
Publié le 13 février 2021
Magazine. Au 18è siècle, les épidémies déciment la Bretagne
L’histoire est un perpétuel recommencement… Cette citation de Trucydide (460 avant JC) peut s’appliquer aux maladies contagieuses. A l’heure où l’humanité se bat contre le coronavirus, on peut ainsi faire un petit retour dans le passé et de se replonger au 18è siècle pour se remémorer une période tragique de la Bretagne, frappée par une épidémie d’affections respiratoires et pulmonaires…
La grippe fait son apparition en Bretagne au courant de l’hiver 1775-1776. Beaucoup de personnes sont retrouvées mortes de froid dans les chemins. Beaucoup d’enfants décèdent et des nouveaux nés sont retrouvés gelés dans leurs langes. La mer a gelé le port de Saint-Brieuc et ceux environnants. Les affections respiratoires et pulmonaires se multiplient de novembre 1775 à mi-mai 1776. La grippe devient épidémique avec 300 personnes hospitalisées. Elle va toucher quasiment toute l’Europe en juillet 1776.
Le docteur Jean-Louis Bagot (1727-1794) est maire de Saint-Brieuc et député. Ils’est déjà illustré à Brest pour son dévouement face à l’épidémie de peste. D’abord
médecin-chirurgien de marine, il est nommé par le roi Louis XV : “médecin des épidémies en Bretagne”. En 1776, sous le règne de Louis XVI, il relie cette affection
respiratoire contagieuse, à cet hiver particulièrement rigoureux dans notre région. A ce moment-là, toujours selon le docteur Bagot, 1/6 de la population bretonne est
touchée par la maladie. Il confie dans ses écrits : “Rien n’est exagéré, je le vois de mes yeux”. Les vieillards périssent, contre peu de personnes adultes.
De 1777 à 1788, la coqueluche et des esquinancies diverses : angines, affections du larinx (larynx), du pharinx (pharynx) et de la trachée artère règnent en Bretagne. Toutes ces maladies sont mortelles et ressemblent à la maladie, que les Anglais appellent : “le Croup”. Il y a aussi la péri-pneumonie, la pleurésie et la tuberculose, vieille comme le monde, et pour laquelle il n’y a pas encore de traitements. La Bretagne paie un lourd tribut parmi les malades les plus fragiles, les vieillards en particulier. Quant aux enfants, ils succombent aux angines et aux coqueluches. Les baptêmes enregistrés sont très inférieurs aux sépultures de nouveaux nés. En quinze ans, la Bretagne, pourtant seconde province de France, perd 3,7% de sa population, alors que le royaume enregistre une progression de 6% à la même période. Les archives éclairent sur l’origine de cette épidémie et mettent en cause la misère, les conditions d’hygiène, l’alimentation, l’habitat, le coût des soins et la précarité des connaissances de la population. Après que les hôpitaux militaires soient inspectés à Brest, à Morlaix, à Lorient, à Port Louis et à Quimper, le comte de Langeron effectue, en 1787, une inspection générale des hôpitaux de Charité et des Hôtels Dieu du territoire breton : Brest, Morlaix, Lorient, Rennes, Landerneau, Saint- Malo, Belle-Ile-en-mer, etc…
Quant à Jean-Louis Bagot, à l’avant garde des enquêtes médicales, il a laissé une mine de renseignements démographiques et dressé un tableau des principales maladies, qui ont affecté la région. Un grand nombre de sources d’archives donnent des indications sur les conditions sanitaires et les régimes alimentaires…
Plusieurs villes en Bretagne ont donné le nom du docteur Jean-Louis Bagot à une rue : St-Brieuc, Roscoff, Trégueux, et même Nantes dans le 44.
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