Questembert Communauté

Publié le 9 septembre 2025

Questembert. Historique : les premières vendanges du vignoble de Kerjuel

C’est un évènement historique pour Questembert où les premières vendanges du vignoble du hameau de Kerjuel se terminent. Là, sur un coteau idéalement exposé au sud, des hectares de vignes ont remplacé les champs de maïs. Signe des temps et du réchauffement climatique, cet exemple illustre l’évolution du paysage et de l’agriculture bretonne. « Quand j’étais gamin et que je venais en Bretagne, le climat n’était pas le même qu’aujourd’hui. Et c’est clair que les minis-canicules qu’on connait ces dernières années se prêtent vraiment à cultiver ce genre de production… », atteste Jean-Luc Corpart. Champenois d’origine, avec 38 ans d’expérience comme réisseur d’un vignoble de 80 hectares d’une prestigieuse maison de champagne, il a fait le choix de reprendre une exploitation agricole à Questembert au hameau de Kerjuel.

Un choix familial

Pour être exact, c’est un choix familial. Jean-Luc et Sylvie Corpart étaient installés en champagne, leur fille Lison dans le bordelais. « Cela faisait loin. Quand on a parlé de se retrouver, j’ai souhaité que ça soit en Bretagne… », reconnait la jeune femme. Le hasard de leurs recherches les a conduit dans le Morbihan et dans cette exploitation de Kerjuel. « Ce côteau était parfait par son exposition et son sous-sol de schiste avec une faible couche de terre végétale, ingrat comme l’aime la vigne… », analyse Jean-Luc, séduit à l’idée de se lancer dans cette aventure « pour transmettre son savoir à des jeunes ». Car l’objectif est bien de accompagner la reprise de l’exploitation par Lison et Frédéric Dorge son cousin. Lui, fabriquait des bateaux à Vannes. Quand il a eu vent du projet, il a tout laissé tomber pour rejoindre l’aventure et s’associer avec Lison. La reprise d’une exploitation agricole par des jeunes, c’est une opportunité que la mairie de Questembert a tenu à accompagner, d’autant plus qu’il s’agissait de créer un vignoble… D’origine champenoise, Boris Lemaire, le maire a été emballé par l’idée, lorsqu’il a rencontré les porteurs de projet lors de la réception des nouveaux habitants. Du coup la municipalité aide ses premiers vignerons à se faire connaitre.

Des vendanges avancées de 4 jours

« On est arrivé avec mon épouse Sylvie en mars 2023. On a planté un hectare de Floréal, une variété hybride adaptée au climat breton, résistante au mildiou et à l’oïdium et un hectare de chardonnay, plus sensible aux maladies, mais qu’on a réussi à maitriser avec des traitements biologiques », raconte le couple de vignerons. L’an dernier, ils ont planté deux autres hectares de Sauvignon et de Chenin. « Les deux premiers hectares entrent en production cette année et la qualité du raisin est au top. On a eu une année exceptionnelle, sans maladies. Avec la chaleur de l’été les raisins se sont gorgés de soleil, on a eu de l’eau au bon moment », ajoutent-ils. Sauf que les 83 mm tombés la dernière semaine d’août ont accéléré la maturité des fruits. « Ca a précipité les vendanges. Jeudi soir (ndlr: le 4 septembre), on a pris la décision à 20 heures de débuter les vendanges dès le lendemain. Et vendredi à 7 heures tous les vendangeurs étaient là ». Des voisins, des amis, des collègues… Jean-Luc, Sylvie, Lison et Frédéric n’ont eu aucun mal à mobiliser un groupe d’amateurs, curieux de s’initier à cette tradition de la cueillette du raisin à deux pas de chez eux.

Une opportunité pour le tourisme

Ce mardi, les vendanges se terminent dans le vignoble de Kerjuel, sous l’oeil du maire de Questembert, mais aussi de Nicolas Jean, le directeur de Rochefort-Tourisme, enthousiaste. Il imagine déjà les déclinaisons touristiques de cette nouvelle activité agricole encore peu répandue en Bretagne sous forme de visites, de dégustations… Une perspective qui plait beaucoup aux vignerons questembertois. « On a déjà la calèche, on pourrait organiser des balades dans le vignoble. Et puis, on envisage d’ouvrir une petite salle d’accueil des visiteurs… », rebondit Jean-Luc.

Mais quel sera la qualité de ce vin « made in Questembert ». Trop tôt pour le dire, mais Jean-Luc Corpart est confiant. Les premiers tests réalisés avec l’aide de professionnels sont plutôt très encourageants. Reste à attendre que le vin soit tiré. C’est prévu au printemps prochain.

Ils nous ont raconté cette belle aventure (voir notre vidéo)