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Oust à Brocéliande

Publié le 21 février 2019

Malestroit. Inondations (suite): une étude coûteuse et inutile?

 

L’étude commandée par la municipalité au bureau d’études ISL et présentée lors du dernier conseil municipal, était-elle vraiment utile? Pour Pierre Jan, le président des pêcheurs malestroyens, la réponse est claire: c’est non! « Quand je découvre un tel projet, je suis obligé de réagir. Envisager de faire un canal de décharge pour atténuer les inondations, c’est prendre les malestroyens pour des idots! », tonne le bouillant président de l’AAPMA qui ne sait par quel bout prendre l’affaire, tellement elle lui parait ubuesque. « Comme son nom l’indique, une AAPMA, c’est une association agrée de pêche et de protection des milieux aquatiques. Nous devons donc assurer la surveillance et la garde des ruisseaux, de la rivière, du canal. Sur Malestroit, cela représente 143 km de cours d’eau. On n’a pas besoin d’un canal supplémentaire », prévient Pierre Jan. Sur le plan technique, il voit mal l’intérêt d’un tel aménagement. « Nous savons bien que toute la zone de la Daufresne est la première à être remplie en cas de crue. L’eau remonte par les réseaux d’eaux pluviales qui se trouve en dessous du niveau du canal de Nantes à Brest. Ce canal de décharge serait donc le premier à être neutralisé… » explique-t-il. Quand au coût de l’étude (49 800 euros hors taxes subventionnés à hauteur de 75%), c’est selon lui de l’argent public gaspillé. « Les pouvoirs publics feraient mieux d’investir dans l’entretien des canaux, notamment pour lutter contre les plantes invasives . Ca servirait au moins à quelque chose… », s’emporte-t-il.

Une étude coûteuse et inutile? Il n’est pas le seul à le penser. C’est d’ailleurs la remarque faites, mardi soir) par Bertrand Dany, élu d’opposition à l’issue de cette présentation. Au-delà de ses préconisations techniques, l’intérêt de cette étude est évidemment amoindri par sa finalité. En effet, l’étude a été commandée à l’été 2017, alors que la compétence sur les inondations devait être prise par la communauté de communes (OBC) six mois plus tard. Mais le maire assume ce télescopage, expliquant en résumé que, l’ex-CCVOL n’ayant rien fait en ce qui concerne les inondations, il était en quelque sorte du devoir de la commune de prendre le taureau par les cornes et de faire réaliser cette étude afin de la remettre à l’OBC… D’autant qu’une autre étude réalisée par le conseil départemental dans le cadre du projet d’aménagement du pont de Malestroit était abandonnée également en raison de ce transfert de compétences (lire notre article en cliquant ici).

Mais il est probable que les élus communautaires ne vont pas enfourcher ce cheval de bataille avec le sourire. On sait que certains délégués des ex-communautés de communes de Guer et La Gacilly trouvent que le secteur de Malestroit concentre un peu trop les investissements communautaires avec notamment les dossiers de la piscine intercommunale et du Musée de la Résistance. Le sujet animera sans doute des discussions communautaires dans les prochaines semaines.

Quand au contenu et aux conclusions de la fameuse étude, rien de neuf sous le soleil, pourrait-on résumer. Tout ce qu’elle contient était déjà connu et avait déjà fait l’objet de précédentes études poussées à divers niveaux. Récemment en mai 2016, un vaste tour d’horizon avait été fait sur la question lors d’une réunion au sommet organisée à Malestroit, à l’initiative du maire, Bruno Gicquello. Ce jour-là le problème des inondations à Malestroit avait été passé au crible: pourquoi et comment se produisent-elles? quelles solutions? Tout avait été dit. Et le constat qui s’imposait était bien en un mot comme en cent qu’il n’y a pas de solutions totalement efficaces. Déjà l’hypothèse d’un canal de décharge ou de l’élargissement du lit de la rivière avaient été évoquée. Des solutions qui permettent d’accélérer le flux de l’eau et donc de permettre que l’onde de crue passe plus vite à Malestroit -c’est ce qu’aurait aussi permis la démolition du pont et de ses arches qui sont des freins au courant. Oui, mais voilà, cette solution se heurte à une réalité implacable: accélérer le courant à Malestroit, c’est accroître la crue en aval, c’est à dire augmenter l’impact pour l’usine Entremont de Missiriac, sans parler des communes se trouvant le long du fleuve. Et très clairement ce risque semble rédhibitoire. D’ailleurs l’hypothèse avait soulevé une levier de boucliers des élus concernés. Voila pourquoi la solution de réaliser un canal de décharge préconisée dans la nouvelle étude semble bien plombée d’avance. D’autant qu’elle représente un lourd investissement, et n’aurait qu’une conséquence limitée sur le niveau des inondations à Malestroit.

En mai 2016, une technicienne avait passé en revue toutes les solutions déjà envisagées. L’une d’entre elles qui pourrait réduire de façon significative la hauteur des crues à Malestroit sera de réaliser des bassins de rétention en amont de la ville. Mais le dimensionnement de ces bassins donne le vertige: selon cette technicienne, il faudrait réaliser l’équivalent de 17 lacs au Duc pour protéger Malestroit d’une crue de l’ampleur de celle de 2001. Déjà à l’époque, l’hypothèse de l’élargissement du lit de la rivière ou d’un canal de dérivation étaient évoquées. Tout cela avec des coûts exorbitants et des impact environnementaux lourds.

Si on ajoute à tout ça des contraintes budgétaires de plus en plus serrées pour les collectivités, la conclusion qui s’impose est donc bien que le problème des inondations à Malestroit est… insoluble. Et l’étude présentée mardi soir, n’a donc effectivement apporté aucune perspective nouvelle. Etait-il indispensable de la réaliser? La question reste posée.

Vous pouvez réécouter la présentation de l’étude et les débats qui l’ont accompagnées, mardi 12 février dans notre vidéo du conseil municipal en cliquant ici.

Réécoutez la synthèse des solutions présentées en mai 2016 qui avaient déjà été étudiées les années précédentes. Vous allez voir, c’est très instructif!

 

Vous pouvez aussi revivre ce conseil municipal de juillet 2017 au cours duquel la vente du camping et les inondations avaient été évoquées

4 commentaires "Malestroit. Inondations (suite): une étude coûteuse et inutile?"

  1. Mr le Maire de Malestroit explique que l’ex CCVOL n’a rien fait pour les inondations. Je pose cette question : à l’époque, la CCVOL avait-elle la compétence pour gérer ce problème ? Dans le cas contraire, encore une fois, le premier magistrat de Malestroit a « botté en touche », n’assurant en aucune façon ses responsabilités.

  2. Très bien tout ça. Laissons le Maire « se tirer une balle dans le pied » comme le dit l’expression. De toute manière, sauf son exécutif, il est déjà très isolé et n’a plus aucune crédibilité vis à vis des maires des autres communes. Il se saborde tout seul à coup de polémiques dont il est friand.

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