Retrouvez Les Infos du Pays Gallo sur : 6K 14K 640

Accueil / Thématiques / Environnement / Ploërmel/Taupont. Elle menace le Lac au Duc : comment s’organise la lutte contre la jussie

Environnement

Publié le 19 avril 2025

Ploërmel/Taupont. Elle menace le Lac au Duc : comment s’organise la lutte contre la jussie

Depuis trois ans, la Jussie a fait son apparition sur le Lac au Duc. C’est une véritable bombe à retardement pour l’environnement. Car cette plante invasive originaire d’Amérique du Sud se propage à grande vitesse pour coloniser des plans d’eau entiers. Sa prolifération a des conséquences graves pour la biodiversité. En couvrant la surface de l’eau elle prive de lumière les autres plantes qui disparaissent et elle détruit les frayères où se reproduisent les poissons. Par contre, elle n’a pas de conséquences négatives pour la production d’eau potable, une des fonctions du lac au Duc. Si cette plante qui, rappelons le est propagée dans le milieu naturel par des propriétaires d’aquarium, s’e propage s’étale trop sur le lac au Duc, les conséquences seront aussi terribles pour l’activité touristique, économique, sportive qui se développe autour de ce qui est considéré comme la plus belle étendue d’eau potable de Bretagne. Mais, hélas, il est déjà trop tard pour espérer éradiquer cette plante. Le seul espoir est d’en contenir l’expansion. Le SIAEP (syndicat interdépartemental d’Alimentation en Eau potable de Brocéliande), propriétaire du lac a aussitôt réagi à la découverte de cette plante indésirable.

Une surface multipliée par 6 en un an

« Nous avons été informés de la présence de jussie sur le lac en fin d’année 2022. Nous avons aussitôt envoyé une information aux mairies de Ploërmel, Loyat et Taupont ainsi qu’aux services de Ploërmel communauté », expliquent Jean-Charles Sentier maire de Taupont, président du SIAEP et Mickael Raffin, le responsable technique du syndicat. Parallèlement, la fédération de pêche a été chargée de réaliser une cartographie sur la présence de cette plante et des panneaux sensibilisant les promeneurs ont été posés autour du lac. En janvier 2023, une réunion de restitution a été organisée en présence de tous les acteurs concernés par ce problème. A cette époque, la surface du lac occupée par la jussie était estimée à 2630 m2. Une opération d’arrachage par des bénévoles encadrés par la fédération de pêche a été organisée et en janvier 2024, une nouvelle réunion était organisée pour faire le point. La jussie avait alors déjà colonisé 16 372 m2! Deux séances d’arrachage ont été programmées au cours de l’année, une confiée à des bénévoles et l’autre à l’entreprise Fougère de Charente-Maritimes. Pendant une semaine, ces spécialistes ont procédé à l’arrachage manuel de la jussie. Le coût de l’opération -7500 euros HT- a été pris en charge par le SIAEP, Eau du Morbihan et le département du Morbihan. C’est une action délicate puisque le moindre débris oublié permet à la plante de se reproduire, qui doit donc respecter un protocole très rigoureux, mais le résultat est positif, estiment Mickaël Raffin et Jean-Charles Sentier.

« Les enjeux sont énormes pour ce site d’exception »

Jean-Charles Sentier, président du SIAEP

« Une nouvelle réunion organisée au mois de mars dernier a permis de mettre en évidence les effets bénéfiques des arrachages, rappelle Mickaël Raffin. Il a été décidé de lancer un marché d’arrachage sur trois ans pour un coût de 60 000 euros HT par an ». Jean-Charles Sentier se réjouit de la mobilisation qui se manifeste autour de ce problème majeur. « On a voulu être très réactifs. On a commencé tous seuls mais on a réussi à élargir le cercle des financeurs qui ont compris la gravité des conséquences de cette situation pour les activités qui tournent autour du lac et sa biodiversité. Les enjeux sont énormes pour ce site d’exception ». Outre le SIAEP, Eau du Morbihan, le département, Ploërmel communauté a débloqué des fonds lors de sa dernière réunion. Chaque organisme contribue à hauteur de 25%. L’appel d’offres a été lancé et le choix de l’entreprise est en cours. Celle-ci pourrait intervenir dès le mois de mai-juin. La lutte contre la jussie est désormais planifiée : deux chantiers d’arrachage par un professionnel soit 20 jours par an pendant trois ans et deux chantiers par des bénévoles encadrés par la fédération de pêche du Morbihan. Les plantes arrachées sont ensuite mises en compostage. Mais Jean-Charles Sentier est confiant mais lucide : tous ces efforts ne feront pas disparaître la jussie du lac au duc, mais peuvent juste éviter une trop rapide extension. D’ores et déjà la jussie a été repérée un peu partout autour du lac. Il lance aussi un appel à la population pour qu’elle observe un comportement citoyen en ne cueillant pas cette fleur aquatique au risque de ruiner tous les efforts consentis. Mais le combat sera rude et incertain. Il y a quelques années, la région a investi plusieurs centaines de milliers d’euros dans une opération d’arrachage massif dans le secteur de Redon-Glénac, en vain. L’espoir pour le lac au duc tient au fait que le phénomène a été pris à bras le corps dès le début…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Articles similaires