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Publié le 27 février 2021

Magazine. Morbihan: il y a 169 ans, la première tueuse en série était guillotinée

Magazine. On profite toujours de cette période où la vie locale vit au ralenti en raison de la crise sanitaire, pour explorer le temps. Et l’histoire du Morbihan ne manque pas  d’évènements. Tiens, ce samedi on vous propose de célébrer un anniversaire qui 169 ans plus tard fait encore frémir. C’est en effet le 26 février 1852 qu’était guillotinée celle qui est considérée comme la première tueuse en série de notre pays, Hélène Jegado. Son exécution a eu lieu à rennes, mais c’est bien dans le Morbihan que la plupart de ses crimes se sont déroulés. Cette terrifiante histoire était relaté dans une exposition organisée par les Archives Départementales du Morbihan en 2017, « Scènes de crimes »

Hélènne Jégado, de sa vraie identité, voit le jour le 17 juin 1803 à 3 h du matin à Plouhinec dans le village de Kerordevin, au sein d’une famille de paysans pauvres. Elle est la fille de Jean Jégado et de Anne née Lescoët, très croyants. Très jeune, elle développe des traumatismes dus aux légendes bretonnes autour du personnage de l’Ankou, un être hideux et effrayant. Grand et squelettique, il est vêtu de noir, tient une faux dans une main et tire de l’autre main la charette de la mort, dans laquelle il entasse les âmes…La petite fille est souvent isolée, car delaissée des autres enfants. Anne Jégado surnomme sa fille : Fleur de tonnerre !

A 7 ans, après la mort de sa mère, Hélène Jégado part rejoindre sa tante et devient comme elle domestique au presbythère de Bubry. Elle est bonne à tout faire, puis cuisinière. Dès l’adolescence, elle se met à boire, torture les animaux et vole le linge de maison, ce qui lui vaut d’être renvoyée, le plus souvent en raison de son goût trop prononcé pour le vin. Elle change donc de place fréquemment et sillonne tout le Morbihan . A partir de 1833, ce ne sont pas moins de 20 maisons bourgeoises et presbytères qui l’emploient sur une période de 18 ans, à Séglien, Bubry, Guern, Auray, Ploemeur, Hennebont, Lorient, Port-Louis où elle se prostitue même, à Pluneret, Pontivy, Locminé… Partout où travaille la Jégado, les gens trépassent, en commençant par le curé de Guern, ses parents, sa nièce et ses 2 servantes. Pourtant, jamais aucun soupçon ne pèse sur Hélène la cuisinière, alors qu’elle est souvent la seule survivante ! Les victimes succombent après de violentes douleurs d’estomac et de vomissements. Les décès sont imputés à la maladie, même quand il y a autopsie. La plupart du temps, on met les décès sur le compte du Choléra qui sévit à cette époque et qui présente des symptômes similaires…

Mais en 1851, elle change de département et se fait embaucher dans des familles en Ille-et-Vilaine.  Elle se voit employée à Rennes, au service de Maître Théophile Bidard de la Noé, avocat et professeur à la Faculté de droit à Rennes, il est de surcroît spécialisé dans les affaires criminelles. Il n’y a que quelques semaines qu’Hélène Jégado est à son service en tant que cuisinière, quand sa domestique Rose Texier et sa lingère Rosalie Sarrazin tombent malades et décèdent. Cela éveille sérieusement les doutes de l’avocat, bien que sa cuisinière ait été au chevet des deux malades jusqu’à leur mort, comme elle a l’habitude de le faire avec toutes ses victimes. Il fait pratiquer des autopsies des corps et découvre l’empoisonnement à l’arsenic ! La Jégado est arrêtée le 2 juillet 1951. A l’arrivée des gendarmes, elle crie “Je suis innocente!”. L’enquête fait vite le lien avec la série de morts violentes, ayant eu lieu dans le Morbihan.

La cour d’assises d’Ille-et-Vilaine ouvre le procès d’Hélène Jégado le 6 décembre 1851. Elle est accusée de vols domestiques, de 60 empoisonnements et de 37 tentatives d’empoisonnement. Sa méthode était simple : elle ajoutait dans la préparation de ses gâteaux ou de sa soupe, de l’arsenic, qui servait de mort-aux-rats dans les foyers. Son procès écarte cependant 21 empoisonnements et 5 tentatives pour prescription légale (qui est de 10 ans à ce moment-là). Elle est condamnée à mort le 14 décembre pour avoir semé la mort partout, d’hommes, de femmes et d’enfants, de prêtres et de religieuses, sans connaître le mobile de ses crimes. Tout au long du procès, elle refuse d’avouer. Son avocat plaide la folie ! Elle ne bénéficie ni de circonstances atténuantes, ni de la grâce de Napoléon III. Cependant, la veille de son exécution, restée dévote, elle confie son parcours criminel à l’abbé de la prison, le Père Tiercelin. Elle lui demande de faire des aveux publics après sa mort.

Hélène Jégado 49 ans est guillotinée le 26 février 1852 à 7 h, place du champ de Mars (aujourd’hui Esplanade Charles De Gaulle) à Rennes. Son corps est jeté dans la fosse commune du cimetière nord de la ville. Son cerveau est autopsié à la Faculté des Sciences de Rennes, mais rien de raisonnable ne donne une quelconque explication à ses actes, aujourd’hui encore ! Son comportement restera un grand mystère, seule ses croyances envers l’Ankou demeurent une hypothèse pour avoir semé la mort sans distinction, comme lui. Elle serait devenue l’Ankou pour surmonter ses peurs …

Une liste effrayante de victimes:

–       L’abbé Lorho, sa soeur Jeanne-Marie, sa nièce et son vicaire Jean-Hervé à Bubry (1833)

–       Anna, son unique soeur et 2 de ses tantes (1833)

–       Jeanne Le Boucher et sa fille à Locminé (1834)

–       Les parents du docteur Toussaint de Locminé, sa soeur Julie et Anne Eveno sa domestique (1835)

–       La veuve Lorcy, qui tient le café de locminé (1835)

–       Anne Le Corvec domiciliée à Auray (1835)

– Jeanne-Perrine Hétet, belle-mère du docteur Le Doré et futur maire de Auray (1836)

–       Le fils de Pierre-François Jouanno le maire de Pontivy : Emile Jouanno, 14 ans (1836). Le médecin lui trouve une inflammation des intestins !

–       Mr Kérally à Hennebont (1836)

–       5 marins qui fréquentent la maison close : La Sirène à Port Louis

–       L’épouse de Mathieu Véron de Plouhinec, dont Hélène Jégado est pour un temps la maîtresse du mari infidèle ! (1839)

–       Marie Berger, 2 ans ½, château de Soye à Ploemeur (mars 1841)

–        Plusieurs personnes de la famille Dupuy de Lôme à Lorient (1841)

–       Albert Rabot : 7 ans. Les médecins diagnostiquent le croup ! (1849)

–       Perrotte Macé, chez Louis Roussel, le propriétaire de l’Auberge du bout du monde à Rennes (1850)

–       Rose Texier et Rosalie Sarrazin à Rennes, chez Maître Bidard, les dernières victimes (1851).

Hélène Jégado est également soupçonnée d’avoir empoisonné sa propre mère à l’âge de 7 ans avec des graines de belladone (appelée aussi la plante du diable pour son poison) en 1810, Yann Viltansou son premier amant, et même son père en 1836…

PRATIQUES :

De nombreux livres, biographies et romans se sont inspirés de la vie d’Hélène Jégado.

Un film retrace la vie de l’empoisonneuse : Fleur de Tonnerre de Stéphanie Pillonca, sorti en salles en 2017 avec Déborah François, Christophe Miossec, Benjamin Biolay, Gustave Kervern…

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