
Publié le 16 juillet 2025
Questembert. L’école des filles: mémoire d’un siècle d’éducation féminine















Le 27 juin dernier, la commune a inauguré le passage de « l’école des filles », en mémoire de l’établissement qui se trouvait autrefois à l’emplacement des nouveaux logements, derrière le cinéma, rue du Chanoine Niol. Mais que sait-on vraiment de cette institution féminine qui a marqué un siècle d’histoire locale ?
Un enseignement réservé aux filles des classes populaires
À Questembert, les filles de la bourgeoisie (notaires, négociants…) étaient le plus souvent en pension à Vannes ou Rennes. Au regard des listes que nous avons pu consulter, les élèves de l’institution Sainte Thérèse étaient plutôt issues de classes populaires plus aisées (commerçants, artisans, parfois agriculteurs) habitant plutôt en ville. Plus tard, un pensionnat accueillait des élèves de Sérent, Saint-Jean-la-Poterie, Saint-Martin-sur-Oust, Berric, Elven par exemple. Avant 1963 et la mise en place d’un réseau de transports collectifs (bus), les étudiantes venaient à bicyclette. Selon les familles, certaines élèves devaient assurer la tenue de la maison en rentrant des cours et n’avaient pas le temps d’ouvrir leur cartable.
La rue voisine est celle du collège Saint-Joseph Lasalle, collège des garçons. Ces derniers n’avaient pas le droit de passer devant l’école Sainte Thérèse. Les écoles privées, tenues par des sœurs et des frères, n’étaient pas mixtes et imposaient aux élèves une discipline stricte.
Les cours ménagers : apprentissage ou assignation ?
À la lumière des luttes féministes apparues dans les décennies suivantes, les cours ménagers peuvent aujourd’hui être perçus comme limitant la femme à son rôle de maîtresse de maison. Pourtant, ils répondaient à un besoin réel de modernisation domestique dans les années 50, mais également à un besoin pour les femmes de s’adapter à une société en pleine mutation.
Avant les cours ménagers, la cuisine se faisait sur le feu. Les cuisinières à bois, moins courantes, étaient peu utilisées au quotidien car elles nécessitaient du bois sec et bien préparé. Constituée de soupes et de plats mijotés, l’alimentation sur le feu était relativement uniforme. Les choses commencèrent à changer lorsque le gaz arriva après la guerre bien qu’il restera une denrée chère.
“Les cours ménagers, ça a été extraordinaire. Elles apprenaient tout. Les savoirs anciens étaient obsolètes”, explique Bernadette Paboeuf, ancienne étudiante comme sa mère avant elle. L’enseignement de la “science de la maison” transmit l’usage du nouveau matériel, ouvrant la voie à de nouvelles recettes : poulet au four, crèmes, gâteaux… Les étudiantes apprirent l’équilibre alimentaire en totale rupture avec la transmission familiale traditionnelle. L’enseignement de la couture permit, par l’achat de coupons de tissu, une nouvelle liberté: “les femmes vont vite s’approprier ce moyen d’expression”. L’hygiène constituait également un aspect central de la formation : contrairement aux habitudes de l’époque, on apprenait à laver le linge plus souvent qu’une fois par semaine. “On va adopter les savoirs du monde moderne”. L’agriculture, le petit élevage, l’administratif sont également des matières enseignées. Les cours ménagers ont une visée pratique et même professionnalisante pour certaines élèves.
La formation pour obtenir le Brevet d’études du premier cycle ou le Brevet élémentaire (1 an après) permettait aux femmes de devenir institutrices et même parfois de continuer leurs études. L’accès à l’enseignement a permis des dynamiques d’ascension sociale. Les opportunités scolaires sont restées tributaires, surtout pour les filles, de leur classe sociale d’origine et de la volonté de leurs parents qui ne voyaient pas forcément l’intérêt de la poursuite d’études supérieures.
“Trois écoles de filles, siècle : cela vaut bien qu’on s’en souvienne, non ?” écrivait Bernadette Paboeuf dans sa synthèse.
Un lieu, trois écoles
L’école primaire supérieure


L’école sainte Thérèse connaît plusieurs fluctuations. L’école primaire supérieure se tient 3 ans après l’école primaire et permet dans les années 20 d’obtenir le Brevet élémentaire (BE), afin notamment de devenir institutrice. L’enseignement primaire, contrairement à l’enseignement secondaire, y est gratuit et le latin n’y est pas enseigné. En 1941, Jérôme Carcopino réforme l’enseignement en créant les collèges modernes. A partir de cette date, les “cours complémentaires” remplacent l’école primaire supérieure et sont enseignés à l’école des filles de Questembert.
Le collège
En 1959, la filière du collège d’enseignement général (CEG) remplace les cours complémentaires et dispense un enseignement général court de deux ans préparant au BEPC. Le CEG devient ensuite le CES (collège d’enseignement secondaire) qui établit un enseignement commun à tous les collèges en vue du baccalauréat. Avec l’arrivée de la mixité, le collège des filles de Sainte Thérèse intègre celui de Saint-Joseph Lasalle, des garçons, vers 1970.
Les Cours Ménagers

Les Cours Ménagers se distinguent de l’enseignement “collège”. Pour autant, créée dans les années 50, la formation est aussi professionnalisante car certaines travaillent ensuite comme couturières ou dans des restaurants par exemple. Centre d’Enseignement Féminin Rural (CEFR), l’établissement rejoint en 1992 l’ Institut Secondaire et Supérieur d’Agro technologie (ISSAT) et disparaît autour des années 2000.
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