
Publié le 26 avril 2018
Guer. Saint-Cyr Coëtquidan : « blessé au combat? Et alors… »
« Je suis fier d’être votre chef… ». Ce message lancé avec une émotion visible par le Général Labuze, commandant des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan s’adresse à un groupe d’élèves officiers de la 1ère brigade de l’école militaire interarmes, lors d’une petite cérémonie organisée mercredi soir. Cette soirée marque le lancement officiel d’un projet construit par ces « Dolos » -surnom donné aux élèves de l’EMIA par les Saint-Cyriens- avec pour objectif de récolter des fonds au profit des blessés de guerre afin de permettre à ces derniers de se reconstruire (1). Et justement, c’est le sens profond de cette mobilisation au profit des blessés qu’a souligné le général dans son intervention. Le risque des conséquences physiques de l’engagement au service de la nation fait intimement partie du métier de militaire. Et cela jusqu’au sacrifice ultime (ndlr: l’actualité récente en a donné un exemple tragique avec la mort du colonel Beltrame, lui-même issu des rangs de l’EMIA lors des attaques terroristes de Trèbes).
Devant un parterre composé des sponsors et partenaires de l’opération inédite menée par les élèves de l’EMIA, le Général Labuze souligne l’importance de cet esprit de corps qui mobilise l’énergie de toute une communauté pour soutenir celles et ceux qui ont été victimes de leur devoir. Et qui finalement se trouve résumé dans le nom du projet en question : « blessé au combat? Et alors… « . Dans un coin de la salle, le « capitaine César » (ndlr: un surnom) écoute ces paroles avec gravité. Demain, lui le tétraplégique, sera sur un kite surf, encadré par ces jeunes élèves, un sport extrême difficile d’accès aux valides. Il se souvient de ce jour de 2012 où en opération au Saël, il a été victime d’un grave accident. Vertèbres cervicales atteintes, le verdict est sans appel. « Dans ce cas là, il ne faut pas imaginer des choses impossibles. J’ai analysé la situation. Je savais que je ne remarcherai plus, que je ne retournerai plus sur le terrain. Il faut alors réapprendre à vivre avec ce handicap. Ce que je voulais, c’était de continuer à travailler pour mes camarades… », explique le capitaine César avec lucidité et pragmatisme. Et il témoigne de cet extraordinaire élan de solidarité qui l’a aidé à passer le cap. Sa famille et l’institution militaire lui ont offert un soutien et un accompagnement qui lui ont permis de trouver sa place dans la société. Soigné à l’institution des invalides, il travaille aujourd’hui au ministère des armées et il se prépare très prochainement à retrouver son domicile. Pas question de s’apitoyer sur son sort. « Un militaire blessé peut refaire plein de choses. Il suffit de s’adapter… », explique cet ancien parchutiste. Ski, plongée… le capitaine César ne manque pas une occasion de « prendre l’air », comme il dit. C’est ce qu’il va encore faire ces prochains jours en découvrant le kite surf. Bien sur encadré, bien sur en utilisant un appareil spécialement étudié, le catakite… « C’est très sympa comme idée, c’est l’occasion de découvrir quelque chose de nouveau, de nouvelles sensations », se réjouit-il, concédant tout de même qu’il est « avant tout un « terrien » et qu’il n’est pas à l’aise sur l’eau ». Pour le général Labuze, la pratique d’un sport extrême c’est avant tout une bonne façon d’acquérir ou de consolider sa confiance en soi un atout primordial pour les militaires qu’ils soient en activité ou blessés…
Viviane, dramathérapeute…
Le groupe des 6 élèves officiers auteurs du projet a reçu un soutien inattendu. Viviane a rejoint le groupe accompagnateur. Elle est « art-thérapeute » et plus précisément « dramathérapeute », une méthode qui s’appuie sur la psychologie et permet une approche différente sur la personnalité des individus. « C’est une pratique assez ancienne qui s’est développée aux Etats-Unis après la guerre du Vietnam pour prendre en charge les vétérans. Elle arrive seulement maintenant en France… », indique Viviane. Comédienne de formation elle a été confrontée elle-aussi à une situation de traumatisme consécutive à une longue maladie. « Cela m’a donné l’envie de me réorienter vers le métier de soignante en m’appuyant sur mon métier de base », poursuit-elle. Depuis Viviane s’est engagée dans une formation spécialisée qui débouchera sur un diplôme dans quelques semaines. « La dramathérapie consiste à utiliser des techniques de théâtre, comme le travail de groupe, le jeu d’acteurs ou l’improvisation pour soulager les victimes… », précise Viviane qui va donc faire profiter le groupe et ses invités de ses compétences inédites et encore très rares en France.
Des initiations ouvertes au public
Le capitaine César fait donc partie d’un groupe de huit blessés de guerre qui vont bénéficier d’un stage de handi’kite surf qui se prolonge jusqu’à dimanche dans la région de Quiberon, notamment avec le soutien du Presqu’île Kite club (PIKC). Diverses animations et stages sont prévus pendant ces quatre jours, mais dimanche sera une journée particulière puisqu’elle sera ouverte au grand public. Sur la plage de Kerhillo, des initiations gratuites seront proposées.
(1)Pour faire un don, allez sur le site de la promotion : EMIA56.fr ou directement sur Leetchi.com (recherchez « wounded in action »)
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