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Pays de Malestroit

Publié le 13 février 2019

Sérent. Ferme de Trévero: Benjamin et Régis, pionniers d’une autre agriculture

Paysans philosophes. Ils incarnent sans doute une nouvelle génération d’agriculteurs qui puise ses racines dans la volonté d’être les maillons d’une chaîne alimentaire très courte dont les maîtres mots seraient qualité, respect des animaux, des consommateurs, de la nature mais aussi défenseurs d’un certain art de vivre et de travailler. Benjamin Frezel et Régis Durand ont une trentaine d’années. Ils viennent de reprendre la ferme de Trévero à Sérent. Leur parcours est atypique. Ils ne sont pas issus d’une longue tradition agricole familiale. Benjamin a fait des études en lycée agricole à Rennes plutôt dans la branche paysage. Mais au contact des autres filières il a découvert sa voie: devenir exploitant agricole et c’est dans ce domaine qu’il a préparé un BTS. Corrézien d’origine, Régis vivait dans un monde agricole. Mais c’est dans l’environnement qu’il a mené des études d’ingénieur près de Rennes. Après quelques années de travail dans le secteur du traitement de l’eau, il a lui aussi bifurqué vers l’agriculture bio dans le cadre d’une reconversion. Et c’est le hasard de ces deux vies à la recherche de cette carrière professionnelle dont ils rêvaient, capable de leur permettre de vivre épanouis qui a provoqué leur rencontre et la découverte de cette aspiration commune.

Un long chemin semé d’embûche, de petits boulots, de renoncement les attendaient avant enfin de trouver la ferme dont ils avaient dressé le profil dans un cahier des charges strict: des terres le plus regroupées possible autour de la ferme et un environnement soigné. C’est au village de Trévero qu’ils ont trouvé cette exploitation dont les terres plongent sur la vallée de la Claie. Restait à l’acquérir. Pas question de s’endetter pour devenir propriétaire. Ils ont choisi une autre solution peu répandue. C’est l’association « Terre de Liens » qui a acheté l’exploitation dont ils seront locataires. Cette association rassemble des fonds par le biais de dons notamment qu’elle réinvestit dans l’achat d’exploitations agricoles afin de faciliter l’installation de jeunes agriculteurs.

Benjamin et régis le disent clairement: ils n’avaient rien. Pas de biens personnels, pas d’apport, pas de garantie… mais ils ont quelque chose d’inestimable: une conviction chevillée au corps celle d’avoir fait le bon choix et d’avoir construit un projet techniquement « carré », mais un projet de vie. Après avoir arrêté l’activité de la ferme de Trrévero, la production laitière conventionnelle, ils se lancent dans une production qui intègre une conception globale, un peu à l’image de l’économie circulaire. Sur leurs terres ils cultiveront des grandes cultures destinées à l’alimentation humaine, pour une production atypique: blé panifiable, lentilles, orge brassicole, pois chiche, des végétaux produisant de l’huile telle que la cameline -appelée aussi lin batard, c’est une plante qui était cultivée depuis des millénaires en Europe, réputée pour ses propriétés-. Or, tous ces végétaux produisent des co-produits (le son par exemple) que les deux associés comptent bien valoriser pour alimenter leur production animale: poules pondeuses, porcs en plein air. Quand aux bovins issus des éleveurs de Bohal et Saint-Marcel, ils seront engraissés de 8 mois à 3 ans, avec l’herbe des prairies intégrant la rotation des cultures… Et pour aller au bout de leur logique, ils se sont associés avec trois autres exploitations locales pour ouvrir une épicerie paysanne à Malestroit (lire notre article en cliquant ici).

Et c’est avec ce dossier sous le bras, sans argent mais avec une passion qui décuple leur pouvoir de persuasion qu’ils ont fait tomber des montagnes. Deux banques ont décidé de les soutenir et le comité du fonds BRIT (Bretagne reprise Initiative Transmission) qui reçoit des aides de la région leur a accordé un prêt d’honneur de 50 000 euros avec un différé de remboursement de trois ans. De quoi tenir le coup en attendant que leur production se mette en place. Tous ces interlocuteurs ont « craqué » devant la cohérence et cette espèce d’envie de réussir irrésistible qui transpire de ce dossier exemplaire.

« Ce qui se passe dans l’agriculture est incroyable. On peut estimer qu’environ 30% des dossiers qui nous parviennent sont montés par des gens qui n’ont aucun lien avec l’agriculture. C’est une tendance de fond qui montre bien que l’agriculture est en train d’évoluer vers une nouvelle ère… », analyse Patricia Lasnier, co-président d’Initiative-Bretagne, venue remettre le chèque aux deux associés, ce mercredi après-midi en compagnie de Pierre Payoux, président d’Initiative Pays de Ploërmel. Raymond Le Brazidec, conseiller régional était aussi présent, avouant avoir été interpellé par la qualité de ce dossier. Intarissables sur le sujet, les deux associés ont longuement évoqué les incroyables obstacles qu’ils sont du surmonter et les nombreuses incohérences administratives qui selon eux, rendent quasiment impossible l’aboutissement de tels dossiers, formulant des solutions. Raymond Le Brazidec a pris rendez-vous avec eux, bien décidé à faire remonter cet exemple.

La plateforme de Ploërmel d’Initiative-Bretagne accompagne l’installation des deux jeunes exploitants et leur insertion dans le tissu économique local en désignant un parrain.

Repères

Depuis 2006, le fonds Brit facilite la transmission et la reprise des TPE et PME en Bretagne, en accordant des prêts d’honneur aux porteurs de projets. Ce dispositif ouvert en 2016, dans un premier temps, aux jeunes éleveurs bovins et porcins, est maintenant élargi aux éleveurs de volailles et aux serristes qui s’installent et reprennent une exploitation. Complémentaire au parcours à l’installation classique et animé par le réseau Initiative Bretagne, ce dispositif a déjà permis d’accompagner plus 70 jeunes agriculteurs qui ont su convaincre le comité par leur motivation ainsi que par la résilience de leur projet. Ce qui représente plus de 3 millions de prêts d’honneur qui ont été accordés et ont permis de mobiliser 41.6 millions de prêts bancaires associés. Au total, ce sont 138 emplois qui ont été préservés ou crées.

Sur le territoire de la plateforme de Ploërmel (qui regroupe les communautés de communes de l’OBC et de Ploërmel), ce sont 3 projets qui ont été soutenus par l’attribution de prêts d’honneur.

Contact:
Initiative Pays de Ploërmel
39 Avenue Georges Pompidou
56800 PLOERMEL

1 commentaire "Sérent. Ferme de Trévero: Benjamin et Régis, pionniers d’une autre agriculture"

  1. Attention: le titre de l’article peut prêter à confusion. Il y a tellement de forme d’agriculture qu’on ne peut pas dire que celle ci est moderne. Elle est tout simplement différente et dans une voie de rupture.
    En tout cas je leur souhaite plein de courage pour leur réussite

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