Ploërmel Communauté

Publié le 4 janvier 2023

Ploërmel communauté. Et si vous fabriquiez du gaz vert avec vos déchets alimentaires?

L’envolée des prix de l’énergie, des contraintes environnementales de plus en plus sévère, des coûts de traitement des déchets qui explosent… Tous ces éléments nous obligent à repenser nos habitudes tandis que la recherche évolue et découvrent de nouvelles solutions technologiques. Nos restes alimentaires qui vont coûter de plus en plus à traiter pourraient ainsi devenir des sources d’énergie décarbonées. Jusqu’à présent, ces déchets partent dans les sacs noirs pour être finalement incinérés. Ils représentent 30% de nos ordures ménagères… Or ces bio-déchets peuvent être facilement valorisés et il y a une certaine urgence à trouver des solutions. Au 1er janvier 2024, la Loi antigaspillage pour une économie circulaire rendra obligatoire leur tri…

L’année dernière GRDF a lancé un appel à projet destiné aux collectivités pour trouver des solutions de valorisation des déchets alimentaires en méthanisation. Ploërmel communauté et le SITTOM-Mi, le syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères du centre Morbihan ont été lauréats de cet appel à projets. L’idée est de sensibiliser les ménages, vivant dans les centres villes à l’intérêt de recycler les déchets alimentaires. Le principe de l’opération est de convaincre ces derniers de déposer leurs bio-déchets dans des conteneurs dédiés. Ces déchets seront ensuite triés pour en expurger par exemple les matières plastiques puis transportés dans l’usine de méthanisation de Locminé où ils se transformeront en « gaz vert ». Ce gaz 100% renouvelable sera ensuite injecté dans le réseau exploité par GRDF. Actuellement deux conteneurs pouvant recevoir ces bio-déchets sont implantés, l’un à Josselin et l’autre à Ploërmel. Deux autres le seront au cours de l’année 2023. Ils sont destinés prioritairement aux professionnels de l’alimentation, mais l’idée est d’inciter les particuliers à les utiliser.

Et le but de la convention signée ce mercredi matin entre Stéphane Rouault, maire de Guillac, vice-président de Ploërmel communauté à l’environnement et du SITTOM-Mi et David Colin, directeur territorial GRDF Bretagne est de lancer une campagne de communication et de sensibilisation auprès des ménages du territoire. L’objectif est ambitieux puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’instaurer de nouveaux comportements chez les habitants. L’effort est important puisque les foyers recevront la visite d’éco-ambassadeurs puis ils bénéficieront d’un accompagnement téléphonique.

« On est bien conscient qu’on est au tout début et qu’il reste beaucoup de chemin à faire. Mais on se doit d’apporter des solutions à celles et ceux qui n’ont pas l’espace nécessaire pour faire du compost », souligne Stéphane Rouault. L’opération présente aussi un intérêt financier pour la collectivité et donc pour les contribuables, puisqu’elle permettra de réduire le volume des déchets produits sur le territoire. Là encore, il ne faut pas s’enflammer: la hausse du coût de la collecte et du traitement des déchets est inexorable, mais il est possible de la limiter par des actions comme celle-ci. D’autant que le potentiel est loin d’être négligeable. Sur le territoire du SITTOM-Mi, près de 10 000 tonnes par an pourraient être récupérés (dont 1635 tonnes sur Ploërmel communauté), ce qui permettrait de chauffer l’équivalent de 250 logements ou d’alimenter 4 bus par an.

« En fait, chacun participe à produire de l’énergie en réduisant le volume de ses déchets. Actuellement 4% du gaz est décarbonné. Ce pourcentage pourrait atteindre 13% en 2027 et doit être de 100% en 2050… », rappelle David Colin.

Pour Stéphane Rouault, l’initiative qui se met en place s’inscrit dans la volonté de Ploërmel communauté d’être exemplaire dans ce domaine de la transition énergétique. Une station bioGNV a été mise en service à Ploërmel en 2021. Elle est alimentée par l’usine de méthanisation de Pontivy qui recevra les déchets alimentaires de Ploërmel communauté. Celle-ci a d’ailleurs entamé le changement de sa flotte de véhicules. Un fourgon au GNV a déjà été acheté et dans quelques semaines, les bus du réseau RIV fonctionneront au bio-méthane. « Les habitants circuleront grâce à l’énergie produite par leurs restes alimentaires. Avec cette expérience, nous souhaitons permettre aux usagers d’être de véritables acteurs de la transition écologique en se responsabilisant sur la gestion de leurs déchets et en contribuant à la production d’énergies renouvelables. De l’assiette au transport, nous créons ainsi une boucle énergétique vertueuse », analyse Stéphane Rouault