
Publié le 22 décembre 2018
Ploërmel. Les Gilets jaunes face à leur destin
Une soixantaine de personnes sont venues participer, ce vendredi soir, à la réunion publique organisée par les Gilets Jaunes de Ploërmel. Sans doute un tournant dans l’action menée par ces derniers depuis le 17 novembre qui marque peut-être le début d’une structuration. La spécificité des Gilets jaunes c’est la désorganisation ou la spontanéité de leur mouvement. Jusqu’à présent ce fut une force qui les rendait incontrôlables car échappant aux codes établis de la société. Mais ce peut-être aussi une faiblesse comme l’a montré le débat qui s’est instauré ce vendredi soir entre les représentants des Gilets Jaunes et certains participants. « Comment est-ce qu’on fait pour connaître les actions que vous envisagez et comment y participer », lance quelqu’un dans la salle. Il n’y a pas de réponse claire à cette question. Les réseaux sociaux qui sont pourtant le vecteur qui a permis à ce mouvement de naître et de se développer? Aujourd’hui, les gilets jaunes s’en méfient. « Il y a toujours des fuites. Alors quand on arrive sur le lieu de notre action, les « bleus » (ndlr: les gendarmes) sont déjà là et on ne peut pas s’installer », explique l’un d’eux. Et puis, il y a ceux qui ne sont pas des virtuoses de Facebook -certains s’y sont mis juste pour suivre les Gilets jaunes- et qui ont encore plus de mal à suivre…
Cet exemple montre bien dans quel dilemme sont plongés les gilets jaunes et qui explique sans doute leur volonté exprimée lors de cette réunion de se structurer et de s’organiser. Ils envisagent de créer des commissions spécialisées (communication par exemple), mais aussi de développer des liens avec les 37 autres groupes bretons recensés. Ils disposent désormais d’un local qui leur permet de développer leur mouvement dans des conditions plus confortables que sous leur tente du rond-point de la gare. Mais dans ce local, ils sont moins visibles du grand public. D’où leur idée de mettre en place une tonnelle mobile qu’ils installeraient le temps d’une journée en bordure de la voie publique, pour rester au contact direct des citoyens. La mise en place d’un numéro de téléphone unique est aussi envisagé.
Ce qui est sur, c’est que les Gilets Jaunes ont bien l’intention de relancer leur mouvement et de multiplier les actions, dès qu’ils se seront réorganisés. Et pour cela, ils ont besoin de renforts. Et c’est bien l’appel qu’ils ont lancé au cours de cette réunion « venez nous aider, on a besoin de vous », demandant à ce que cet appel soit relayé par un système de communication qui a fait ses preuves et qui échappe à toutes les techniques d’écoute: le bouche-à-oreille.
Les avis divergent aussi en ce qui concerne la forme que pourrait prendre leur action. Certains prônent des actions moins fréquentent mais plus spectaculaires comme par exemple des blocages de longue durée. D’autres et ce fut un sujet très débattu estiment que les efforts doivent se concentrer sur l’obtention du RIC (référendum d’initiative populaire), une revendication que l’on voit fleurir de plus en plus sur internet. « Oui, mais ça va être long, très long… », opposent d’autres voix rappelant que la revendication d’origine est toujours d’actualité « on veut continuer pour avoir quelque chose tout de suite ». L’un n’empêche pas l’autre, rétorquent d’autres.
Mais une voix dans l’assistance ramène aux fondamentaux sur lesquels le mouvement s’est construit. Pour l’instant, pour beaucoup trop de gens, la vie quotidienne est toujours aussi difficile et les fins de mois bien trop compliquées à boucler. Ca c’est la réalité qui écrase tous les discours idéologiques. Et c’est pour sortir de cette situation que des milliers de gens affichent depuis des semaines un gilet jaune derrière leur pare-brise. Une sacrée responsabilité à assumer.
Contact:
Le local des Gilets Jaunes est situé 3, rue du 8 Mai 1945 à Ploërmel
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