Publié le 23 février 2017

Monteneuf. Ils cherchent les limites du site des menhirs

Un étrange ronronnement vient rompre le silence du massif forestier de Monteneuf. Au milieu de la forêt, des jeunes gens repoussent le tapis de feuilles et d’humus à l’aide d’un souffleur. Sous la puissance du jet d’air, une masse sombre apparait. C’est une pierre. Peut-être une pierre levée, un menhir ou tout simplement l’affleurement de la roche. Il faudra encore quelques heures pour lever le mystère. Sous le regard attentif de Claire l’archéologue de l’association des Landes de Monteneuf, des étudiants en archéologie venus de Nantes et Rennes, mènent ce délicat travail d’investigation. A l’aide de petites truelles, de râteaux, de leurs mains, ils tentent de trouver les limites de leur découverte. Pour faciliter l’identification, il faut éviter toute marque sur la pierre qui risquerait de mettre les chercheurs sur une fausse piste. Car une fois mise au jour, la pierre identifiée comme ayant été travaillée par les hommes du néolithique, est passée au peigne fin. Elle est auscultée millimètre par millimètre, afin de détecter les traces des outils qui ont permis de la façonner ou le moindre détail qui permettrait de lever un peu les secrets qui entourent encore cette période de notre histoire.

Monteneuf abrite un des plus important site mégalithique du Morbihan dont l’intérêt s’est révélé un peu par hasard, à la suite d’une catastrophe écologique. En 1976, un incendie ravage la forêt. Le feu détruit toute la végétation et là, on découvre plusieurs pierres dont le maire de l’époque, féru de préhistoire comprend qu’elles ont un lien avec les trois pierres levées qui faisaient déjà la réputation du site. De nombreuses campagnes de fouilles vont enrichir l’endroit et confirmer son importance. Des centaines de mégalithes ont été découverts et ce n’est pas fini. L’an dernier une centaine ont été repérés sur 27 000 m2 et les spécialistes estiment que la parcelle de 4 hectares qui a fait l’objet de fouilles pourrait en contenir plus de 400.

Grâce aux financements du conseil départemental et de la DRAC (direction régionale de l’action culturelle) les recherches se poursuivent. Cette année, c’est une grande prospection qui est menée dont l’objectif final consiste à déterminer les limites du site. Un travail de longue haleine auquel se livrent les étudiants en archéologie présents cette semaine. Alignés, les membres du groupe arpentent méthodiquement le massif, enfonçant dans le sol tous les 10 cm une barre à mine. Soudain, un bruit sourd retentit. « Ca a sonné… », lance Claire. L’endroit est marqué. Plus tard, les étudiants reviendront le dégager pour voir ce que cache la couche d’humus. « Nous avons fait le choix de la prospection, parce que nous avons besoin de savoir quelle superficie couvre le site. C’est un travail qui permet d’éviter l’oubli pour les générations futures mais aussi qui va nous permettre de comprendre comment les blocs sont organisés les uns par rapport aux autres.. », explique l’archéologue.

Car, même si la science a fait de gros progrès, il subsiste encore de nombreuses questions sans réponse sur cette période. Pourquoi et comment des hommes ont levé des pierres un peu partout sur la planète? Quels rites respectaient-ils? Peu à peu, des éléments partiels de réponses apparaissent. « On a une idée de l’organisation architecturale du site. On voit qu’il y a un alignement Est-Ouest de blocs de formes différentes », analyse Claire. Mais il reste tellement de choses à découvrir…

Inlassablement, des générations d’archéologues devront sans doute encore gratter, dépoussiérer, fouiner en attendant une découverte majeure qui pourrait enfin apporter la clé de l’énigme des pierres levées. En attendant, leurs travaux permettront à des milliers de visiteurs de découvrir ce trésor qui se cachait depuis des millénaires sous le sol de Monteneuf.