Questembert Communauté

Publié le 16 mars 2025

Questembert. Lili Leignel, rescapée des camps de concentration, témoigne devant les collégiens

Les 172 élèves des 3^e des lycées Jean-Loup Chrétien de Questembert et René-Guy de Malansac, soit 223 personnes avec les invités et les professeurs, étaient réunis vendredi après-midi, dans la grande salle de l’Iris Cinéma afin d’écouter le témoignage de Lili Leignel, 93 ans, ancienne déportée, la seule survivante du Nord-Pas-de-Calais des camps de concentration. Dans son discours d’accueil, Catherine Marelle, professeur documentaliste au collège Jean-Loup Chrétien, a raconté comment elle avait découvert le témoignage bouleversant de Lili Leignel grâce à un reportage diffusé sur France 2. Quelques années plus tard, Catherine Marelle a rencontré Lili Leignel à Vannes et ce jour-là les deux femmes ont convenu que Lili Leignel viendrait à Questembert.

« Les années ont passé, et aujourd’hui, cette promesse devient réalité. Vous êtes, enfin, parmi nous, devant les collégiens de Jean-Loup Chrétien et de René-Guy Cadou. Quel honneur et quelle immense chance pour nous tous ! Madame Lili Leignel, nous vous devons mille mercis », a déclaré Catherine Marelle.

Un témoignage bouleversant

« Bonjour les enfants, je suis ravie de vous voir ! ». Lili Leignel, debout micro en main, commence ainsi son témoignage. Elle va, durant plus de deux heures, raconter les deux ans qui ont changé sa vie et celle de sa famille. Lili Leignel est née à Croix, dans le nord en 1932 d’une famille juive. La situation en France devenant dangereuse pour eux, les trois enfants sont cachés dans différentes familles de Tourcoing. Pensant que la situation s’améliore, en 1943, les enfants retrouvent les parents. Mais le 27 octobre 1943, le jour de l’anniversaire de la maman, la famille est arrêtée. Lili a 11 ans, son frère Robert 9 ans et le plus jeune, André 3 ans.

La famille est séparée, le père est envoyé à Buchenwald, la mère et les trois enfants à Ravensbrück et au début de 1945, à Bergen-Belsen. Ils y resteront jusqu’à la libération du camp le 15 avril 1945.

Lili Leignel va raconter l’horreur vécue durant cette période dans ce camp, les humiliations, les corvées…

Dans ce camp elle connaîtra Simone Veil et Anne Frank, elle apprendra quelques mots dans des langues étrangères avec les déportées des diverses nationalités présentes dans le bloc 31. Elle a même interprété les chansons apprises dans différentes langues devant les collégiens à l’Iris cinéma ! « Je n’ai connu la traduction de ces paroles que bien plus tard », avoue-t-elle.

À la libération, les trois enfants seront rapatriés en France, la maman trop malade étant restée hospitalisée au camp. Ils se retrouveront plus tard, la maman méconnaissable pesait 27 kg…Malheureusement, ils ne reverront pas leur papa, exécuté quelques jours avant la libération du camp de Buchenwald.

« J’ai eu envie de rompre le silence à un moment très précis, encore vif dans ma mémoire, raconte Lili Lignel. Un jour, j’ai entendu à la radio quelqu’un dire que les chambres à gaz n’avaient existé que pour tuer les poux. Ces mots ont été si douloureux, si pénibles à entendre que j’ai décidé, ce jour-là, de réagir. Comment pouvait-on proférer de tels mensonges ? Comment pouvait-on nier ces faits ? Ça m’a mise hors de moi ». À la fin de son témoignage tellement bouleversant, certaines collégiennes ont fini en larmes.

Les collégiens ont alors pu poser leurs questions à Lili Leignel qui leur a répondu le sourire aux lèvres. Même après ce temps de question, les jeunes sont venus lui parler, se prendre en photos avec elle et Lili Leignel…était toujours debout sur la scène.