Publié le 6 mars 2019

Malestroit. Franck Plisson, veilleur de pluie depuis 23 ans

Discret, efficace, minutieux… A Malestroit et dans les environs Franck Plisson est une cheville ouvrière du monde associatif. On le voit sur les stades le week-end pour suivre les exploits des footballeurs locaux. C’est lui qui assure le secrétariat de l’association de pêche de Malestroit. Et il suit aussi son fils, passionné d’auto-cross…

Mais son jardin secret, son bonheur, c’est… la pluie. « Je ne sais pas trop comment ça a commencé. Peut-être parce que je faisais partie de l’association de pêche et que la météo c’est une donnée essentielle pour cette activité, mais aussi parce que j’aime bien tout ce qui touche à la nature. Et puis c’est aussi important pour mon activité professionnelle… », essaye de se remémorer Franck Plisson. Toujours est-il qu’un beau jour, il a acheté un pluviomètre « juste pour voir la quantité de pluie qu’il tombait ». Sans le savoir, il venait de contracter un virus inguérissable. « Quand on commence à s’intéresser à ça, c’est fini. On ne peut plus s’en passer », reconnait-il. C’était il y a 23 ans. Et depuis, tous les jours, Franck Plisson relève l’eau contenue dans son pluviomètre. « Même quand je pars en vacances, je me débrouille pour que quelqu’un vienne faire le relevé », avoue-t-il.

Mais Franck Plisson est aussi quelqu’un qui aime la précision, la rigueur comme en témoignent les comptes-rendus tirés au cordeau qu’il fait de ses différentes activités. Et tous ces chiffres ne pouvaient pas rester juste alignés sur la page d’un cahier. Il a ressenti le besoin de les mettre en perspective et instinctivement il a prolongé sa démarche sur l’ordinateur. Tous les jours, bien avant l’aube, il est à son bureau pour rentrer toutes les données collectées. Au fil des jours, des semaines, des mois, des années, des tableaux sont nés, accompagnés de graphiques. Et aujourd’hui, il dispose d’une banque de données d’une incroyable richesse sur la pluviométrie de Malestroit. Un véritable trésor au moment où le bouleversement climatique est dans tous les esprits. Et la confrontation entre le ressenti et la réalité des chiffres est saisissante (voir tableaux ci-dessous). Ainsi, on a eu l’impression que l’année 2018 a été particulièrement sèche. Et bien non: 2018 a été parfaitement dans la moyenne constatée depuis 23 ans. Et quand on balaye du regard ces 23 années de pluie, force est de constater qu’il ne se dégage aucune tendance particulière. La pluviométrie est globalement constante avec certes des années plus ou moins arrosées, mais pas d’évolution statistique qui montre un changement fondamental constant. Et pourtant, les jardiniers par exemple savent bien que depuis quelques années, les périodes de sécheresse leur compliquent la tache et on voit bien tous les ans, le niveau des rivières s’assécher…

« L’un n’empêche pas l’autre », estime Franck Plisson. « Je ne suis pas scientifique et je me contente d’enregistrer ce qui se produit et juste à Malestroit. Mais j’ai le sentiment d’un changement dans le rythme de la pluie et des saisons. On dirait que la pluie ne tombe pas bon moment », suppose-t-il. Ainsi, on assisterait plus à des périodes de forte humidité alternant avec des périodes de sécheresse prolongée. A la fin de l’année, la quantité d’eau est la même, mais le sol -et donc les végétaux- ne l’ont pas reçue de la même façon…

Pour alimenter cette réflexion on peut prendre l’exemple du département du Var dont la pluviométrie annuelle est similaire à celle du Morbihan. Mais les pluies y tombent de manière intense (orages…) et sur de courtes périodes. Et c’est donc au final l’impression de beau temps permanent qui s’attache à ce département. Il faudra encore beaucoup d’observations pour vérifier tout ça. Et en ce qui concerne la pluie à Malestroit, Franck Plisson s’en charge…

Chiffres clés:

-865,46 mmm, c’est la pluviométrie moyenne annuelle à Malestroit calculée sur 23 ans

-868,50 mm, c’est la pluviométrie constatée toujours à Malestroit pour l’année 2018

-72,12 mm, c’est la pluviométrie mensuelle moyenne calculée sur 23 ans

-580 mm, c’est la pluviométrie de l’année la plus sèche depuis 23 ans. C’était en… 1996!

-1199 mm, c’est la pluviomètre de l’année la plus humide depuis 23 ans. C’était en 2014

-0 mm, c’est la pluviométrie du mois le plus sec depuis 23 ans. C’était en septembre 2014

Graphique de la pluviométrie moyenne annuelle depuis 23 ans (doc Franck Plisson):