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Ce qui vous attend en 2024

Publié le 4 janvier 2024

A suivre en 2024. EHPAD : un modèle à bout de souffle?

Rozenn Guégan, maire de Sérent et conseillère départementale

La situation des EHPAP sera l’un des défis sociétaux majeurs à surmonter en 2024 et les années suivantes. Ces établissements qui accueillent les personnes âgées connaissent d’énormes difficultés financières et semblent pris dans une spirale infernale dont on voit mal l’issue. Le problème est national, mais la Bretagne et le Morbihan y sont confrontés plus que d’autres, victimes de… leur attractivité. La population âgée y est en forte augmentation et ce phénomène devrait s’amplifier au cours des prochaines années. Le dossier des personnes âgées pèse lourd dans les finances du département du Morbihan qui en a la compétence : 130,4 M€ (+6,2 %), dont près de 102 M€ au titre de l’APA et près de 17,9 M€ affectés à l’aide sociale. Cela représente 30% des dépenses consacrées aux solidarités.

Pour Michel Pichard, le maire de Ménéac et lui-même ancien conseiller départemental, le compte n’y est pas. Il a tiré le signal d’alarme, en marge d’une réunion du Pays de Ploërmel qui s’est déroulée à la mi-octobre dans sa commune (voir notre encadré ci-dessous).

Conseillère départementale et maire de Sérent, Rozenn Guégan est confrontée au problème à double titre. En qualité de maire, elle doit gérer dans sa commune un EHPAD, confronté aux mêmes paramètres que les autres et en qualité de conseillère départementale, elle participe aux votes de l’assemblée départementale compétente dans ce domaine. A la fin du mois d’octobre 2023, elle a par ailleurs organisé une réunion cantonale sur le thème de l’aide sociale réunissant les élus et les services du Département (lire en cliquant ici).

85% des EHPAD dans le rouge

Côté EHPAD communal, elle explique que la situation financière est tendue mais sous contrôle pour l’instant. Sans illusions car elle confirme que 85% des EHPAD du Morbihan « sont dans le rouge », mais insiste sur l’effort consenti par le département pour aider ces établissements à surmonter la crise. « En septembre on a voté un budget supplémentaire de 3,2 millions d’euros pour soutenir les EHPAD en difficulté. C’est exceptionnel et cela doit leur permettre de boucler les budgets 2023 et d’assurer la trésorerie pour le début de 2024… », indique-t-elle.

« Les chiffres on leur fait dire ce qu’on veut. Si on prend 3 millions d’euros pour le Morbihan qui compte 60 établissements. Faites la division et vous verrez ce qui revient à chaque établissement… », calculait Michel Pichard lors de la réunion du Pays.

Un modèle économique à repenser

Rozenn Guégan souligne pourtant le fait que le Morbihan est l’un des départements français les plus généreux en ce qui concerne les frais de dépendance et d’hébergement « mais le département ne peut pas répondre seul à cette situation », reconnait-elle, convaincue de la nécessité de réformer le système en profondeur. Elle reprend ainsi le thème d’un atelier auquel elle a participé lors du dernier congrès des maires opportunément intitulé « EHPAD, un modèle à bout de souffle ».

Aurore Bergé, ministre des solidarités et des familles de France qui animait cet atelier définissait ce problème comme « un défi démographique indiscutable » et un énorme chantier, rapporte Rozenn Guégan. Selon la ministre, ce problème n’a pas de solution unique. Et pour Rozenn Guégan, le Morbihan s’est engagé dans cette voie de la diversification, partant du principe qu’aujourd’hui l’EHPAD ne doit plus être la seule réponse au vieillissement. Ouverture d’une centaine de places en 2024, soutien au développement de l’habitat inclusif (10 projets ont été retenus en 2023 et un nouvel appel à projet sera lancé en 2024), un effort massif en faveur du développement du maintien à domicile, création d’une plateforme de soutien aux aidants, soutien aux structures d’aide à domicile mais aussi une politique active de prévention de la perte d’autonomie pour faire reculer l’âge de la dépendance… « C’est tout un modèle économique qu’il faut repenser », conclut Rozenn Guégan. Un arsenal dans lequel devra aussi s’inscrire une augmentation sensible du prix d’hébergement.

Les tarifs d’hébergement à la hausse

C’esr d’ailleurs ce qu’a décidé le conseil départemental, lors de sa dernière session de 2023, consacrée au budget. Les tarifs d’hébergement augmentent de la façon suivante:

+ 2,1 pour les établissements et services intervenant en faveur des personnes handicapées ; la tarification dépendance des EHPAD, USLD, résidences autonomie, petites unités de vie et établissements d’hébergement pour personnes âgées ; la valeur du point GIR départemental, soit une valeur de point fixée à 8,61 € ; les services autonomie à domicile ; les centres d’information et de coordination ;les établissements et services intervenant en faveur de la protection de l’enfance ;

+6% pour la tarification hébergement des EHPAD, USLD et résidences autonomie habilités à l’aide sociale.

-73,81 € le tarif hébergement plafond en EHPAD habilité à l’aide sociale.

Pays de Ploërmel : les élus tirent le signal d’alarme

La situation des EHPAD, n’est pas du ressort du Pays de Ploërmel, mais Michel Pichard, le maire de Ménéac a mis le sujet sur la table au détour de l’examen du Plan régional de santé (PRS). « Je profite de cet instant pour parler des EHPAD et dire combien il est difficile et combien il sera de plus en plus difficile d’équilibrer nos budgets dans nos EHPAD », lance Michel Pichard qui évoque la création dans le département voisin des Côtes d’Armor d’un collectif d’élus pour mettre en avant ces difficultés. Et le maire de Ménéac de pointer du doigt une accumulation d’éléments qui mettent les finances de ces établissements dans le rouge : le Ségur de la santé qui n’est pas compensé à l’euro près par l’Etat ou bien encore la flambée des prix de l’énergie. Et il faut ajouter à ce contexte la difficulté de recruter ce qui empêche les EHPAD d’utiliser leur capacité totale et donc d’améliorer leur équilibre budgétaire. « Dans les EHPAD de Ploërmel, il y a des places, mais il n’y a pas de personnel pour pouvoir les gérer…. « , confirme Patrick Le Diffon, le maire de Ploërmel, au cours de cette même réunion.

Mais c’est l’intervention de Joël Lemazurier, le maire de Guilliers lors de cette discussion qui donne sans doute la meilleure photographie de la situation et… le vertige. « L’an passé on a eu un déficit pour la première fois de 35 000 euros. Cette année il est de 177 000 euros… », s’alarme-t-il. Il faut dire que le cas de l’EHPAD de Guilliers illustre un autre aspect du dossier qui est celui de la diversité des statuts entre les établissements privés, ceux qui relève des hôpitaux, ceux qui sont publics (gérés par les élus locaux, départementaux, le personnel, les familles) et ceux qui sont territoriaux (gérés par une direction et les membres du CCAS) comme celui de Guilliers. Pour conserver leur personnel, ces derniers sont obligés d’appliquer les conditions sociales et salariales du public, sans fatalement en avoir les moyens.

Et son cas est loin d’être isolé. « L’EHPAD Saint-Antoine est déficitaire. Les EHPAD de Ploërmel, Josselin, Malestroit sont très, très mal. C’est une catastrophe… », rebondit Jean-Michel Barreau, vice-président de Ploërmel communauté en charge de la santé.

Revivez ce débat dans notre vidéo à partir de la 55è minute.

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