entre les praticiens.

Tout ça est un peu compliqué. Mais la bonne compréhension de ces définitions est indispensable pour mieux comprendre le contexte. Car même les élus s’y perdent un peu. « Je lis souvent dans la presse l’annonce de l’ouverture d’une maison de santé. Et quand je consulte ma liste je m’aperçois qu’elle n’y figure pas… », analyse Marine Chauvet. En fait, beaucoup d’élus veulent avoir « leur » maison de santé. D’où la prolifération un peu désordonnée de projets. Yvette Folliard, maire de Ménéac, vice-présidente du Pays de Ploërmel en charge des problèmes de santé -et qui vient de perdre son unique médecin-  évoque couramment  la maison de santé de sa commune, réalisée en 2010 pour faire face au départ d’un médecin. « Au sens de l’ARS, ça n’en est pas une… », tempère Marine Chauvet.

Organisation au niveau du territoire

C’est bien d’ailleurs l’existence de « coquilles vides » dans le pays de Pontivy que montre le dossier réalisé par le Quoditien du Médecin. Et plusieurs élus tirent le signal d’alarme sur ces investissements peu productifs et surtout qui vont à contresens de l’évolution du système de santé. « Nous sommes à une époque où l’on ne peut plus avoir un médecin dans chaque commune. Il faut une organisation au niveau des communautés de communes… », reconnait Yvette Folliard. Une notion sur laquelle insiste aussi Marine Chauvet. « Même les patient devront s’adapter à cette nouvelle organisation qui doit prendre en compte l’offre de soins au niveau d’un territoire. La France est un des pays européens les mieux dotés puisqu’on a en moyenne un médecin à moins d’un quart d’heure de chez soi. Bien sur, il faut prendre en compte les problèmes de mobilité. Certains Départements donnent des tickets de transport pour permettre aux habitants d’aller chez leur médecin… », poursuit-elle.

Après avoir connu une forte évolution jusqu’à l’année dernière, la création de maisons de santé (au sens de l’ARS) stagne. En Bretagne qui est pourtant la Région la plus avancée dans ce domaine, 15% des professionnels de santé sont engagés dans ce processus, dix ans après les premiers balbutiements. « Une évaluation a permis de constater que là où ils sont en place, les projets de santé débouchent sur un maintien voire un développement de l’offre de médecine générale. On constate une augmentation du nombre de patients pris en charge, sans accroissement de l’activité des professionnels de santé », souligne Marine Chauvet.

Il faudra encore beaucoup de temps pour que cette évolution s’installe dans les esprits.

Mais où sont les médecins?

C’est la question que pose Yvette Folliard. Elle peine à dénicher le médecin qui acceptera de venir s’installer à Ménéac pour succéder au praticien parti à Sérent. Elle envisage avec son conseil de lancer une campagne de recrutement sur les réseaux sociaux. Mais beaucoup de communes en font autant. Participer au Généraliste Dating qui se déroulera dans quelques jours à Brest n’est pas non plus, selon elle, une solution pertinente. « Nous y recevons la visite d’étudiants qui ne seront pas disponibles avant deux ans. D’ici là… », indique Yvette Folliard qui s’inquiète pour l’avenir : « 42% des médecins du Morbihan ont entre 55 et 70 ans », constate-t-elle. Elle trace le profil de la nouvelle génération de médecins. « Les médecins ne veulent plus être taillables et corvéables à merci. L’époque du médecin de campagne disponible 24 heures sur 24 est révolue. Les jeunes veulent travailler en étant regroupés, ils sont confrontés au problème de leur conjoint qui doit trouver du travail. Ils veulent pouvoir concilier vie professionnelle et privé… », décrit-elle, constatant que les mesures incitatives qui se multiplient depuis des années « ne marchent pas ». « C’est un problème grave et il faut que les candidats à l’élection présidentielle s’en emparent… », prévient-elle.

Cherchez la Maison de santé

Voici deux listes de Maisons de santé, la première établie par l’ARS et la seconde fournie par le Pays de Ploërmel. Nous avons surligné en gras dans la liste de l’ARS celles qui se trouvent dans le Pays de Ploërmel.

Les MSP reconnues par l’ARS :

Kervignac; Groix; Belle île; Le Faouet/Langonnet; Plouay/Inguiniel; Gourin; Ambon; Questembert; Malestroit; La Roche Bernard; Josselin; Mauron; Guer; Allaire; La Gacilly: Ploërdut; Guémené sur Scorff; Bréhan; Cléguérec

Les structures considérées comme MSP par le Pays de Ploërmel :

Ploërmel; Ménéac; Josselin; Guégon; La Chapelle-Caro; Malestroit; Guer (en projet)

(*) « La maison de santé est une personne morale constituée entre des professionnels médicaux, auxiliaires médicaux ou pharmaciens.

Ces professionnels assurent des activités de soins sans hébergement de premier recours au sens de l’article L. 1411-11 et, le cas échéant, de second recours au sens de l’article L. 1411-12 et peuvent participer à des actions de santé publique, de prévention, d’éducation pour la santé et à des actions sociales dans le cadre du projet de santé qu’ils élaborent et dans le respect d’un cahier des charges déterminé par arrêté du ministre chargé de la santé. (Article L6323-3 du code de la santé publique) »

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1 commentaire "Pays de Ploërmel. Une Maison de santé peut en cacher une autre"

  1. Bref le système est une pétaudière . Nous finançons les études de nos carabins et après libres à eux de monnayer leurs services
    mais pas à moins de 100 000€ par an
    Visiblement l’ARS n’a pas la volonté de faire prévaloir le service public’,encore moins de rechercher le médecin qui voulait 8000€ par mois en plus pour exercer à Sérent et mettre en garde les maires sur leur technique de rabattage pour un gibier qui n’en vaut pas la peine ; un pharmacien ,un infirmier pourraient efficacement remplacer ces commerçants.
    a priori les britanniques ne sont pas plus mal soignés , les délais sont plus longs mais on attend 3à 4 mois à Ploërmel pour certaines consultations

    .

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