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Ploërmel. La Mennais et l’Europe: ce qu’ils en pensent…

 -dossier réalisé par Eva Dumand-

 

 

Le lycée La Mennais de Ploërmel organise depuis lundi une semaine dédiée à L’Union Européenne. À quelques jours des élections, où certains élèves doivent voter, parler de l’Europe est essentiel. C’est la première fois que le lycée organise une semaine européenne de cette ampleur. Mardi, les terminales ES (économique et social) ont participé à des tables rondes animées par des acteurs politiques locaux comme Patrick Le Diffon, Paul Molac, ou encore Maire-Hélène Herry, mais aussi des professionnels du monde industriel, et même agricole. Ils ont pu aborder leur réalité de l’Europe, qu’ils ont aussi partagée avec nous, et se mesurer l’implication des jeunes.

Mais l’Europe, ça veut dire quoi pour les jeunes? Nous sommes allés poser la question à 3 élèves de classes ES (économique et social) lors d’un atelier au cours duquel ils ont pu échanger avec des intervenants du monde agricole, politique, industriel local à qui nous avons également demandé leur ressenti sur ces échanges. 

La parole aux élèves:

Alban Lucas, 17 ans 

« L’Europe, on s’en rapproche petit à petit, je pense. En économie, on est en plein dans le chapitre. Surtout sur l’union économique et monétaire entre les pays, les démarches, mais pas forcément l’aspect qu’on a vu ce matin avec les entreprises. On a appris comment ça se passait, comment étaient distribuées les subventions, le fonctionnement. On n’avait pas trop vu cet aspect-là en cours donc c’était intéressant.
On n’a pas ce sentiment d’appartenance comme il peut exister par exemple aux États-Unis. Européen, oui, mais français avant tout. 
Il faudrait qu’on en parle plus, qu’on informe plus sur les besoins et ce qu’ils apportent parce qu’on n’en est pas conscient, notamment pour les pays moins développés comme la Roumanie. Il faudrait aussi que ce soit inscrit, plus que ça, dans le programme scolaire, dès le primaire. 

Chloé Maupome, 17 ans

 

Pour moi l’Europe, c’est surtout par rapport aux échanges. À notre niveau de lycéen, on pense souvent à tout ce qui est voyage, les Erasmus et le reste qui nous permettent d’aller à l’étranger. C’est forcément plus facile pour nous. Au niveau des entreprises, ça se complique plus parce que, nous, on ne pense pas trop à ça, mais justement aujourd’hui ça nous a permis de rencontrer des gens et de se rendre compte que l’Europe ça fait beaucoup de choses pour nous : tous les projets qui sont financés, qui aboutissent et au final, c’est dans le but de nous simplifier la vie, comme aux entreprises. Pour M. Germain (Bretagne Laser), qui a une filiale en Roumanie, ça lui permet de produire des pièces par exemple. Même si nous, on trouve ça bien parce qu’on voyage, ça va quand même plus loin que ça.
C’était bien parce qu’on nous a parlé des subventions, ce sont des choses dont on ne parle pas souvent, on ne se rend pas compte qu’il y a autant de choses qui sont financées par l’Europe. 
Les élections européennes, c’est intéressant, mais je trouve qu’on n’en parle pas assez.
 Au lycée, forcément, c’est délicat d’en parler entre nous parce que chacun a ses idées. Je ne suis pas majeure pour le moment donc je suis un peu au-dessus de tout ça, je ne vais pas pouvoir voter, je ne m’y suis pas trop intéressée, mais quand je pourrai le faire, je pense m’impliquer davantage.
Je ne me sens pas plus européenne que ça, on ne se rend pas vraiment compte de tout ce que ça fait. On ne nous en parle pas donc en soit nous, on est au niveau de la France, pour moi ça s’arrête un peu là.


Clément Tassule, 16 ans 

Le directeur de Bretagne Laser nous a expliqué en quoi l’Europe lui permettait de développer son entreprise, par exemple s’implanter dans des pays comme la Roumanie. Il a des clients dans toute l’Europe, le libre-échange ça aide au développement. Mme Herry qui est une élue, elle est plus au cœur de l’Europe, elle voit ou va l’argent en quelque sorte, et qu’est-ce que concrètement ça apporte au territoire de la Bretagne.

L’Europe, pour nous les jeunes, c’est un peu flou parce que ce n’est pas quelque chose qui nous est expliqué en profondeur. Il y a des aides qu’on vient de nous expliquer, on n’est pas conscient qu’elles existent, donc c’est assez floue et faut dire qu’il y a beaucoup de critiques autour de l’Europe. 
L’Europe, il faut la clarifier, il y a un manque de communication et de clarté sur son utilité et ses actions. 
Je me considère comme européen quand même parce que pendant nos études supérieures, et même au lycée, on a des voyages, des rencontres, des forums ça ne nous est pas étranger, mais on aimerait en savoir plus, on ne comprend pas quels sont ses enjeux et ses atouts. Avec les interventions de ce matin, on a vu autre chose : impact sur l’entreprise et pour les personnes démunis par exemple. Ça n’a pas encore trop d’importance pour nous, mais une fois dans la vie active, ça en aura. 
Voter, c’est une sacrée valeur. Voter pour l’Europe ça nous amène à nous impliquer, mais j’ai encore le temps. 


La parole aux institutionnels

 

Patrick Le Diffon, maire de Ploërmel et président du Pays de Ploërmel

 

J’ai vu des jeunes qui étaient intéressés, qui étaient curieux, mais qui véritablement n’avaient pas approché les choses sous un angle de la réalité de l’Europe. Pour eux, c’est loin, c’est abstrait et ça ne parle pas. Alors aujourd’hui, je me suis évertué à leur expliquer un mécanisme d’échanges financiers, en leur disant que nous en France, on est contributeur et on en reçoit moins, mais pour autant, c’est une nécessité, une nécessité parce qu’on se doit d’être dans une politique de cohésion, solidaire. On a la chance d’être un territoire riche, opulent, par rapport à beaucoup d’autres, et c’est justement plutôt que d’aplanir vers le bas, il faut tirer tout le monde vers le haut. Et tirer tout le monde vers le haut, c’est véritablement les accompagner, les aider. Parce que cette politique de cohésion fera en sorte que chacun puisse travailler sur son territoire, et garder ses populations, plutôt que d’avoir une grande dispersion des choses. 
Il y a encore beaucoup d’explications à avoir, parce qu’ils n’avaient pas encore abordé les choses de cette façon. Dans les redistributions, il y a un impact sur nos territoires locaux, notamment d’un point de vu environnement. L’Europe est là pour garantir un meilleur avenir, tant sur le climat que si la biodiversité et c’est certainement l’acteur incontournable d’harmonisation des pratiques. 

 

Thierry Coué, président de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) 

 

Pour les jeunes, il y a toutes sortes de questions qui se posent sur l’Europe. Après, voilà, il y a aussi des doutes, mais surtout une curiosité saine et un besoin de savoir qui se révèle. Au moins ça permet d’échanger sur qu’est-ce qu’est l’Europe, comment elle fonctionne, la réalité de tous les jours.
Ça nous protège, tous qu’on en est, agriculteurs, de marché de plus en plus instables. L’Europe, c’est ça, une protection des activités européenne et le consommateur européen aussi. Si vous ne gagnez pas votre vie, s’il y a trop de risques à investir dans l’agriculture, vous arrêtez. On sera de plus en plus dépendant d’autres continents, d’autres pays de ce point de vue-là, donc l’Europe est nécessaire.
Le point essentiel, c’est d’avoir une politique européenne qui se renforce, plus d’Europe pas moins d’Europe !

Emmanuel Germain, Hydraumatec, Ploërmel

 

Ce sont des terminales, ils sont un peu jeunes, ils se cherchent encore dans notre société, ils ont leurs idées de l’Europe, mais ça reste encore flou. Ils se posent des questions parce que certains doivent voter aux prochaines élections. 
90 % de nos produits partent à l’étranger. Ma matière première vient d’Allemagne parce qu’on ne trouve plus certains produits en France. C’est vrai, on se pose des questions, comme avec le Brexit en ce moment, j’ai des fournisseurs en Angleterre, je vois bien que ça va se compliquer. C’est leur choix, mais l’Europe aujourd’hui pour les PME, c’est quand même facilitateur d’échanges et de business. Quand on va travailler en dehors de nos frontières, -du moins dans l’espace Schengen- il n’y a pas de blocages, seulement la barrière de la langue.

 

Paul Molac, député de la 4éme circonscription du Morbihan

Je crois qu’ils s’interrogent. Ils n’ont pas de réponse toute faite. L’Europe ça leur parait assez loin et en même temps pour moi, c’est assez proche. Donc j’ai essayé de leur donner des éléments concrets, par exemple de subventions européennes que ce soit dans le domaine de la politique agricole commune parce que ça, c’est quand même très important pour nos territoires, pour le développement rural. Donc un, les aides aux exploitations agricole, deux, les aides à la cohésion du territoire, parce que ça au niveau du pays de Ploërmel, c’est très important. Ce sont des fonds européens qui transitent par la région, mais qui sont redistribués par le pays de Ploërmel. Des aides également pour les entreprises, avec la Banque européenne d’investissement. Et puis après montrer aussi, comment l’Europe défend un certain nombre de valeurs, on pense évidemment à la démocratie, mais c’est aussi par exemple la protection des données personnelles, c’est quelque chose qu’on a transféré en droit français, comment aussi l’Europe défend la diversité avec les langues régionales, et le dernier aspect, c’est pourquoi faire l’Europe ? Que représente la France aujourd’hui dans le monde entier ? 1% de la population mondiale, aujourd’hui ça devient une puissance moyenne voir très moyenne, et si les Français veulent penser au niveau mondial, ils ne pourront le faire qu’en étant européen. Nous avons des Etats qui sont des Etats continents, la chine, l’inde. Un habitant de la terre sur sept est soit chinois soit indien. On voit bien que soit nous sommes européens et nous continuons à avoir un poids sur le monde, soit nous restons tout seul, entre nous et dans ce cas-là, ce seront les autres qui viendront nous dire ce que nous avons à faire. On a beaucoup de choses à faire en Europe, il faut harmoniser les politiques sociales, et fiscales, etc. Il y a déjà des choses qui se mettent en place, il faut aller plus loin, mais je crois que vraiment faire l’Europe, c’est l’objectif politique qu’on devrait avoir aujourd’hui. 

Stéphane Jan, Bretagne Laser, Guer

En ce qui me concerne, on ne trouve plus de producteurs d’acier en France donc ça vient de pays européens, Suède Allemagne, Italie, Espagne, je passe par des traders qui font le regroupement d’achats. Ça peut venir de bien plus loin mais il faut faire attention à la traçabilité, c’est sûr ces matières premières européennes bénéficient d’une qualité irréprochable. Ma clientèle reste française, mais les clients pour qui je travaille diffusent à travers le monde, moi, je suis un preneur d’ordres et les machines sont revendues sur l’Europe ou les autres continents.
L’Europe facilite les transactions, les passages en douane. Sortir de l’Europe ça veut dire quoi ? La France restera toujours en Europe, maintenant il y a peut-être des ajustements à voir, tous les états européens ne sont pas tous égaux. Les subventions par exemple. Pour mon type d’industrie, les subventions, il n’y en a pas. Il y a toujours des appuis, des conseil. Et puis nous, les chefs d’entreprise, on cherche un marché avant les subventions, on n’est pas des mercenaires, mais il faudrait peut-être qu’on soit tous logés à la même enseigne.
On a accueilli des pays dans l’Europe qui n’était pas prêts économiquement et pour eux, c’est très compliqué d’appliquer la législation européenne, donc difficile d’uniformiser. Il aurait fallu aller un peu plus step by step (* étape par étape) pour l’intégration.