Pays de Malestroit

Publié le 24 juin 2017

Malestroit. Inédit : les pompiers vont former les lycéens de Jean Queinnec

Le lycée Jean Queinnec est sans doute depuis vendredi le seul établissement en France à proposer une option complémentaire « secours à la personne » à ses élèves. Une spécialisation dont l’originalité repose aussi bien sur le fond que sur la forme. Le lycée forme des élèves de 15 à 18 ans en bac pro « services aux personnes et aux territoires » (SAPAT) et à partir de l’année prochaine ils pourront accéder à cette nouvelle option qui leur sera enseignée par… les sapeurs-pompiers!

Tout est parti d’un homme, complètement investi dans ses deux passions, l’enseignement et les sapeurs-pompiers. « Je me suis posé la question de savoir comment associer les deux… », explique Lionel Danion, professeur au lycée Jean Queinnec mais aussi sergent chef parmi les sapeurs-pompiers volontaires, et instructeur de secourisme. Alors, pourquoi ne pas créer une formation spécifique complémentaire pour des étudiants qui prépare déjà un diplôme les destinant à travailler au plus près des personnes âgées? Cette idée a quelque peu bousculé les responsables départementaux des services départementaux d’incendie et de secours. « Ce projet est quelque chose de vraiment nouveau… », reconnait le colonel Cyrille Berrod, directeur départemental du SDIS (service départemental d’incendie de de secours) qui avoue avoir été interpellé par la suggestion. Mais finalement, elle s’est imposée, souligne le colonel Berrod, comme une réponse efficace à des problématiques bien réelles : comment gérer la désertification médicale, comment prendre en charge les personnes âgées… Et peu à peu, elle a fait son chemin. « C’est à partir de la base que les choses peuvent se faire. C’est une opération originale, exemplaire, une initiative qui a vocation à être reconduite… », reprend en écho Gilles Dufeigneux, le président du conseil d’administration du SDIS, venu signer vendredi la convention associant le lycée Jean Queinnec et les pompiers. Les statistiques sont là pour montrer la pertinence d’un tel projet et Gilles Dufeigneux l’a rappelé : les secours à personnes représentent 80 % des interventions des sapeurs-pompiers qui sont de véritables experts de la détresse quotidienne d’une population fragile.

Le but de cette convention est donc de permettre aux lycéens qui seront amenés à travailler dans des structures de services à la personne (hôpitaux, Ehpad, crêches), de bien maitriser les gestes de premiers secours. « Malaise, brûlure, AVC, incendie… Quand on travaille auprès des personnes âgées, de jeunes enfants ou encore de personnes en difficulté, on peut être confrontés à différentes situations à risque ou de détresse. Avoir le bon réflexe peut sauver une vie, voire des vies », analysent les initiateurs de ce projet. Pour les pompiers, celui-ci s’inscrit dans le prolongement des actions qu’ils mènent à longueur d’année pour former le plus grand nombre au secourisme.

Les dirigeants du Lycée Jean Queinnec voient aussi dans cette nouvelle formation inédite le moyen de sensibiliser les étudiants à certaines valeurs portées par toute la communauté de l’enseignement catholique privé agricole: le sens de l’engagement, la mise en avant du service à l’autre. Et puis, plus largement, cette formation innovante est « un trait d’union quand on parle de ruralité. C’est un bon moyen de rendre nos territoires ruraux plus attractifs », imagine Gilles Dufeigneux, qui espère bien aussi faire naître quelques vocations de sapeurs-pompiers volontaires.

80 heures de formation assurées par les pompiers

La convention qui a été signée vendredi par les responsables du SDIS et du lycée Jean Queinnec fixe le contenu de l’option « secours à la personne ». Elle sera enseignée sur deux ans à raison de 170 heures par an, soit 340 au total, dont 80 heures seront dispensées par les pompiers du Morbihan. Elle développera trois thématiques : le risque incendie (sensibilisation à la lutte et la prévention contre le risque incendie; les gestes de premiers secours en équipe, la pratique d’activités physiques et sportives. Plus précisément les lycéens seront initiés à la conduite à tenir face à un incendie en première intervention (alerte, évacuation, utilisation d’un extincteur…), mais aussi en présence d’une victime (transmission du bilan médico-secouriste, l’hygiène et la désinfection des matériels). Ce qui leur donnera une qualification de niveau 1 du diplôme de premiers secours.