Publié le 29 juin 2018

Guer. Coëtquidan. Des dizaines d’aquarelles de guerre dans une malle oubliée

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Elles dormaient depuis plus d’un siècle… En novembre dernier, la petite fille du capitaine Fournier découvrait plus de 200 aquarelles de guerre peintes par son aïeul pendant la première guerre mondiale. Ce trésor d’authenticité, qui livre aujourd’hui ses secrets au grand public, sommeillait dans une malle fermée depuis des décennies. Quatre œuvres dédicacées par le célèbre peintre breton Mathurin Méheut ont, elles aussi traversé les ans, réapparaissant aujourd’hui dans ce coffre de bois en laissant filtrer une douce lumière du passé. La peinture, en plus d’apaiser les âmes, les relie. De cette passion commune est en effet née une amitié entre les deux hommes, aussi belle et pure que la guerre peut être cruelle et froide.

Les balles pleuvaient, les canons rugissaient… Mais au milieu de cet enfer il y avait un refuge, tel un œil dans le cyclone de la violence : la peinture. Les couleurs que le capitaine Fournier couchait sur le papier redessinaient sa vie, ajoutant point par point une petite touche de joie dans cet abîme de désespoir. Au sein de cet océan de douleur survivait un havre de paix, que les deux hommes se sont partagé et qui les a liés à jamais.

Ces aquarelles sont les yeux d’un homme, véritable témoignage de notre passé. Il s’est battu sur le front d’Arras, où il fut blessé, puis il a servi dans la Somme… le capitaine Fournier nous livre son ressenti de la guerre sans faux-semblant ni censure. On y reconnait des villes mortifiées, des tranchées insalubres et des soldats innombrables, en clair tout ce qui a tristement fait son quotidien durant ces quatre ans de conflit.

Mais à cette horreur a succédé la paix, apportant une fin heureuse à cette histoire. Le capitaine Fournier a finalement réchappé à cette guerre, et a emporté son fusain et ses pinceaux sur la Côte d’Azur où il a continué à peindre. Libéré de ces combats sanglants, ce n’était à présent non plus la désolation mais la vie qui s’épanouissait sur ses toiles. Aujourd’hui encore, sa voix résonne dans ses peintures, et dans le cœur de ses petites-filles… L’ainée dit reconnaitre son grand-père dans ses aquarelles, au travers de ce coup de pinceau qui a bercé son enfance. La larme à l’œil, elle se remémore celui qui lui racontait des histoires mais qui, pourtant, n’aura jamais évoqué la plus terrible.

Face à ce trésor culturel et mémoriel qui resurgissait du passé, les descendants du peintre-soldat se sont dit qu’il fallait « faire quelque chose ». Ils se sont tournés vers Saint-Cyr, la Grande école des officiers de l’armée de terre qui avait formé Pierre Fournier. C’était la bonne idée.

Sur ces 2oo tableaux réalisés dans les tranchées, 30 ont été sélectionnés par le conservateur du musée du souvenir qui se trouve dans l’enceinte des écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan et qui vient d’être rebaptisé Musée de l’Officier. Elles sont exposées dans un environnement soigné qui, au-delà des tableaux, propose de replonger dans la vie quotidienne de cette époque douloureuse. Les tranchées bien sur, mais aussi le petit boudoir dans lequel les proches du peintre lisaient ses lettres qui aujourd’hui s’ouvrent comme un grand livre d’histoire contemporaine. Même la boite de peinture de l’artiste est présentée. Le général Labuze, commandant des écoles de saint-Cyr Coëtquidan a inauguré ce vendredi matin cette étonnante et exposition, chargée d’émotion aux côtés des descendants du peintre (voir vidéo ci-dessous).