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Publié le 12 novembre 2015

Ploërmel/Guer. La fusion intercommunale fait des étincelles

Patrick Le Diffon (à gauche) et Jean-Luc Bléher (à droite) en marge d'une réunion du Pays de Ploërmel en octobre 2014
Patrick Le Diffon (à gauche) et Jean-Luc Bléher (à droite) en marge d’une réunion du Pays de Ploërmel en octobre 2014

Ca barde entre Ploërmel et Guer autour de la fusion intercommunale. La carte du nouveau découpage des intercommunalités du Morbihan établie par la préfecture prévoit la création d’un EPCI (établissement public de coopération intercommunale) regroupant Josselin, Mauron, Porhoët et Ploërmel et un autre unissant Guer, Malestroit et La Gacilly.

Une réorganisation qui ne convient pas du tout à Patrick Le Diffon, le maire de Ploërmel et président du Pays de Ploërmel. Il a adressé un courrier à tous les maires du Pays de Ploërmel et de la communauté de communes de La Gacilly, fin octobre, dans lequel il fait part de sa réflexion, ce qui lui a valu une réponse assez sèche de son collègue, Jean-Luc Bléher, maire de Guer. Voici des extraits de ces courriers dont nous avons eu connaissance.

« Pour ma part, je privilégie un autre scénario à savoir un EPCI regroupant le pays de Ploërmel plus la communauté de communes de La Gacilly », écrit Patrick Le Diffon. Dans ce document, il émet des suggestions pour maintenir la proximité entre cette structure et les citoyens qui portent sur l’amélioration de la mobilité et le renforcement du réseau des Maisons de service public. « Cette notion de proximité n’est pas incompatible au dimensionnement « pays » d’une future intercommunalité. Bien au contraire, elle doit assoir, confirmer, solidifier une armature urbaine… », explique Patrick Le Diffon. Mais il avance ce qu’on peut considérer comme un atout majeur à ses yeux. Il souligne le fait que les 732 000 habitants du Morbihan sont répartis à raison de 450 000 sur la bande côtière et 280 000 dans l’intérieur. « Les 450 000 sont aujourd’hui organisés en 3 grandes agglomérations : Vannes, Auray-Quiberon et Lorient. Pour les 275 000 autres, il faudrait 6 ou 8 communautés de communes, ce n’est pas sérieux à terme!!! En ce qui nous concerne ce serait une communauté de communes à trois, soit 40 000 habitants, plus une communauté à quatre soit encore 40 000 habitants, et bien je suis désolé mais 2×40 000, cela n’aura jamais la même force ni le même poids qu’un 1×80 000 », martèle le maire de Ploërmel.

En ce qui concerne la « gouvernance » (ndlr: autrement dit qui sera le patron), un sujet qui agite toutes les communautés de communes, elle « sera ce que nous en ferons, les problèmes de gouvernance doivent se régler et s’effacer derrière un projet commun pour notre territoire. Je ne dis pas que c’est facile ou que ce sera facile demain. Mais à mon avis, la facilité ce n’est pas de rester petit, peu visible et de laisser passer cette opportunité », analyse Patrick Le Diffon qui prévient « attention, la faiblesse des prix du m2…/… ne suffit pas à garder nos habitants et surtout les jeunes. Ce sont eux qui feront la richesse du pays à terme. Doit-on dans le pays de Ploërmel, vider nos campagnes et devenir un EHPAD (ndlr: établissement d’hébergement pour personnes âgées)? »…

Ce long courrier de 4 pages n’est pas resté sans réponse. Quelques jours plus tard, c’est le maire de Guer, Jean-Luc Bléher qui à son tour a pris la plume pour répondre « à notre collègue maire de Ploërmel ». « Si je respecte son point de vue, je ne le partage pas forcément et sur la forme et sur le fond », écrit-il. Sur la forme, Jean-Luc Bléher dénonce ce qu’il considère comme une pression : « il appartient au maire et à son conseil de mener les réflexions et affaires municipales comme ils l’entendent et en l’espèce de se prononcer librement et sans pression aucune sur le nouveau schéma départemental de coopération intercommunale que propose le préfet ». Par ailleurs le maire de Guer regrette que Patrick Le Diffon n’ait pas prévenu de cette initiative « ayant l’ocaasion de nous rencontrer avec mes 5 collègues président d’EPCI… »

Sur le fond, Jean-Luc Bléher répond point par point aux arguments du maire de Ploërmel. Il reproche « l’impression d’un programme unilatéral et non pas d’un projet qui doit être élaboré collectivement ».

La proximité. Selon le maire de Guer, les citoyens demandent « plus de proximité », « plus de lien », « plus de repères ». « Il me semble pertinent et raisonnable de retenir un périmètre d’intercommunalité à dimension humaine, comme cela est proposé par le préfet…/…passer de 7 à 32 communes, plutôt que 7 à 64, me parait plus cohérent notamment pour une meilleure prise en considération des petites communes et de leurs habitants », explique-t-il, estimant que ce n’est pas la taille d’une intercommunalité qui détermine pas l’ambition d’un territoire mais l’engagement des élus par exemple.

Agglomération. Les structures intercommunales du littoral ne peuvent pas être comparées à celle de l’intérieur, selon Jean-Luc Bléher, s’agissant d’agglomération autour de grandes villes (Vannes). « Cette configuration est sans commune mesure avec notre réalité territoriale », écrit l’élu qui conseille « restons modestes et réalistes, ce qui ne signifie pas sans ambitions. Rien n’empêche dans un premier temps que des conventions de partenariat soient passées entre les deux futurs EPCI ».

Gouvernance. « Elle sera lourde, reconnait le maire de Guer. Mais sans aucun doute plus facile et mieux adaptée aux enjeux que j’ai évoqués si l’on retient deux entités d’égale importance et autour de 40 000 habitants chacune »

L’EHPAD ne passe pas. L’image d’EPHAD utilisée par Patrick Le Diffon lui vaut une réponse cinglante : « permettez-moi de m’étonner du terme d’EPHAD employé par notre collègue Patrick Le Diffon, terme pour le moins maladroit pour évoquer l’avenir du Pays et terme désobligeant à l’endroit des personnes hébergées en EPHAD, de leur famille et des salariés actifs qui y travaillent et qui contribuent au dynamisme de notre territoire et qui pour la plupart d’entre eux habitent, vivent dans nos communes ».

Comme on le voit, la fusion des intercommunalités n’est pas un long fleuve tranquille.

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