Oust à Brocéliande

Publié le 14 mars 2022

Saint-Nicolas du Tertre. Guerre d’Algérie: un hommage à Alexis Hercelin et une expo à partager

C’était son voisin. Il le voyait passer tous les jours devant sa maison à la Ville Daniel, un hameau de Saint-Nicolas du Tertre. Alexis Hercelin fait partie de ces jeunes français qui ont été envoyés faire la guerre en Algérie, ce qu’on appelait alors « une opération de maintien de l’ordre ». « Je le vois encore au café du village. Il était en uniforme et il disait qu’il ne reviendrait pas. Il n’a pas eu de chance… », explique Jacky Chagnaud. Après ce bref passage dans son village natal en novembre 1957 Alexis Hercelin repartait en Algérie rejoindre le 28è Dragon dans le secteur d’Orléansville. Et de fait, il n’est jamais revenu. Son destin a basculé tragiquement, lors d’une embuscade. Ce jour-là, le 14 avril 1958, la patrouille dans laquelle se trouve Alexis Hercelin est prise à partie par un groupe important du FLN. Alexis est enlevé avec deux autres de ses camarades… C’est à partir de là que l’on perd toute trace de ce dernier. Car si deux des trois soldats français écrivent une lettre confirmant qu’ils sont prisonniers du FLN, il n’y a absolument rien concernant Alexis…

« Disparu en Algérie ». Une plaque accroché sur le mur du Mémorial des Disparus à Perpignan. C’est tout ce qui subsiste de la mémoire d’Alexis Hercelin. Nul ne sait ce qu’il est devenu. Et ça, Jacky Chagnaud, ne peut se résoudre à cette chape de l’oubli qui efface la mémoire de son voisin… Il prend la décision d’élucider ce mystère et de retracer les derniers moments de son existence. Il décide de mener l’enquête. La maison de la famille Hercelin a été vendue, mais Jacky Chagnaud se souvient avoir vu sur un meuble, la photo du disparu encadré avec des décorations. Par chance, les nouveaux propriétaires ont conservé le cadre et le confie à Jacky Chaignaud. C’est le bout du fil de laine que ce dernier va dérouler pour lever le mystère. Deux années d’investigations qui lui permettent de retrouver le régiment auquel appartenait Alexis, des témoins de l’époque, dont -fait rarissime- 7 militaires du 28è Dragon parmi lesquels le conducteur du véhicule qui escortait la patrouille le jour de l’enlèvement. Peu à peu le puzzle se reconstitue. Le tragique destin d’Alexis sort de l’oubli… Jacky Chagnaud publie le récit de ses recherches dans un mensuel spécialisé. L’hypothèse la plus probable concernant la disparition d’Alexis Hercelin est qu’il aurait été tué le jour de l’embuscade et son corps jeté dans une faille de cette région escarpée…

Grâce à ce travail de recherche, le nom d’Alexis Hercelin est désormais cité lors des cérémonies patriotiques comme « soldat mort pour la France ». Une plaque discrète, à l’écart sur le monument aux morts, évoque son nom. Ce n’est pas à la hauteur du sacrifice consenti, estime Jean Ricaud, le président de l’association des AFN de Saint-Nicolas du Tertre qui, lui aussi a cotoyé Alexis Hercelin. Il lance la proposition de poser une pierre tombale au cimetière. L’idée emporte le soutien de la municipalité et du comité des fêtes. Les anciens combattants financent, avec l’aide du comité des fêtes, l’achat de la pierre tombale de récupération et le conseil municipal vote une subvention pour acheter la plaque commémorative. C’est cet ensemble qui sera inauguré officiellement samedi matin à l’occasion d’une cérémonie chargée d’émotion.

Pratique:

Samedi 19 mars 2022

10 h 45: inauguration de la stèle

11 h 30: vernissage de l’exposition « La Guerre d’Algérie, histoire commune, mémoires partagées » (voir encadré ci-dessous)