Ploërmel. Un programme européen pour sauver le Lac au Duc
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Publié le 8 juin 2019
L’avenir du Lac au Duc passionne. Une centaine de personnes ont participé, vendredi soir à la réunion publique organisée sur ce thème à la salle des fêtes de Ploërmel. Une fréquentation exceptionnelle qui a même surpris les organisateurs. Ce lac comme beaucoup d’autres en Bretagne, mais partout en France et dans le monde est confronté au problème de la prolifération des cyanobactéries, des micro-organismes qui posent des problèmes de santé publique.
Concrètement, cela se traduit sur le Lac au duc par des interdictions de baignade qui vont à l’encontre de ce qui semble être la destination de cette étendue d’eau majeure de la Bretagne intérieure: être un lieu de détente et de sports nautiques et aussi un atout économique. Ce lac est, avec plusieurs autres plans d’eau français et du Royaume-Uni, au coeur d’un programme de recherche européen dont l’objectif est d’étudier ce phénomène et de trouver des parades. C’est dans ce cadre que l’an dernier, une expérience a été menée à partir d’un traitement avec du peroxyde d’hydrogène (ndlr: de l’eau oxygénée) dans une zone de baignade confinée, qui n’a pas apporté de solution fiable.
Alors, existe-t-il un espoir de voir un jour s’améliorer la qualité des eaux du lac au duc et de bien d’autres plans d’eau confronté à ce problème? C’était le thème de la réunion organisée vendredi soir. Elle devait permettre au public d’entendre les témoignages des associations qui travaillent autour du lac au duc et d’obtenir des réponses de la part des experts internationaux qui se penchent à son chevet. Petit regret, le représentant de l’ARS et l’un des scientifiques qui devait présenter des observations faites au microscope à partir de prélèvements effectués l’après-midi même dans le lac n’avaient pas pu se déplacer. Gérard Payot référent du pôle eau de l’association Polen a cependant évoqué les conséquences -notamment financières- de cette prolifération de cyanobactéries sur l’eau potable.
Claudia Wiegand, chercheuse à l’université de Rennes a fait une synthèse très claires des connaissances aujourd’hui disponibles sur la situation du Lac au Duc. On peut en retenir deux messages. Le premier c’est sa conviction que des solutions efficaces existent et elle a donné des exemples de traitement ayant apporté des réponses satisfaisantes dans certains lacs, mais que chaque cas est particulier. Le deuxième, c’est qu’il faudra être patient, le temps que les habitudes changent sur les pratiques culturales, sur la reconstitution des haies bocagères…
La particularité aggravante du Lac au Duc c’est l’énorme quantité de sédiments qui en occupent le fond et sa faible profondeur. La solution radicale c’est de le nettoyer, mais cela représente un investissement considérable et qui ne résout pas l’équation de base: s’il y a des cyanobactéries, c’est qu’il y a du phosphore. Il faut donc avant toute chose régler le problème du déversement de ce phosphore dans le lac…
En attendant, il y a les solutions « d’urgence » comme celle mise en oeuvre l’an dernier mais qui ne sont efficaces que pour une durée très limitée. Il y a aussi des recommandations: encourager la croissance des plantes qui vont capter le phosphore mais les composter loin du lac pour qu’elle ne restitue pas cet élément dans le lac, réduire la présence de certains poissons de fond tels que la carpe ou la brême qui en fouillant dans la vase libèrent le phosphore…
Mais le sentiment que l’on peut tirer de cette soirée, c’est la nécessité d’une prise de conscience collective. Car c’est bien chacun d’entre nous qui possédons un petit morceau de la réponse que nous soyons simple particulier, agriculteur, industriel…
C’est là qu’entre en jeu la notion de « patience » pour aboutir à une réponse durable et il faut même parler de très grande patience qui doit s’évaluer en décennies. Courage, c’est une mission à conduire pour les générations futures.
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