Oust à Brocéliande

Publié le 2 avril 2024

Malestroit. Commerces : la Maison Guihard devient la Maison Salaün

C’est un évènement dans le monde économique local. Jean-François Guihard a décidé de passer la main. « Je vais prendre de grandes vacances… », s’amuse-t-il à dire, même si ceux qui le connaissent imaginent mal le voir rester inactif en prenant sa retraite. Depuis ce week-end, une affichette collée sur la vitrine de sa boucherie-charcuterie de la place Queinnec à Malestroit prévient la clientèle : la Maison Guihard devient la Maison Salaün.

On savait que Jean-François Guihard souhaitait vendre son commerce depuis quelques temps déjà, mais il voulait que cette transition respecte l’exigence de rigueur et de qualité qui s’attache à l’image de son commerce. Ce n’est pas un hasard si Jean-François Guihard occupe les fonctions de président de la confédération nationale de la boucherie et d’Interbev, l’interprofession du bétail et de la viande et s’est affirmé comme un farouche défenseur de l’artisanat et de la filière viande… « Nous sommes installées à Malestroit, il y a tout juste 37 ans. C’était le 2 avril 1987… », se souvient-il. Sa boucherie-charcuterie-traiteur est devenue une véritable PME employant 9 salariés et un apprenti avec une 2è boutique à Redon…

Il fallait donc trouver le repreneur qui soit « à la hauteur ». Le hasard d’une rencontre s’en est chargé. Guillaume et Alexandra Salaün, un finistérien de 32 ans et une bourguignonne de 33 ans, travaillaient dans l’agro-alimentaire depuis une dizaine d’années. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur Guillaume était notamment spécialisé dans la viande. Ils ont fait la connaissance de Louise, la fille de Jean-François et Yvette Guihard. C’est ainsi que des contacts se sont noués dans ce cercle familial et professionnel élargi. Jean-François et Yvette ont rencontré à plusieurs reprises Guillaume et Alexandra. Jean-François Guihard a vite décelé chez le jeune couple les capacités à reprendre son commerce et leur a plusieurs fois tendu la perche. « Vous savez que ma boucherie est à vendre et je vous verrai bien la reprendre ». Sur le ton de la boutade en apparence, mais pas tant que ça… Jusqu’à l’année dernière. « On s’est retrouvés à l’occasion d’un barbecue, autour d’une côte de boeuf… », sourit Alexandra. Et là, le ton est devenu plus sérieux : « vous savez, je vous y vois vraiment ».

De leur côté Alexandra et Guillaume, s’interrogeaient sur le sens à donner à leur vie professionnelle et familiale. Parents de deux fillettes de 4 et 8 ans, ils aspiraient à pouvoir trouver une activité qui leur permette d’associer harmonieusement vie professionnelle et vie familiale. « Si on n’avait pas rencontré Jean-François Guihard, on n’aurait peut-être pas repris une boucherie… », reconnaissent-ils. Ils ont acquis les compétences complémentaires nécessaires mais surtout ils ont bénéficié du soutien inconditionnel de Jean-François Guihard qui les a formés et continuera à les accompagner « je serai à leurs côtés le temps qu’il faudra », ajoute-t-il. « Notre volonté c’est de respecter le travail accompli par Jean-François et de le poursuivre… », résument les jeunes gens qui ont déjà une solide expérience de la gestion d’équipes de plusieurs dizaines de salariés. Ils reprennent la boutique de Malestroit et celle de Redon et poursuivront l’activité de traiteur et peuvent aussi s’appuyer sur les compétences inestimables des salariés de la Maison Guihard dont certains sont présents dans l’entreprise depuis 20 et 30 ans.

Le passage de relai officiel aura lieu en cette fin de semaine. Alexandra et Guillaume portent déjà la veste brodée au nom de « Maison Salaün ». D’un contact très agréable, vous pourrez faire plus amples connaissance avec eux vendredi et samedi matin. Ils recevront leurs clients à l’occasion d’un moment de convivialité en compagnie de leur prédécesseur. Puis la boutique sera fermée de samedi 6 jusqu’au jeudi 11 avril.

« Je vais avoir plus de temps libre… », analyse Jean-François Guihard. Egalement conseiller municipal d’opposition à la mairie de Malestroit, il reste énigmatique sur la suite de sa carrière politique locale mais indique qu’il poursuivra ses mandats dans l’interprofession jusqu’à leurs termes en…2026.