Publié le 15 avril 2024

La Gacilly-Rieux. Débrayage intersyndical sur les sites Yves Rocher

« L’entrée au classement Forbes 2024 (ndlr : le classement des personnalités les plus riches de la planète) du patron du groupe, c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase… », souligne Erwan Castel, le délégué syndical central CGT Yves Rocher. Ce lundi matin, environ 80 salarié(e)s du site Yves Rocher de La Gacilly et près de 60 de celui de Rieux ont quitté leurs ateliers pour répondre à un appel au débrayage lancé par une intersyndicale qui rassemble la CGT, Force Ouvrière et la CFDT. Les salarié(e)s des équipes de l’après-midi étaient susceptibles de rejoindre le mouvement. Une participation qui satisfait les organisations syndicales dans une entreprise peu coutumière des mouvements sociaux. La création de cette intersyndicale inédite a de l’avis même des organisateurs, un effet fédérateur…

Mais au-delà du classement Forbes, c’est un ensemble de problèmes qui suscitent l’inquiétude des salarié(e)s. Celui qui reste en travers de la gorge des syndicats, c’est l’évolution salariale. Ils condamnent « la mémorable et historique augmentation générale de 0,00000% des salaires qui a conclu la dernière NAO (négociation annuelle obligatoire) », une décision inédite souligne Erwan Castel et qui prend un relief particulier avec le classement Forbes. Les syndicats reconnaissent par contre l’octroi de primes t’intéressement généreuses mais soupçonnent une manoeuvre pour atténuer le choc du « zéro » augmentation de salaire…Mais il y a aussi des craintes sur une « main-mise » de plus en plus forte de la direction sur les RTT et congés.

Inquiétude encore sur l’évolution de la masse salariale qui se cache derrière la GEPP (Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels) ce que les syndicats assimilent à « un plan social masqué » et qui pourrait déboucher sur plus de suppressions d’emplois que prévu. Au départ, cette GEPP prévoyait la suppression de 300 emplois sur 3 ans dont la fermeture du site de Ploërmel. Depuis, le site de Ploërmel a été « sorti » de la GEPP et garde une centaine d’emplois. Mais la nouvelle « cartographie » dévoilée aux syndicats prévoit 297 emplois en moins dans les 2 ans à venir. Les organisations font les additions et les soustractions et trouvent un total supérieur aux 300 postes de départ. Ils ajoutent encore à cela des craintes sur 260 postes « en transformation » qui pourrait également provoquer des départs…

Mais les trois organisations syndicales se réjouissent d’avoir obtenu une victoire, là encore inédite chez Yves Rocher. Majoritaires au comité dentral d’entreprise, ils ont pu, pour la première fois, imposer le lancement d’un audit économique qui aura lieu à l’automne. « Cela va nous donner des outils. On va enfin savoir comment l’argent est distribué, quelle est la santé économique réelle du groupe… », se réjouissent-ils.

Ce lundi mati, Erwan Castel s’exprimait à Rieux, tandis que Yannick Touron (CFDT), Pierre Jacques Blanchard (délégué central CGT suppléant) et Nadine Doudard (déléguée centrale Force Ouvrière) prenaient la parole devant les salarié(e)s des sites de La Gacilly. Et ils ont prévenu qu’en cas de nouvelles propositions salariales insuffisantes lors de la prochaine NAO, ils appelleraient immédiatement à des débrayages.

Revivez ces différentes prises de parole dans notre vidéo.