Publié le 20 novembre 2024
Vannes-Questembert. Prison ferme pour le « nationaliste breton » qui multipliait les injures racistes
NANTES, 14 novembre 2024 (PressPeper) – « Le tribunal correctionnel de Nantes a condamné ce jeudi 14 novembre 2024 un « nationaliste breton » qui vient de sortir de prison pour toute une série d’injures racistes proférées entre août 2023 et mai 2024 à Questembert (Morbihan), Vannes (Morbihan), Indre (Loire-Atlantique) et Nantes (Loire-Atlantique).
« La race se perd ! Vous êtes des pourritures, rentrez en Afrique », avait par exemple lancé Florian XXX lors d’un appel téléphonique « très violent sur le lieu de travail » d’Anne-Claire XXX, chargée de développement de Ti Ar Vro, la maison de la culture bretonne dans le pays de Vannes.
Cette femme avait donc porté plainte pour se constituer partie civile. L’adjudant Tony XXX, un gendarme de Questembert, avait dans ces conditions « appelé le numéro communiqué » par la plaignante pour joindre l’individu qu’elle mettait en cause. Bien mal lui en a pris : il avait été traité de « sale chien », de « bâtard » et de « sale traître ». « Va t’occuper des chiens d’étrangers apatrides », avait cru bon d’ajouter le prévenu, le lendemain, sur sa messagerie.
Les messages de la gendarmerie nationale et de l’association de Vannes étant enregistrés, le prévenu a dit « assumer » ces propos lors de son procès au tribunal correctionnel de Nantes ce 14 novembre 2024. « Si on les prend comme ça, oui ça peut être raciste… mais, avec les explications, non », s’est-il justifié.
« ILS VEULENT L’INDÉPENDANCE DE LA PALESTINE ET QUE LA BRETAGNE SOIT COLONISÉE »
Mais il ne s’agissait en fait pas des seuls faits qui lui étaient reprochés : les 12 octobre 2023 et 20 février 2024, Florian XXX s’en était aussi pris l’ANEF-FERRER et au comité France Palestine 44. « Trois salariés » de l’association d’aide sociale nantaise avait été « menacés de mort par un individu » qui promettait de « brûler le centre d’hébergement », avait relaté un responsable. « C’est des binationaux, ils colonisent la France, veulent l’indépendance de la Palestine et que la Bretagne soit colonisée », avait aussi laissé le prévenu lors d’un message.
Florian XXX s’était également présenté à l’accueil de la mairie d’Indre (Loire-Atlantique) le 26 mai 2024 « pour obtenir des renseignements sur l’octroi d’un logement social », mais la réponse ne lui avait « pas convenu ». Il s’était donc « emporté » et avait « revendiqué sa qualité de nationaliste breton ».
La députée (LFI) de la Loire-Atlantique Ségolène Amiot avait rapporté de son côté que, le même jour, un « individu » s’était présenté à elle lors d’un « rassemblement de sympathisants » en vue des élections européennes », qu’il avait « arraché quelques affiches », dit avoir « fait de la prison » avant de « menacer de mort un membre du groupe en disant qu’il allait lui mettre une balle ». « On est envahis », avait-il commenté au passage.
« Ce sont des cafards », a cette fois-ci tenté de justifier Florian XXX lors de son procès au tribunal correctionnel de Nantes. « Je suis allé les voir pour leur dire de ne pas faire de propagande sur le marché. Je leur ai mal parlé mais je ne les ai pas menacés. »
DEES « IDEES POLITIQUES TRES TRANCHEES » ET UN TEMPERAMENT « PSYCHORIGIDE »
L’homme était enfin soupçonné de s’être « introduit » le 28 août 2023 chez son ancien employeur, le fabricant de chaudières et de pompes à chaleur Saunier Duval à Nantes, au sein de laquelle il avait travaillé comme « intérimaire » quelques mois plus tôt : il avait alors traité certains de ses anciens collègues de « bande de bougnoules » et de « bande de salauds ».
Sur ce point, le « nationaliste breton » a admis avoir pénétré dans l’enceinte de l’entreprise et s’être « pris la tête » avec ses anciens collègues, mais a nié toute « menace ». « Je voulais des explications concernant mon licenciement », a-t-il précisé lors de l’audience.
En raison de l’ensemble de ces faits, une « expertise psychiatrique » de Florian XXX avait été ordonnée par la justice pour voir s’il était pénalement responsable de ses actes. Des « idées politiques très tranchées » et un tempérament « psychorigide » avaient été décelés par le médecin, mais aucune « pathologie mentale » n’a finalement été retenue.
Le prévenu, quant à lui, ne s’estime « pas raciste mais racialiste ». « On ne peut pas dire que j’ai des problèmes avec des races spécifiques : j’ai des problèmes avec tout le monde », a-t-il nuancé. « Je suis conscient de ce qu’il se passe chez moi, sur la terre de mes ancêtres. »
« VOUS POUVEZ ME METTRE 10 ANS DE PRISON, JE NE CHANGERAI JAMAIS »
« C’est le rideau complet, ça repart toujours dans le même discours », a soupiré de son côté le procureur de la République. « Ce qui est stupéfiant dans cette affaire, c’est la gratuité de ces agressions : il téléphone sans jamais connaître ses interlocuteurs ni avoir eu de litige avec eux, mais se déverse tout simplement. (…) Il peut penser ce qu’il veut mais ne peut pas l’exprimer. » Pour ces raisons, le magistrat avait requis huit mois de prison ferme, sans aménagement à ce stade, et plusieurs amendes pour les contraventions.
« Il ne faut pas charger la mule », lui avait alors rétorqué le prévenu. « Vous pouvez me mettre dix ans de prison je ne changerai jamais. En plus, monsieur le procureur dit que je suis raciste, mais ça n’a aucune logique : je me suis attaqué aussi aux Français, aux Israéliens… Je reproche des choses à ces communautés. » Le comportement de cet homme « célibataire », « sans enfant » et titulaire d’un BEP Vente semble être en lien avec ses difficultés à trouver un « logement HLM », même s’il sera à titre personnel logé « dès samedi ». « Je sais qu’ils sont donnés aux étrangers », a encore déclamé Florian XXX. « Que la Bretagne se sépare de la France ! La République est pour les étrangers, pas pour les sédentaires ».
Florian XXX était pourtant hébergé jusqu’à peu aux frais de l’Etat, puisqu’il était incarcéré depuis mai 2024 et qu’il est sorti de prison « il y a quatre jours ». Son casier judiciaire porte trace d’une « infraction routière », d’un « outrage à agent », de « menaces de mort », d’un « refus d’obtempérer » ou encore de « propos racistes », a énuméré le président du tribunal correctionnel de Nantes. L’avocate de la défense, Me Sabrina Demane, avait demandé pour sa part au tribunal de ne pas prononcer la peine requise par le procureur de la République.
« Il faut accepter le vivre-ensemble, renouer avec la société… On peut aller vers un sursis probatoire avec obligation de soin et de travail », avait-elle suggéré. Mais les juges ont condamné Florian XXX à quatre mois de prison ferme, sans aménagement à ce stade, et à 600 € d’amendes. Le « nationaliste breton » devra aussi verser 800 € à Anne-Claire XXX – qui était présente à l’audience – pour son préjudice moral, au lieu des 5.000 € qu’elle demandait. Il devra aussi lui payer 800 € pour ses frais de justice./ED (PressPepper)«
La réaction de Ti ar Vro Bro Gwened
Ti ar Vro Bro Gwened, maison de la culture bretonne de Vannes, a réago à cette condamnation dans un communique ce mercredi après-midi :
« Une salariée de Ti ar Vro à Vannes avait reçu fin août 2023 des appels téléphoniques menaçants et insultants. Entre autres injures, l’agresseur déniait la légitimité pour la salariée de parler breton et d’œuvrer pour la culture bretonne en raison des origines africaines de l’un de ses parents.
L’homme de 39 ans a été jugé au tribunal judiciaire de Nantes jeudi 14 novembre à quatre mois de prison ferme pour injures en raison de l’origine. En 2019 déjà la salariée de Ti ar Vro avait subi des commentaires racistes suite à une apparition en tenue traditionnelle bretonne lors d’un festival.
Nous soutenons notre salariée dans cette épreuve et nous désolons que celles et ceux qui en font le plus pour faire vivre la culture bretonne à notre époque puissent ainsi être agressés en raison de leurs origines.
Etre bretonne ou breton signifie pour nous se reconnaître comme tel. Et nul besoin d’ailleurs d’être bretonne ou breton d’origine pour vivre sa culture et agir pour sa vitalité.
Cet épisode et l’apparition ici et là en Bretagne de mouvements d’extrême droite se revendiquant plus bretons que bretons sont des signes d’un réel danger pour l’avenir de la culture bretonne, qui se retrouve déjà de plus en plus minorisée au sein de la culture occidentale.
Plutôt qu’une conception basée sur la haine des autres et sur un passé fantasmé, nous estimons au contraire que la culture bretonne se doit d’être intégratrice, innovante et bénéficie à évoluer avec son temps.
Car c’est ce qui permet de faire société, de vivre ensemble en lien avec notre territoire et nos traditions.
C’est le projet que nous souhaitons porter à Ti ar Vro Bro Gwened.
Le Conseil d’Administration d’Emglev Bro Gwened. »
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