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Publié le 24 juillet 2015

Malestroit. Pont du rock. Exclusif : Moriarty entre fantastique et mystères

Moriarty

Pour Les Infos du Pays Gallo j’ai rencontré Rosemary et Stephan Moriarty deux heures avant leur passage sur scène. Ils se sont prêtés au jeu des questions de manière très détendue. Pour trouver les énigmes, il faudra réécouter les albums… Entre fantastique et mystères, l’album Epitaph en live, c’est en ce moment sur la scène Dragon et cela s’annonce MORTEL… Prochain article post-concert pour vous livrer nos impressions.
Delo. Vous avez l’habitude de tâter le pouls du festival pour établir votre setlist, c’est toujours d’actualité ?
-C’est un rituel qui s’établit souvent avec la balance. On aime changer un peu, une même setlist, certaines fois, ça fonctionne, d’autres pas du tout. Maintenant, on adapte on jauge, en fonction du genre du public (familial, jeune…). On peut choisir un Micro unique, on doit s’adapter à l’acoustique. Si le public parle, comme en Suisse dernièrement, on oublie le micro unique parce qu’il capte tout le son autour. C’est nécessaire d’anticiper, au niveau acoustique, on garde un souvenir un peu délicat de 2008 au Pont du Rock avec la deuxième scène et Daniel Mark sur les 120 décibels pendant 10 minutes juste à côté. On en a ri mais ce n’était pas évident. On a découvert à Malestroit ce que c’était que les festivals d’été mais aussi que cela permettait la rencontre entre les univers musicaux.
Quelques mots pour présenter le dernier album ?
-Epitaph, album qui a commencé par son titre avant d’y mettre des morceaux dedans. On a répondu à la demande de France Culture, on a pu s’inspirer du Maître et Marguerite de Boulgakov. Le point commun entre les morceaux c’est qu’ils parlent beaucoup de la mort, de l’amitié après la mort, d’esprits qui parlent aux vivants depuis l’au-delà. La musique se place au seuil entre le monde des vivants et celui des morts mais pas forcément de manière mélancolique et morbide, un peu fantastique en fait c’est le monde des esprits. Christine Salem avec qui nous avons tourné et avec qui nous avons pu vivre la perméabilité de nos univers disait que c’était la voix de ses ancêtres qui parlaient à travers elle en quelque sorte. Clé de lecture de notre album. Souvent on écrit à plusieurs mains, ce sont plutôt des tâtonnements, souvent le sens émerge a posteriori, c’est assez rare qu’on se fixe le thème d’une chanson. Comme ça parle souvent de l’au-delà, on en a eu marre, alors, on va appeler cet album Epitaph pour se moquer de nous-mêmes.
Et vous votre épitaphe ce serait quoi ?
-Une épitaphe musicale et non verbale, il y a un signe qui représente 2 cercles entrelacés, qu’on retrouve dans certains lieux très emblématiques de passage entre le monde des vivants et l’au-delà, symbole ancestral. Si vous le cherchez il est inscrit quelque part dans l’album. On est en train de créer une énigme assez complexe, des morceaux épitaphes qui seront disséminés aux quatre coins du Monde, dans des lieux secrets et les clés pour les trouver ces lieux-là seront cachés dans notre musique et dans l’album.….
Missing Room, l’album précédent a été accueilli de façon dithirambique
-Beaucoup de retours plus positif sur Epitaph, étonnamment car le public grâce à l’ancienne maison de disque connaissait par cœur les chansons de Missing Room, alors que nous avions sorti Epitaph sous notre label indépendant. En concert, il est plus intuitivement accessible du fait des rythmiques, l’écriture plus simples peut-être…
A la fois, c’est une suite logique des premiers disques qu’on a fait ; entre temps, on a eu ce disque Fugitives qui était un disque de reprises, reconnaissance journalistique « meilleur disque » de Moriarty, C’est génial mais il n’y en a pas une à nous ! Après ça, faut qu’on retourne en studio, écrire nous-mêmes textes et musique. On les a tournés pas mal avant de les enregistrer et les retours en live ont confirmé leur enregistrement.
Stephan, album plus affirmé et plus ouvert. Missing Room album plus fermé, énergie extérieure plus forte avec Epitaph. Petits sens cachés dans les albums ; dans Missing Room, on parle aussi de l’au-delà mais il s’arrête à la porte, il y a aussi une chanson « qui n’existe pas », une chanson cachée, (Numéro 8 ajoute Rosemary). Missing Room c’était un peu comme un film noir, un destin, une fatalité. Epitaph c’est le voyage orphique, le voyage derrière mais qui au lieu d’être un voyage sombre, ressemble plus à des rites funéraires « El dia de los Muertes », quelque chose d’explosif et de très vivant…
Vous vous inspirez de Ingeborg Lanchmann, en latin, on l’appelle une Vates, une poète-prophète… et vous Moriarty, c’est quoi votre vision de Demain ?
-On n’a pas une vision très optimiste du devenir humain, collectivement, le thème de mort est lié aussi à ça mais on n’a pas envie d’être fatalistes c’est ça l’énergie qu’on a. Il ne s’agit pas tant de trouver des solutions pratiques ou concrètes mais c’est plus une manière de voir la vie et la présence humaine.
Cette vision de la mort de se dire qu’il n’y a plus rien après, que c’est dramatique… n’est pas inchangeable…on peut décider que les morts sont avec nous, en gros, c’est accepter que les choses ne sont peut-être pas ce qu’on nous a dit qu’elles étaient.
Cela fait 5 ans qu’on expérimente le fait de s’autogérer, de faire notre maison de disque de prendre en main beaucoup de choses, on fonctionne comme un micro-collectif, un peu comme les microsociétés, pas de leader, et c’est très compliqué mais c’est très important au jour le jour. Lâcher prise sur des choses ou mettre de la radicalité sur certains principes, j’apprends des autres membres du groupe. Chaque réunion pour la gestion de comment va être la pochette, combien on investit, chaque truc de ce genre… m’apprend, ça c’est important pour moi…je suis bien incapable de prophétiser mais ce qu’on a inventé avec Moriarty, depuis 20 ans mais surtout depuis ces 5 dernières années, ce qui tient à la survie du groupe, c’est ça le travail entre amis, avec des valeurs communes, plein de désaccords, mais se poser et se dire quand la musique nous fait vibrer et faire ça ensemble en lâchant prise sur nos égos. Vivre comme une microsociété, Un modèle intrigant et très intéressant à tester.
J’ai lu que vous avez créé Air Rythmo pour vous « réconcilier avec votre propre lenteur », est-ce que vous y êtes parvenus ?
-C’était bien de ne plus céder à la pression extérieure parce que l’industrie musicale vous demande de sortir un disque tous les deux ans, ça a toujours été comme ça, il y a une espèce de schéma tout tracé, très standardisé. Après avoir fait 300 dates, les morceaux avaient beaucoup évolué par la scène et du coup c’était intéressant pour nous de prendre ce rayon là pour les faire évoluer avant de les enregistrer. On s’est rendu compte que les exigences étaient mises en place plus pour rendre service à une industrie, à une certaine forme d’économie.
Il y a une deuxième économie qui se met en place, on se rend compte peut-être que si l’artiste est indépendant, il gagne un peu mieux sa vie. Puisque le disque gagne de moins en moins, est-ce que ça vaut encore le coup ? On en parle beaucoup, peut-être qu’Epitaph c’est aussi l’épitaphe du disque, c’est peut-être le dernier disque physique qui restera. Il y a aussi des artistes qui ont besoin d’une maison de disque mais à un moment c’est intéressant d’être un tout petit peu responsable et conscient de voir comment ça fonctionne et comment ça marche, des réalités.
On essaie de ramener une échelle humaine on lutte contre la standardisation par l’ordinateur, dans le son, on essaie de retrouver le goût de l’imperfection, la trace de la main d’un artisan et dans la manière de faire une maison de disque, pas de secteur marketing, tout se fait à l’instinct. Recréer nos propres règles car on ne se reconnaissait pas du tout dans le standard, on a tout refait à notre échelle, même si perte d’argent, de temps. Evolution politique assez globale, la musique est un laboratoire. Parfois on essaie d’imposer des choses qui n’ont plus lieu d’être, et c’est un moment intéressant car il y a une forme d’anarchie qui émerge, d’autres modèles se créent ou se réinventent.
Vous êtes sensibles aux lieux, qu’est-ce que vous gardez des lieux que vous traversez ?
-Ce sont des fulgurances, parfois des visions, parfois je dois y revenir… parfois c’est un moment avec le public, une heure pour visiter l’endroit, parfois des rencontres, des gens sur la route…
Malestroit, on y revient mais on ne décide pas, ce sont les programmateurs… Mais Malestroit, premier concert festival mémorable car on avait très peur, on nous disait  « mais qu’est-ce que vous faîtes sur des gros plateaux ? » C’est un challenge. A Malestroit ça a pris, le public et notre énergie sur scène, ça a pris ! La deuxième fois, on a ressenti un peu plus de chaos, c’est très subjectif… Mais Malestroit ça a fait comme une boule d’énergie la première fois, c’est quelque chose qui reste en mémoire à cause de cette intensité-là.
Delo

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