Oust à Brocéliande

Publié le 12 avril 2023

Lizio. Energies: la révolte des victimes de la flambée des factures

Chefs d’entreprises, exploitants agricoles, commerçants… Ils sont une vingtaine à avoir répondu à l’appel lancé par Romain Le Goaster, le patron de l’entreprise Bois et Bûches installée à Lizio. C’est peut-être le début d’un mouvement qui prend déjà une ampleur régionale. Le chef d’entreprise lizotais est pris à la gorge par la flambée des prix de l’énergie, en l’occurrence sa facture d’électricité qui est passée de 7000 à 30 000 euros en janvier et en février. « Impossible à payer pour moi ! C’est l’estocade et concordance des temps cela arrive au moment ou je dois commencer à rembourser mon PGE Covid », explique-t-il. Un contexte qui menace la survie de son entreprise. « Je risque de devoir mettre la clé sous la porte, malgré une baisse de ma consommation électrique liée à des mesures que nous avons mises en place en interne », souligne-t-il. Alors, depuis quelques semaines, il remue ciel et terre pour essayer de faire bouger les choses, d’obtenir de l’aide. Sa dernière initiative a été de lancer l’idée de la création d’un « Collectif-Energie : association de défense des artisans, des fermes et des usines en danger ». Dans un plaidoyer que nous avons diffusé (lire en cliquant ici) il proposait un plan d’action en trois points et invitait ses homologues à participer à une réunion, ce mercredi matin dans son entreprise de Lizio.

L’incroyable flambée des factures d’électricité

Et visiblement il n’est pas seul à être confronté à ce problème. Si une vingtaine de participants étaient présents ce matin, Romain Le Goaster explique avoir reçu des dizaines d’appels et de messages de professionnels prêts à rejoindre le mouvement. Les témoignages fournis ce matin vont tous dans le même sens: des factures d’électricité qui tombent pour le 1er trimestre affichant des hausses faramineuses. C’est le cas de la scierie Année de Saint-Martin-sur-Oust qui a vu passer sa facture de 80 000 à 190 000 euros, de ce producteur de plants de pommes de terre du Finistère pour qui la note passe de 13 500 à 54000 euros, alors qu’il a réalisé 20% d’économie de consommation grâce à des panneaux solaires. Pour un autre exploitant agricole de Saint-Malo des Trois Fontaines la facture passe de 6000 à 76 000 euros pour un mois et il doit faire tourner des groupes électrogènes pour limiter la casse…

Des chefs d’entreprises au désespoir

Tous les témoignages concernent des fournisseurs d’énergie différents et tous évoquent un processus similaire: un mail anodin tombé en pleine nuit en novembre, informant laconiquement d’un changement de tarification. Et puis les factures « coup de massue » qui tombent ces dernières semaines avec ces hausses vertigineuses, incohérentes les unes par rapport aux autres. Un véritable tsunami économique qui met en péril des dizaines d’entreprises, tous secteurs confondus et qui créé des drames humains et psychologiques. Romain Le Goaster témoigne avoir reçu des appels d’exploitants en larmes, dont certains prêts à commettre l’irréparable…

Les différents témoignages fournis montrent une sorte de « jungle », sans règles si ce n’est celles d’un profit aveugle et injustifié sur le plan économique notamment par rapport aux cours mondiaux de l’énergie. Sentiment renforcé par les inégalités de traitement qui semblent exister même entre des clients d’un même fournisseur d’énergie.

Création d’une association et procédure judiciaire

L’arrivée des factures et des nouveaux contrats de ce premier trimestre provoque un véritable vent de panique chez tous ces professionnels, qui savent qu’ils ne pourront plus faire face longtemps. Réunis autour de Romain Le Goaster, ils ont établi un véritable plan de bataille qui se décline en trois points: la contestation des factures, la pression sur l’Etat pour obtenir au moins un délai suffisant pour s’adapter et enfin à plus long terme la recherche de moyens d’assurer leur souveraineté énergétique.

Informelle au départ, la réunion de ce jeudi matin a débouché sur des décisions fortes: la création d’une association puis la recherche d’un avocat afin d’engager des procédures judiciaires.

La première action de la toute nouvelle association est d’organiser une sorte d’assemblée générale chez un des adhérents dès le 24 avril prochain afin de grossir les rangs de l’association et d’envisager des actions futures.