Loisirs-culture

Publié le 22 avril 2024

Carhaix. Les Vieilles Charrues craignent de vivre leur dernière édition

Engluées dans une polémique avec la ville de Carhaix et la communauté de communes, Les Vieilles Charrues lancent un appel à l’aide aux élus du centre-Bretagne pour « sauver le festival ». En répertoriant les points de divergence avec les collectivités locales, l’équipe des Vieilles Charrues, estime ne plus avoir de marge de manoeuvre et redoute la fin pure et simple du festival

« Malheureusement, si rien n’évolue d’ici cet été, l’édition 2024 des Vieilles Charrues pourrait bien être la dernière.

L’association des Vieilles Charrues »

Voici le communiqué diffusé par l’association :

« Les récentes décisions de la municipalité de Carhaix et de Poher communauté condamnent l’avenir des Vieilles Charrues. Nouvelles pertes de terrain (parkings, campings), préemption de nos futurs bureaux et de l’entrée principale de l’événement, récente taxe de près de 400 000€ pour l’utilisation du site : ce ne sont plus des menaces qui pèsent sur le festival, mais des choix faits en connaissance de cause.

Préemption abusive

Dès l’été 2023, le festival a publiquement annoncé son intérêt pour les locaux des anciennes chambres consulaires (sur le parking desquelles est située l’entrée principale de l’évènement) et un compromis de vente a été signé le 1er décembre dernier. L’association prévoyait une occupation de ces nouveaux locaux à compter de l’été 2024.
Alors que la vente devait se conclure définitivement, la municipalité nous a fait connaître le 23 février par huissier et juste avant la fin du délai légal, la décision de préempter le bâtiment. Nous regrettons vivement une absence d’échanges préalables ou d’explications.

Pertes successives de terrains

Poher communauté nous a annoncé le 8 mars dernier avoir pris la décision de ne plus mettre à disposition la moitié des terrains occupés par les campings du festival dès 2026, et nous impose de les déménager. Or, et nous les alertons régulièrement depuis 2018, cette décision n’est absolument pas adaptée : la zone proposée en compensation est déjà utilisée à 75 % pour pallier les pertes de terrains de ces dernières années ; cela obligerait les festivaliers à effectuer le double de la distance qu’ils parcouraient jusqu’à présent pour rejoindre le camping (de surcroit en partie sur une section non sécurisée).
La convention ratifiée avec la Région Bretagne et Poher communauté en décembre 2023 promettait la sécurisation des terrains mis à disposition pour les campings et certains parkings du festival.
Pour couvrir l’ensemble des parcelles nécessaires à la bonne organisation de l’événement, la Région puis l’association ont proposé d’acquérir les terrains accueillant nos actuels campings. Des propositions étonnamment restées sans réponse de la part de Poher communauté.

Nouvelle taxe annuelle de 367 000 €

La Ville de Carhaix nous adressé le 12 avril, à moins de trois mois du festival, une facture de 367 000 € pour l’utilisation de la prairie de Kerampuilh, de bâtiments et la mise à disposition d’agents communaux. Malheureusement, encore une fois, il n’y eu aucune concertation ni “signe d’annonce” sur le sujet.
Nous avions pourtant signé en juillet 2023 une autre convention de mise à disposition sur cinq ans avec la Ville. Jamais il n’a été fait mention de la mise en place d’une tarification.
La Ville prévoit de financer grâce à cette taxe des installations, sans plus de précisions, sur la prairie. Alors même que nous appelons de nos vœux depuis 10 ans des travaux d’aménagement, que nous sommes prêts à co-financer. Pour rappel, nous n’avons jamais eu l’intention de privatiser Kerampuilh. Au contraire, nous avons toujours affirmé que ces installations bénéficieraient à tous les utilisateurs tout au long de l’année.
Compte tenu des multiples contreparties déjà apportées par le festival à la Ville – notamment plus de 2 millions d’euros de dons, de travaux, de spectacles, et l’équivalent de 2 000 billets offerts chaque année à la mairie – nous jugeons cette taxe excessive et injuste.

Encore et toujours attachés à Carhaix

Les Vieilles Charrues tiennent profondément à leur modèle 100% associatif, à but non lucratif, porté par une cinquantaine de membres garants de leurs valeurs, fortes de la participation de plus de 7 000 bénévoles appartenant à près de 130 associations du territoire, auxquelles sont reversés chaque année plus de 140 000 €, soit 2,4 millions depuis plus de 20 ans. La jauge du festival est la même depuis 22 ans et le format de quatre jours est inchangé depuis 18 ans.
Ce sont aussi chaque année des retombées économiques et médiatiques importantes pour Carhaix et le Centre-Bretagne (source étude GECE 2019) : 18 millions d’euros au total dont 5 millions sur le Centre-Ouest-Bretagne et 2 500 emplois directs et indirects.
Dans un contexte économique que nous connaissons tous, c’est toujours avec la même force que nous luttons pour proposer à toutes et à tous l’accès au festival avec une programmation extraordinaire et des tarifs les plus bas possibles.
Face aux revirements incessants (bail emphytéotique, puis SEM, puis SPL ; terrains mis à disposition puis payants ou supprimés ; préemption), nous avons le sentiment de vivre un acharnement à l’encontre de notre association. L’accumulation de ces décisions nous mène dans une impasse. Nous avons sans cesse dû nous adapter ces dernières années. Aujourd’hui, nous n’avons plus aucune marge de manœuvre, ni solution de repli autour du festival.
Nous sommes toujours et plus que jamais viscéralement attachés à Carhaix et à ses habitants depuis près de 30 ans et nous ne pouvons imaginer la fin des Vieilles Charrues : nous en appelons désormais aux élus centre-bretons pour sauver le festival.
Malheureusement, si rien n’évolue d’ici cet été, l’édition 2024 des Vieilles Charrues pourrait bien être la dernière.
L’association des Vieilles Charrues«