Morbihan

Publié le 30 avril 2025

Sérent. Inclusion : le petit truc en plus de la discothèque le LS Club

L’inclusion. Au LS club, la discothèque de Sérent, il y belle lurette qu’elle est en pratique. Ce jeudi après-midi, les minibus s’alignent sur le parking. A l’entrée, une longue file d’attente se forme; A l’intérieur, l’ambiance est survoltée. Sur le dancefloor, les danseurs se déhanchent au rythme des années 80. Sur scène, Johnny est incontournable. Il a d’ailleurs inscrit au feutre noir sur son front son prénom de star. C’est lui qui donne le tempo et fait monter la pression… Nul ne peut deviner que ces joyeux fêtards sont des personnes en situation de handicap. Depuis cinq ans le LS club réserve des après-midi trois ou quatre fois par an à ce public inhabituel, mais sans en tirer la moindre gloriole. « Ce sont deux accompagnantes en foyer de vie qui sont venues nous voir pour nous demander si nous pouvions organiser un après-midi qui serait dédié à leurs résidents. Ca nous a paru une bonne idée, alors on s’est dit pourquoi pas… », se souvient Serge Pain qui gère avec sa fille Maéva le LS Club.

« C’est la preuve qu’on peut s’amuser sans consommer d’alcool »

« On connaissait la discothèque et ses gérants et toutes les initiatives qu’ils prennent. On était sur que ca se passerait bien… », explique Estelle Gravier accompagnante éducative et sociale du foyer de vie du Roc Saint André. C’est elle avec sa collègue Sylvie Guil du foyer de vie de Ploërmel qui a lancé ce projet novateur et quasi unique dans le Morbihan. « La première fois, il faut avouer qu’on a eu un peu peur. On se lançait dans l’inconnu… », admet Serge Pain. Mais le résultat a été au-delà des espérances. « Il n’y a jamais eu le moindre problème. Au contraire, on a découvert qu’ils sont beaucoup plus attachants que nos clients habituels. Ils nous font des câlins sans arrêt, c’est extraordinaire », ajoute-t-il. Derrière le bar, Bastien et Morgane sont même dithyrambiques. « C’est génial. Ils sont sincères, bienveillants, ça fait vraiment chaud au coeur. On voit qu’ils s’amusent vraiment. Travailler avec des gens qui ne sont pas alcoolisés, pour nous c’est vraiment très agréable. C’est exactement l’ambiance que l’on retrouve lors des soirées menthe à l’eau. C’est vraiment la preuve qu’on peut s’amuser sans consommer d’alcool », commente Bastien. Il a intégré l’équipe du LS club il y a deux ans, après l’avoir fréquenté comme client depuis ses 17 ans.

« Ils réclament beaucoup la boite de nuit »

Avec le temps, l’expérience a pris une ampleur inattendue. Le bouche à oreille a fonctionné et la plupart des IME du Morbihan se retrouvent à Sérent lors de ces après-midi festives Ce jeudi, il y avait plus de 160 résidents et une cinquantaine d’accompagnateurs dans la boite de nuit. « Aujourd’hui on a des résidents des IME des alentours, mais aussi de Séné, Saint-Avé, Pluvigner, Crac’h, Plumelin, Locminé. Ca nous permet de réunir tous les établissements et de favoriser les rencontres, les échanges dans un cadre festif… », décrit Estelle. « Ils s’échangent leurs numéros de téléphone, ils flirtent, c’est génial… », confirme Serge Pain. « Ce sont des moments précieux. D’ailleurs, ils réclament beaucoup la sortie boite de nuit », ajoute Estelle. La municipalité regrette presque la discrétion de la direction du LS Club. « En fait, personne ne sait toutes les initiatives qu’ils prennent. Ils sont très bienveillants. Nous savons qu’ils font tout ça avec bon coeur. En plus, ce bâtiment présente l’avantage d’être totalement accessible même pour des personnes en fauteuil », complète Céline Olivier, 1ère adjointe au maire de Sérent.

Un protocole spécial pour protéger les clients

L’inclusion pour le LS Club, ne se limite pas aux personnes en situation de handicap. La discothèque organise aussi des soirées « menthe à l’eau » réservées aux adolescents, ou bien encore à des associations. Ce n’est pas un hasard si le LS Club fait partie des 12 établissements du Morbihan titulaires du « label night » attribué par la préfecture aux établissements de nuit qui s’engagent à mener des actions pour la prévention des risques et le bien-être de leur clientèle. « On met à la disposition de nos clients des bouchons d’oreille, des préservatifs, de l’eau à volonté », rappelle Maëva, très sensibilisée à ce sujet. Il y a deux mois, elle a pris une nouvelle initiative en créant le cocktail fictif « Angela ». « C’est un nom de code qui est affiché un peu partout notamment dans les toilettes. Si un ou une de nos client(e)s se sent en danger, il suffit qu’elle ou il se rende au bar et commande un « Angela ». Un protocole spécial a été élaboré. Nos barmans sont formés et immédiatement des mesures sont prises pour isoler la personne et la mettre en sécurité. Mais jusqu’à présent, il n’a jamais été déclenché… », sourit la jeune femme.