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Publié le 11 août 2023

Malestroit-Ploërmel. Athlétisme: Simon Bédard champion du monde universitaire du 5000 mètres

Oui, oui, vous avez bien lu: Simon Bédard est bien champion du monde du 5000m piste. Ce titre certes universitaire n’étonnera pas les spécialistes du genre et n’est sans doute que le premier d’une longue série. Simon Bédard est un des tous meilleurs athlètes au monde de cette spécialité et la façon dont il a gagné sa course il y a quelques jours en Chine en dit long sur son moral d’acier, ses capacités sportives et son potentiel.

Des débuts au collège Saint-Julien et la passion du foot

C’est un exploit qui fait honneur à tout le pays de Malestroit et plus largement de Ploërmel et qui récompense une carrière hors norme débutée curieusement il y a dix ans. A l’époque, Simon Bédard est élève au collège Saint-Julien de Malestroit. A l’époque il est passionné de football et ne voit que par le ballon rond. Il participe au cross UGSEL comme tous les collégiens mais son talent explose. Il collectionne les victoires et se retrouve 2è au championnat de France de cette catégorie à Plouay. Il tente alors sa chance aux championnats départementaux de la fédération française d’athlétisme qu’il remporte. Un résultat qui ne sera pas homologué en raison d’une anecdote croustillante. « Les organisateurs nous avaient dit qu’il n’avait pas besoin d’être licencié FFA pour participer à cette épreuve. Sauf que sans cette licence, son titre n’a pas pu être homologué. Les organisateurs nous ont simplement répondu qu’ils ne pensaient pas qu’il allait gagner… », raconte Simon. Pas question d’en rester là, à 15 jours du championnat de Bretagne FFA. Cette fois, la licence en poche, il décroche le titre régional. Pourtant le football était toujours sa priorité. « Je ne voulais pas courir en FFA. Si je l’ai fait, c’est parce que le match que je devais disputer a été annulé… », révèle-t-il. Passé au Lycée La Mennais, il continue de briller en cross UGSEL, mais reste toujours fidèle au foot.

Des chronos qui plongent

C’est la découverte du 800 et du 1500 mètres sur piste qui joue le rôle de déclencheur. Ses résultats impressionnent et plusieurs clubs le sollicitent dont Vannes, Auray et même Rennes. Mais Simon est attaché à son territoire et choisit la proximité en rejoignant Vannes. C’est alors la rencontre avec Régis Quillere, le coach de l’APV (club d’athlétisme de Vannes). « C’est là que j’ai vraiment commencé à m’entrainer et j’ai passé un premier cap », explique-t-il. Cinq entrainements par semaine et les chronos plongent: il termine 5è au France de cross et 4è sur piste. Cette fois, il tourne la page du football pour se consacrer à l’athlétisme. Après sa terminale, il rejoint l’IUT de Rennes. Les entrainements se compliquent en raison de la distance avec Vannes, mais les résultats sont toujours là: en 1ère année d’IUT, il décroche sa première sélection en équipe de France jeune et termine 4è à la coupe d’Europe en Biélorussie. L’année suivante il court les 10 km en 30 mn et 30 sec…

Le rêve américain

30 mn 30 sec aux 10 km… Ce temps canon place Simon dans les tous meilleurs français de la discipline et résonne comme un signal d’alerte dans la sphère sportive mondiale. De nombreux coachs américains se manifestent et Simon décide de jouer cette carte. Encore faut-il trouver une école. Il cible l’université de Los Angeles Riverside en Californie. Les démarches et les concours commencent en novembre pour une réponse en juillet de l’année suivante. En parallèle, il prépare l’entrée dans une école de commerce de Montpellier. Mais la porte des USA s’ouvre à lui avec une bourse à la clé qui prend en charge ses études, son logement, ses entrainement. Ausx USA, quand on veut les meilleurs, on assure. Notre jeune athlète malestroyen entre dans un nouveau monde pragmatique et efficace. Là, études et sport sont étroitement et harmonieusement intégrés. Toutes les disciplines sont représentées avec des moyens équivalent à ceux d’un club professionnel en terme de coaching ou d’infrastructures. « C’est bien simple, le pôle sportif de cette école dispose du même budget que celui du FR Lorient… », explique Simon qui après son Bachelor poursuivra ses études en Master dans une autre université, Butler, à Indianapolis. Il va y passer 6 ans au lieu de 4 en raison de la crise sanitaire liée au COVID et à une mauvaise blessure. A chaque fois, Simon monte d’un cran son niveau. En Californie il court le 10 km en 30 mn, le 1500 m en 3mn46, le 5000 en 14mn18 et se glisse dans le top 10 des meilleurs espoirs français. A Butler, le chrono déprime encore un peu plus: Simon court le 10 km en 28 mn 16, le 1500 en 3 mn 39, le 5000 en 13 mn 32 et ajoute le 3000 en 7 mn 51…

L’ombre de la blessure

Simon sollicite beaucoup son corps. Trop peut-être. Au début de 2022, il souffre d’une fracture de fatigue du pied qui le contraint à arrêter de courir pendant 2 mois 1/2. Sélectionné pour les jeux méditerranéens qui se déroulent en Algérie il réalise une contre-performance inhabituelle, consécutive à une autre blessure. Mal diagnostiquée, celle-ci contraint l’athlète à abandonner le sport pendant 3 mois. « J’étais complètement bloqué, je souffrais terriblement. J’avais du mal à me déplacer… », se souvient-il. Et le doute s’installe. « Je me suis posé beaucoup de questions… », reconnait-il. C’est un stage intensif au CERS de Capbreton, un établissement spécialisé dans la médecin sportive qui va le remettre en selle. « Le fait de me retrouver avec d’autres sportifs de haut niveau, confrontés aux mêmes difficultés, ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai retrouvé le moral… », ajoute Simon. En septembre, il peut commencer à reprendre la course. « J’avais l’habitude de courir 150 km par semaine et là je faisais des petites courses. Ca a été très long à revenir. J’avais des douleurs partout dans le corps, mais j’ai tenu… ». A force de ténacité, Simon retrouve progressivement le haut niveau. En décembre 2022, il court la Corrida de Houilles et couvre les 10 km en 29mn 07… Rassurant. En janvier de cette année, on le voit écraser le championnat du Morbihan à Caro et ensuite s’imposer au championnat régional. C’est la première fois de l’histoire qu’un morbihannais remporte le championnat de Bretagne seniors. Et Simon vise les championnats de France qui justement se déroulent à Carhaix. Il négocie avec son coach américain de pouvoir y participer et termine 7è, c’est à dire parmi les tous meilleurs français, avant de reprendre le chemin des USA. Cette fois, il vise la qualification pour les championnats universitaires américains qui concentrent l’élite mondiale de la discipline avec une finale de niveau olympique. Pour y accéder, il faut être parmi les 24 meilleurs athlètes américains. Simon est 14è. Il rentre définitivement en France avec en tête cette fois les championnats du monde universitaires prévus en Chine. Il est suivi par un nouveau coach, Patrick Ribeiro qui lui fait suivre un stage d’altitude à Font Romeu. Il vérifie son état de forme en courant un 1500 mètres: 3 mn 38, record battu. La semaine suivante il teste un 5000 mètres en Belgique et avec 13 mn 31 bat son record d’une seconde. « J’aurai aimé que ça aille plus vite… », regrette-t-il, persuadé qu’il aurait pu faire mieux… Les blessures sont désormais oubliée, la guérison est totale. Dix jours avant le défi chinois, tous les voyants sont au vert…

La gloire mondiale en Chine

Le 25 juillet dernier, Simon part en Chine pour un stage d’adaptation au climat et au décalage horaire. A Chengdu une ville du centre de la Chine peuplée de 21 millions d’habitants, il s’émerveille du village réservé aux sportifs, véritable ville nouvelle digne des JO qui accueille 10 000 athlètes venus de 120 pays concourir dans 18 disciplines différentes, d’une grandiose cérémonie d’ouverture en présence du président chinois. « Psychologiquement c’était assez dur, parce que mes épreuves se déroulaient à la fin de la compétition ». Le 4 août, il remporte sa série et se qualifie pour la finale. Ce 7 août, il est donc sur la ligne de départ du 5000 mètres avec 15 autres athlètes, les meilleurs de la planète dans cette catégorie. « Je visais clairement le podium et dans un coin de ma tête je pensais à la victoire… », avoue Simon. La course est palpitante. Un combat de titans se déroule en tête. Simon est poussé par un concurrent finlandais hors de la piste. Il revient, déclenche un premier départ et distance ses poursuivants, mais son avance fond inexorablement. A quelques centaines de mètre de l’arrivé il est doublé par le concurrent japonais qui s’envole vers la victoire. Sauf que Simon en a encore sous la chaussure. Au prix d’un effort surhumain, il e porte à l’extérieur, revient à la hauteur du japonais qu’il coiffe de quelques centimètres. « Je n’étais pas sur d’être champion. Ca c’est joué à rien. J’ai attendu de voir le résultat s’afficher sur le tableau pour comprendre ce qui m’arrivait. C’est fabuleux… », s’enthousiasme le jeune homme.

Retour à Malestroit, carrière pro et… les JO de Paris

Après cet exploit sportif, Simon Bedard est de retour à Malestroit où ses proches lui ont réservé une petite fête de bienvenue. C’est là que nous l’avons rencontré. Une autre page de son histoire commence. D’abord par des vacances -avec quand même un peu de sport- puis le début d’une carrière professionnelle. Il vient de signer un contrat avec la marque Hoka qui court jusqu’en 2024. Puis ce sera la reprise de l’entrainement avec déjà plusieurs rendez-vous inscrits au calendrier dont les championnats d’Europe de cross en Belgique en décembre, les championnats du monde indoor en 2024… Mais bien sur, ce dont rêve Simon, c’est de représenter la France aux JO de Paris l’année prochaine. On peut lui faire confiance pour travailler à cet objectif qui est une sorte d’Everest puisque ce sont les meilleurs chronos qui seront retenus et la sélection ne sera connue que quelques semaines avant la compétition. D’ici là, Simon va partir à la conquête des 15 secondes qu’il doit grapiller au 5000 mètre pour entrer dans le petit cercle des éligibles. Pour cela un programme d’entrainement fait de deux courses par jour, plusieurs séances de musculation par semaine, de la récupération et plusieurs stages à l’étranger dont un au Kénya. Et puis, il n’écarte pas de tester ses performances sur le 3000 mètres steeple.

On va suivre tout ça de près…

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